22 mars 2015, réélection municipale de Vénissieux

Au porte à porte, échos de campagne Enregistrer au format PDF

Vendredi 13 février 2015

Les discussions dans une campagne électorale de 5 semaines sont souvent courtes… De toute façon, les Vénissians ont un avis, et ils l’ont donné en mars 2014. La grande majorité de ceux que je rencontre me le confirment, parfois avec le sourire, comme cette dame qui me dit gentiment « ne perdez pas votre temps, j’ai toujours voté UMP ». Elle prend pourtant deux exemples sur la propreté et les squatts sur lesquels il y aurait beaucoup à dire, mais je n’insiste pas. Le plus souvent, l’habitant sollicité pour soutenir Michèle Picard et son équipe n’hésite pas et signe tout de suite… ce qui fait que la discussion est là aussi courte !

Parfois cependant, l’habitant profite de la visite pour donner son avis, d’abord à propos des questions du quotidien qui le font réagir et le mette en colère. J’ai ainsi passé presqu’une heure avec un jeune couple de Croizat pour une longue discussion très concrète et très…politique.

Le premier sujet est la colère contre le fait de loger prioritairement des familles Roms, alors que tant de Vénissians attendent une demande. Sans compter qu’ils sont persuadés que le seul moyen d’obtenir un logement est… le piston, tout en dénonçant le « bétonnage » de trop de constructions dans la ville !

Ca tombe bien, comme adjoint au logement, j’ai engagé un premier effort d’explication sur la réalité des demandes et attributions de logement, annoncé dès le début,qui m’a conduit à participer au congrès des HLM pour savoir ce qui se passait ailleurs. Pour l’instant, le travail engagé est suspendu par l’annulation des élections.

D’abord sur les faits. Il y a en tout une vingtaine de familles rom qui ont bénéficié d’une attribution d’un logement par le préfet à Vénissieux, sur les 700 attributions annuelles de la ville… Ce ne sont donc pas ces familles qui empêchent d’obtenir un logement, d’autant que le plus souvent, elles sont logées dans des tours qui sont refusées par la grande majorité des demandeurs !

Car le premier problème du logement…c’est qu’il en manque ! Il y a 2000 demandes de Vénissians en attente, plus 1000 venant de l’extérieur. Ce qui veut dire que le délai d’attente moyen est de 3000/700= 4 ans au total, et pour les Vénissians de 2000/700= presque trois ans ! L’habitant que je rencontrais me disait qu’il avait attendu un peu plus d’un an… Il a donc plutôt été chanceux…

Bien sûr, beaucoup dépend des situations personnelles. Certaines personnes au dessus des seuils n’ont doit à un logement social que dans les quartiers politique de la ville, et avec un surloyer ! D’autres au contraire avec un RSA n’ont pas accès à des immeubles neufs dont les loyers leur sont trop élevés, malgré l’allocation logement… Et une demande peut porter sur un logement « rare », un F4 au dernier étage avec ascenseur par exemple… De fait, pour certains logements, il y a 2 ou 3 refus après une attribution. Chaque demandeur a le droit d’accepter ou non une proposition de logement, mais bien entendu, au bout de 3 ou 4 refus, le bailleur aura tendance à considérer que la demande n’est pas prioritaire..

Et donc, il faut construire du logement ! du logement diversifié pour répondre aux attendes des Vénissians et du logement accessible en loyer ! Tout le problème, c’est que la métropole de Lyon priorise… Lyon au détriment de la première couronne, et donc de Vénissieux. Et donc, si on construit beaucoup, il y a peu de locatif social.. Le Grand Lyon avait accepté dans le mandat précédent 200 logements sociaux neufs par an, mais il n’a été possible de n’en engager que 70 en 2014, et nous ne savons rien pour les années à venir.

L’habitant me dit cependant : oui, mais de toute façon, en attendant, seul le piston compte !

Je sais que c’est une question qui demandera du temps et un effort beaucoup plus grand de transparence, mais je lui ai réaffirmé avec force qu’au contraire, le travail de la ville depuis des années portait sur les règles d’attribution pour garantir l’équité de traitement de toutes les demandes. C’est pourquoi la ville a été une des plus engagées dans la mise en œuvre du fichier unique de la demande, qui a certes rencontré beaucoup de difficultés techniques à ses débuts, mais qui permet aujourd’hui de savoir si le critère d’ancienneté dans l’attribution des demandes est ou non respecté ! Pour ce qui concerne la SACOVIV, le règlement de la commission d’attribution est d’ailleurs en renouvellement, et il devait être présenté ce printemps au conseil d’administration… Encore un dossier qui prend du retard à cause de l’annulation. Mais l’objectif est clair. Rende plus transparent les critères et leur suivi !

A commencer par ces commissions d’attribution dont l’habitant se demande qui y participe. Je lui réponds simplement, tout en me disant qu’il faudra communiquer plus largement sur leur fonctionnement. Pour la SACOVIV, ce sont 4 représentants du conseil d’administration dont 3 élus de la ville et un d’une entreprise actionnaire, un représentant du service logement de la ville, la conseillère sociale, la responsable du pole locatif social, un représentant des locataires désigné parmi les élus locataires au CA… Pour les autres bailleurs, il y a systématiquement un représentant du service logement de la ville.

