Semaine du développement durable

Comment agir utilement pour la qualité de l’air ? Enregistrer au format PDF

Lundi 4 juin 2018

Le forum du conseil citoyen du développement humain durable a été très riche avec tout d’abord la présentation des lycéens de Marcel Sembat puis des jeunes de l’équipement polyvalent jeunes Charréard qui sont venus chacun présenter leur travail sur le développement durable… de nombreuses actions conduites au lycée avec notamment la fabrication d’un « presse-canettes ».. On apprenait à cette occasion qu’il y aurait 80 milliards de canettes produites chaque année sur terre… Et l’EPJ Charréard nous montrait des affiches très fortes sur des enjeux du développement durable..

Une mention spéciale pour les jeunes du lycée Sembat qui sont restés toute la soirée et ont participé avec pertinence au débat sur la qualité de l’air, qui était le thème principal.

J’ai brièvement introduit le sujet et les deux intervenants avant une discussion qui a été très riche

Introduction à la discussion…

Je suis très content de ce forum sur un sujet d’actualité. Vous savez que la France, comme l’Allemagne, l’Angleterre ou l’Italie… vient d’être traduite devant la cour de justice européenne pour non respect des normes de qualité de l’air.

Pourtant la qualité de l’air s’améliore depuis plusieurs décennies… ! Alors, que faire de plus ? Interdire les véhicules les plus polluants ? c’est socialement injuste… Accélérer la mutation du parc automobile ? C’est économiquement difficile… Et quelle part du chauffage et de l’industrie ?

Ce sont les questions au cœur du plan oxygène de la métropole de Lyon, qui va vous être présenté tout l’heure par Mr Pierre-Jean Arpin, responsable du service écologie et développement durable de la Métropole de lyon.

Mais je sais que quand on voit le panache de fumée noire plusieurs fois par an sur la cheminée de la raffinerie de Feyzin, on se demande combien de kilomètres de voitures polluantes ca représente. Sauf qu’il faut toujours se méfier d’une image, surtout quand elle est chargée d’émotion…. Comme vous le savez, on peut regarder longtemps le soleil tourner autour de la terre avant de comprendre que c’est la terre qui tourne autour du soleil, il ne faut donc pas s’arrêter à des images, au « choc des photos » comme le font trop de médias, Il faut un vrai débat public et c’est ce que nous voulons proposer ce soir.

Car ces questions ont besoin d’un énorme effort de connaissance citoyenne des réalités et des enjeux de la qualité de l’air. Personne ne peut nier la réalité de l’impact sanitaire de la pollution, et nous avons Mr Julien CARRETIER, docteur en Santé Publique du centre Léon Bérard responsable Information des Publics, qui introduira l’enjeu de la qualité de l’air pour la santé publique. Il nous aidera à mieux comprendre pourquoi la pollution de l’air est un vrai enjeu sanitaire alors même que la qualité de l’air ne cesse de s’améliorer depuis plusieurs décennies. Il nous montrera aussi pourquoi la pollution de l’air est un vrai enjeu sanitaire parmi de nombreux autres facteurs dont le tabagisme, l’alcoolisme, les modes de vies…

Je lui passe la parole et j’interviendrais certainement dans la discussion !

Question à Mrs Carretier et Arpin

Je fais toujours attention aux messages un peu catastrophiques qui ont parfois des effets contradictoires. Quand on parle de 48000 morts prématurés par ans, certains se disent, mais c’est encore plus grave que les accidents de la route ! Or c’est totalement faux, car ces morts prématurés ne sont pas morts subitement à cause de la pollution comme pour un accident. Ce chiffre est le résultat d’une étude statistique sur l’espérance de vie et ces 48 000 sont morts avant ce que l’espérance de vie moyenne leur donnait. Ils ont "perdu" des mois d’espérances de vie. Mais on pourrait dire qu’ils en ont gagné moins que s’ils vivaient dans une zone sans sans aucune pollution de l’air… Et si on fait ce calcul en comparant la situation Lyonnaise non pas avec une situation sans aucune pollution de l’air, mais avec une zone respectant la réglementation de l’OMS, alors ce ne sont plus 48 000 décès prématurés de 9 mois mais 17 000 décès prématurés de 3 mois… Comment communiquer sur un tel sujet en faisant appel à l’intelligence et pas aux peurs ?

