Vétusté et corrosion… Eau et Chaleur… Enregistrer au format PDF

Comité des usagers du réseau de chaleur
Lundi 9 juillet 2018

J’ai participé le 5 juillet au comité des usagers du réseau de chaleur de Vénissieux, organisé par la métropole de Lyon [1] en mairie de Venissieux. La date n’a pas été très propice à la participation et ce sera un vrai sujet pour l’avenir, comment mieux associer les usagers à la vie du réseau ?

La présentation a permis d’informer les présents des difficultés rencontrées par la nouvelle chaudière biomasse qui a obligé le gestionnaire a utiliser du « biogaz » pour atteindre la limite des 50% d’énergie renouvelable sans laquelle le taux de TVA ne serait plus de 5,5%… Exercice délicat qui montre que les systèmes biomasse restent des outils complexes…

Mais j’ai noté dans la présentation un point discutable… concernant la grosse panne de Janvier 2017 qui a perturbé le chauffage de la résidence Max Barel pendant de trop longues journées en plein grand froid…

D’abord la présentation par la métropole évoquait 4 jours de coupure. J’ai précisé que c’était une valeur moyenne, plutôt sous-estimée d’ailleurs, car cela dépendait du bâtiment. Si la coupure n’a été que d’une journée pour certains, elle a atteint 8 jours pour d’autres… Avec pratiquement toute la SACOVIV, les services techniques de la ville et le gestionnaire du réseau, nous avons passé de longues journées sur place et nous pouvons donc en témoigner… [2]

Mais c’est la formule choisie par la métropole pour expliquer la panne qui a fait débat : « vétusté et corrosion ».. formule qui a conduit un participant à s’interroger pour le réseau secondaire de sa copropriété. « mais est-ce que tous les réseaux sont vétustes ? »

Or, c’était évidemment une question suivie avec attention par la ville quand elle en avait la compétence ! Deux premiers indicateurs de l’état du réseau sont suivis depuis toujours, le rendement de distribution et la consommation d’eau.. Pour le réseau primaire, le rendement est très bien connu. On connait précisément la quantité de chaleur fournie par la chaufferie, et de l’autre, on a la quantité d’énergie consommée par chaque abonné… Avec des rendements de distribution historiquement autour de 95%, cela veut dire qu’on ne perd que très peu de chaleur dans le réseau primaire, qui ne doit donc pas être trop « vétuste ». Une autre manière de le vérifier très précisément porte sur la consommation d’eau. En effet, l’eau tourne en boucle dans un réseau et s’il y a des pertes, il faut remettre de l’eau ce qui crée une « consommation d’eau » du réseau qui est elle aussi suivie précisément. Evidemment, les pannes qui provoquent parfois des geysers de vapeur d’eau chaude provoquent des pertes expliquées. Il y a aussi des pertes plus diffuses et qui ne se voient pas forcément, mais à la fin, on sait parfaitement combien d’eau il a fallu remettre dans le réseau, et là aussi, le suivi montre que le réseau n’est pas trop « vétuste ».

Cependant, lorsque la ville a renégocié le contrat, elle a demandé aux prestataires de prévoir une surveillance complémentaire des fuites éventuelles en mettant en place une observation thermographique, qui se fait avec des drones thermiques, pour identifier les points de faiblesse du réseau avant qu’une casse n’intervienne. Et le contrat prévoyait aussi le remplacement de portions de réseaux, notamment pour permettre le passage en basse pression, mais qui permettait aussi de rénover une partie du réseau. La première année d’exécution de cette surveillance thermographique a permis d’identifier une dizaine de points de faiblesse, auxquels le gestionnaire sera attentif dans les années à venir.

Au total donc, il semble erroné de parler d’un réseau « vétuste », en tout cas pour parler du réseau primaire. Il est vrai que la situation est plus compliquée pour les réseaux secondaires, car si on peut suivre leur consommation d’eau, il n’est pas possible d’en déterminer un rendement de distribution puisqu’on ne mesure pas la consommation par radiateur… Quelques études montrent cependant que le rendement des réseaux secondaires d’eau potable sont mauvais, voir très mauvais, ce que beaucoup d’habitants constate quand l’eau chaude est … froide pendant 30 s ou 1 min… ce qui veut dire que l’eau dans le tuyau a perdu sa chaleur…

Cela dit, c’est là que la formule « vétusté et corrosion » est remarquable, car dans le cas de la panne de Max Barel, on a appris en creusant que la cause n’était pas dans la vétusté des tuyaux du réseau secondaire de chaleur, mais dans la vétusté du … réseau d’eau potable, dont les fuites remplissaient les caniveaux de réseaux de chaleur et donc provoquaient une… corrosion externe de ces réseaux.

A vrai dire, s’il faut parler de vétusté, la métropole devrait s’interroger sur l’état de ses réseaux d’eau potable et d’assainissement. Je fais remarquer chaque année en conseil de métropole que le budget actuel de rénovation de ces réseaux permet de renouveler un élément du réseau d’eau tous les deux siècles et du réseau d’assainissement tous les siècles… Bien sûr, on critique beaucoup les dépenses publiques, mais ces dépenses publiques sont utiles et même indispensables pour notre agglomération !

Bref, entre vétusté et corrosion, il y a effectivement débat, tranché dans certains pays qui font des réseaux de chaleur aériens, ce qui facilite la surveillance des fuites et les réparations, mais évidemment prend de l’espace public et n’est pas très esthétique…

Il faut développer au maximum les outils de suivi et les moyens de rénovation des réseaux. C’est l’intérêt final des usagers, mais c’est de toute façon l’intérêt de la métropole propriétaire des installations comme de l’exploitant dont la rentabilité dépend aussi du rendement d’un réseau qu’il exploite.. à ses risques et périls …

Mais puisque la métropole évoque les deux termes, il faut aussi une réflexion sur la protection des réseaux de chaleur des sources de corrosion, dont les fuites d’eau…

[1Ce comité remplace le « conseil de transparence et de contrôle du réseau de chaleur » que la commune avait mis en place et dont le rôle avait été reconnu par le label « ecoreseau » accordé par l’association AMORCE en 2015…

[2J’ai informé les présents du bilan financier pour la SACOVIV, 320K€ de dépenses et seulement 140K€ de remboursements par les assurances..

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