Alors, piston ou pas piston… Ce n’est pas le premier habitant qui m’interroge sur ce sujet. Et souvent, ce sont ceux qui viennent me demander d’intervenir en leur faveur ! On e dit que chez tel bailleur, il faut donner un billet au gardien, que chez tel autre, c’est telle personne au siège qu’il faut voir… Et cet habitant me dit, on avait en vue un logement mais c’est un communiste qui nous est passé devant… Je lui demande de me dire précisément quel logement, car je peux facilement vérifier si c’est un communiste, d’autant que malheureusement, il n’y en a pas tant, des communistes ! Mais sur le fonds, il sait bien que ce sont des « on dit », de vieilles rumeurs qui subsistent alors même que André Gerin a été exemplaire pendant 24 ans, et que les recrutements récents de cadres montrent que les professionnels du service public savent qu’il n’est pas utile d’être communiste pour être candidat à un emploi à Vénissieux !

Et c’est là que la discussion est devenu plus politique avec cet habitant…chauffeur routier. Car en parlant des communistes qui n’étaient plus assez nombreux dans les entreprises pour organiser comme avant la défense des travailleurs, il me raconte son histoire de chauffeur routier. D’un coté, il ne croit pas à une opposition systématique entre les ouvriers et les patrons [1], mais il a été choqué par un de ses anciens patrons a qui il demandait la reconnaissance de la dureté de son travail et de ses efforts dans des conditions dures, au milieu de produits chimiques dangereux… Et son patron le traitant avec mépris…

Je lui dis alors que c’est bien le cœur du problème, l’exploitation d’hommes par d’autres hommes qui fait qu’un patron, quelque soit sa personnalité, est contraint par la logique du système à presser le travail pour en tirer toujours plus, car sinon,c’est lui en tant que patron qui se fera bouffer par un autre…

On parlera aussi des squatts de Croizat, de l’incivilité autour du centre commercial Croizat, des incendies de voitures…et de son sentiment que la police ne fait rien alors que tout le monde voit tout… sujet sur lequel Michèle Picard répond longuement et avec précision notamment dans les conseils de quartier, et la discussion a été trop longue pour toute la raconter…

Et c’est à propos d’aménagements de voiries route de Corbas qu’il considère inutiles, qu’on abordera la question politique la plus importante en fait, celle de l’unité du monde du travail et du peuple. Car les aménagements route de Corbas et du BUE lui semblent inutilement contraignants pour les chauffeurs routiers ! Sauf qu’ils ont été des demandes parfois très affirmées des riverains !

Les maires de Vénissieux ont toujours critiqué la lenteur de réalisation du BUE qui fait qu’on ne comprend pas pourquoi il est réalisé ainsi, avec de hauts trottoirs, une piste cyclable qui ne débouche sur rien… Mais ce BUE est indispensable pour desservir les zones d’activité de l’Est Lyonnais en libérant la circulation des quartiers. Et il faut savoir que la plupart des maisons de ces quartiers ont été construites avant l’arrivée de ces zones industrielles ! L’état aurait pu décider d’exproprier à l’époque, mais la réalité aujourd’hui est de faire vivre ensemble des quartiers de maisons et une activité économique dont nous avons besoin.

C’est bien là l’enjeu d’une ville dirigée par un maire communiste, avec une équipe qui dit la vérité à tous les habitants pour les aider à construire ensemble leur citoyenneté de travailleur comme d’habitant, d’usager des écoles comme de contribuable, de jeunes comme de retraités.

Comment ne pas monter les uns contre les autres ? Comment ne pas opposer l’intérêt économique et le cadre de vie ? comment trouver l’équilibre entre construction et aménagement ? Comment combattre les peur et les haines que certains attisent autour des religions ?

La discussion n’a pas eu de conclusion, mais je me suis promis de revenir voir cet habitant si représentatif du défi de notre ville. Car ce sont des questions difficiles, et qui ne supportent pas les slogans simplistes de Mr Girard. Car cet habitant me dit « en fait, on ne le connait pas. Est-il vraiment de droite ? Pourquoi ne pas l’essayer ? » Comme si une élection était un casting pour un match de foot. Tiens,on va le mettre en numéro 9 sur ce match pour voir ce qu’il fait…

Mais une élection municipale, c’est une équipe de 35 à 40 élus pour 6 ans, qui vont faire progresser ou pas la ville sur ces questions décisives. Et Mr Girard peut toujours dire qu’il n’est pas de droite, il peut toujours se cacher derrière la critique de la ville, la réalité est qu’il participait au groupe UMP du Grand Lyon, celui dirigé par le maire d’Oullins, qui veut faire de sa ville le 10e arrondissement de Lyon et se félicite que l’arrivée du métro fasse exploser le prix de l’immobilier au bénéfice…des propriétaires !

Car si la politique conduite par Michèle Picard n’est pas une politique « communiste » (il faudrait pour cela que les communistes pèsent fortement sur le gouvernement comme à la libération pour la création de la SECU ou d’EDF), c’est une politique qui « tient le cap à gauche », celui de la solidarité et des services publics, celui du dialogue avec les habitants sous toutes ses formes, conseils de quartiers, visites de terrains, conseil municipal d’enfants, conseil citoyen et commissions extra-municipales, maison des associations…

Et ce que fait la droite quand elle prend une ville, après avoir fait comme si elle n’était pas de droite, c’est de brutalement casser ces solidarités et ces outils de dialogue citoyen, en utilisant parfois le pire, les voyous et les communautarismes pour faire céder ceux qui résistent. Il suffit de voir la situation désastreuse de la ville de Bobigny que révèle un journal titrant « la ville confiée a des petits caids… ».

Mais les Vénissians ont un avantage, ils ne se sont pas fait surprendre en mars 2014 par la vague de droite qui a emporté tant de villes, et ils savent que la question est bien de tenir ou pas « le cap à gauche », autrement dit de continuer à se serrer les coudes malgré l’austérité et la crise, pour garder une ville utile au plus grand nombre, une ville pour vivre ensemble.

[1les communistes disent, une opposition « de classe »

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