Mr Carretier répondra qu’effectivement la formule "48000 morts prématurés" a un intérêt médiatique parcequ’elle se retient facilement, mais qu’il ne faut pas les comparer aux morts de la route… Il confirmera que si la pollution de l’air a un impact sanitaire, il y a bien sûr d’autres choses qui ont parfois un impact sanitaire encore plus important, le tabagisme, les modes de vie ou les conditions de travail qui font que les ouvriers ont une espérance de vie beaucoup plus faible…

Mr Arpin propose lui une formule inverse qui fait plus appel à l’espoir d’une amélioration qu’à la peur du pire… « Sans pollution, on gagnerait 6 mois d’espérances de vie »… Il me semble que c’est la bonne solution, et ce qui permet de ne pas l’opposer aux autres actions de santé publique, de ne pas entrer dans un débat « qu’est-ce qui est le plus urgent, le tabagisme ou la qualité de l’air », mais d’agir sur toutes les questions de santé publique qui contribuent à améliorer l’espérance de vie en bonne santé…

Compléments…

  • L’espérance de vie en France a baissé en 2015, non pas à cause de la pollution, mais d’une plus faible vaccination des personnes âgées contre la grippe, de la canicule de Juillet et d’un épisode de froid… Autrement dit, l’accompagnement des personnes âgées contre la précarité énergétique, pour une médecine préventive, contre l’isolement, aurait un effet plus important sur la surmortalité des personnes âgées que la baisse de la pollution, cette année-là…

Nous respirons un air de bien meilleure qualité que ce que nous respirions il y a quelques décennies, et il s’agit donc de continuer à observer, prioriser et agir pour la réduction des émissions. Les priorités sont clairement aujourd’hui le chauffage bois individuel, et le plan oxygène contient une aide au remplacement des vieux poeles à bois… et le remplacement rapide des vieux véhicules ce qui est vrai un enjeu national.

Il faut aussi poursuivre les recherches et donc le soutien à ATMO pour améliorer notre connaissance des phénomènes, comme par exemple les émissions dues aux frottements (pneus, freins…), ou encore les circulations des polluants dans l’agglomération, jusqu’au niveau de la rue ou de premières études montrent que le niveau de polluants peut être très différent d’un coté à l’autre selon les circulations d’air.

La ville de Vénissieux s’est porté candidate pour participer à une expérience de « mini capteurs » citoyens de la qualité de l’air. L’idée venue de Stutgartt avait été proposée par un délégué de quartier qui avait bien raison puisqu’elle est reprise par la métropole de Lyon et Atmo rhone-Alpes… J’espère que nous pourrons bientôt lancer un appel à participation citoyenne. Des habitants installeraient un capteur de l’air chez eux, connecté à un réseau relié à ATMO…

La zone de faible émission

La fin de la présentation de Pierre-Jean Arpin portait sur la zone de faible émission, qui va interdire de franchir le périphérique pour tous les véhicules utilitaires qui n’ont pas une étiquette Critair inférieure à 3…. Cela concernerait 40 000 Véhicules utilitaires de l’agglomération.

La discussion a évoqué deux aspects contradictoires. - pourquoi ne protéger que Lyon Villeurbanne et pas la première couronne ? Georges Bottex proposant d’étendre la zone de 500 mètres autour du périphérique, distance d’impact de la pollution d’oxyde d’azote liée aux véhicules ? Mr Arpin rappellera que l’interdiction d’accès à Lyon Villeurbanne va conduire les propriétaires à changer leur véhicule ce qui sera bénéfique même quand ils roulent en dehors du périphérique, donc tout le monde en profitera

- Comment tenir compte de l’inéquité d’une mesure qui va frapper durement les petits artisans, forains et commerçants ?

Mr Arpin précisera que les véhicules spécifiques des forains (bouchers…) comme des chantiers (grutiers..) ne sont pas concernés, et que ce plan a été discuté avec les organisations professionnelles… J’ai demandé combien il y avait d’artisans/commercants sur les 40 000 véhicules car je sais que des entreprises de livraison ont déja prévue de louer de nouveaux véhicules… La métropole a une politique publique d’aide au remplacement des vieux foyers bois trop polluants, pourquoi ne pas avoir une politique publique d’aide au changement de vieux véhicules pour les artisans/commercants à petit chiffre d’affaire ?

Cette présentation était le lancement de la discussion, la ville de Vénissieux devant prendre position dans le débat public avant la délibération de la métropole. A chacun de donner son avis !

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