Assez ! Suffit !… Enregistrer au format PDF

un texte de Claude Nougaro…
Dimanche 22 janvier 2012

en ces temps de crises et de violences où la parole est difficile, surtout pour faire le lien entre le quotidien et l’avenir, le local et le global, l’écoute de cette chanson qui projette un cri de colère et d’espoir m’a paru d’une actualité brulante…

toute la difficulté est de passer du cri du poète à celui des peuples….

Il serait temps que l’homme s’aime
Depuis qu’il sème son malheur
Il serait temps que l’homme s’aime
Il serait temps, il serait l’heure
Il serait temps que l’homme meure
Avec un matin dans le cœur
Il serait temps que l’homme pleure
Le diamant des jours meilleurs
 
Assez ! Assez !
Crient les gorilles, les cétacés
Arrêtez votre humanerie
Assez ! Assez !
Crient le désert et les glaciers,
Crient les épines hérissées,
Déclouez votre Jésus Christ
Assez !
Suffit.
 
Il serait temps que l’homme règne
Sur le grand vitrail de son front
Depuis les siècles noirs qu’il saigne
Dans les barbelés de ses fronts
Il serait temps que l’homme arrive
Sans l’ombre avec lui de la peur
Et dans sa bouche la salive
De son appétit de terreur
 
Assez ! Assez !
Crie le ruisseau dans la prairie,
Crie le granit, crie le cabri
Assez ! Assez !
Crie la petite fille en flammes
Dans son dimanche de napalm
Eteignez moi, je vous en prie
Assez !
Suffit.
 
Que l’homme s’aime, c’est peu dire
Mais c’est là mon pauvre labeur
Je le dis à vos poêles à frire
Moi le petit soldat de beurre
Que l’homme s’aime c’est ne dire
Qu’une parole rebattue
Et sur ma dérisoire lyre
Voyez, déjà, elle s’est tue…
 
Mais voici que dans le silence
S’élève encore l’immense cri
Délivrez vous de vos démences
Crie l’éléphant, crie le cri-cri,
Crient le sel, le cristal, le riz,
Crient les forêts, le colibri,
Les clématites et les pensées,
Le chien jeté dans le fossé,
La colombe cadenassée…
Entendez le ce cri immense,
Ce cri, ce rejet, cette transe
Expatriez votre souffrance
Crient les sépulcres et les nids
Assez ! Assez !
Fini.
 
Claude Nougaro, 1980

pour les plus jeunes, quand le poète parle de « la petite fille en flammes dans son dimanche de napalm », il parle de Kim Phuc, cette petite fille vietnamienne de 9 ans brulée au napalm et courant devant les soldats sur une route en 1972. Une photo qui a fait le tour du monde, sans que ce monde ne se décide à rejeter la guerre comme moyen de la politique, et surtout pas les états-unis…

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