Le tri, on s’y met tous !

Des messagers du tri dans la ville Enregistrer au format PDF

Intervention dans la formation des messagers
Mercredi 27 octobre 2010 — Dernier ajout samedi 30 octobre 2010

En répondant positivement à la proposition de la communauté urbaine d’une action forte sur la collecte sélective, la ville ne fait que confirmer son choix de faire du quotidien, du cadre de vie ensemble, une de ses priorités politiques. C’est ce que j’ai voulu expliquer aux messagers du tri dont la formation commençait ce mercredi 27 Octobre…

Nous avons tous entendu parler dans les médias de la nécessité de trier nos déchets. Souvent, les premiers arguments concernent la planète, que la terre est malade, avec des chiffres impressionnant sur l’impact de l’homme sur la nature. Des campagnes de communication fortes sont faites comme celle qui nous dit « ca déborde » et qui nous montre un géant représentant les 390kg de déchets que chacun produit en moyenne…

J’ai un autre exemple qui m’a frappé personnellement, c’est la découverte au milieu du pacifique et au milieu de l’atlantique de véritables mers de sacs plastiques qui ont été formées par les courants marins et les vents en faisant converger tout ce qui flotte et qui ne se dégrade pas, principalement des plastiques. On compte ainsi près de 600 000 plastiques par km2… presque un tous les mètres…

Mais il faut aussi dire que si on interroge le maire de Vénissieux sur ses urgences, elle nous parlera certainement de la grande pauvreté et de son action contre les expulsions, des fermetures d’usines et de son soutien aux grévistes de St-Jean Industrie ou de la raffinerie, des violences faites aux femmes et du service de logement d’urgence pour femmes battues, du chômage des jeunes et de la bataille pour les lycées Vénissians et la diversité des formations professionnelles accessibles aux jeunes de la ville…

Et vous même, vous connaissez cette ville, la deuxième ville la plus pauvre du département, et vous pouvez vous demander : est-ce que ca valait le coup de se lancer dans une grande action sur le tri sélectif, alors qu’il y a tant d’urgences sociales ?

Je pense que c’est important de vous dire pourquoi, justement, nous avons répondu sans hésiter oui à cette action. Parce que c’est aussi une question que vous pourrez rencontrer en parlant aux habitants de Vénissieux, et que le sens de votre présence pendant un mois dans la ville, ce n’est pas de « propager » un discours général pour la planète, mais bien d’impulser un mouvement à Vénissieux pour multiplier les initiatives individuelles et collectives pour plus et mieux trier, ce qui nécessite de s’intéresser à notre cadre de vie quotidien.

Pour être direct, notre réponse est donc simple. C’est justement parce que les Vénissians font face à de grandes difficultés sociales qu’ils ont besoin encore plus qu’ailleurs de solidarité, de vivre ensemble. Et vivre ensemble, ca commence par le respect de tous, par le quotidien, et notamment par la propreté. Si on ne respecte pas son allée, son immeuble, sa rue, on ne respecte pas son voisin… et c’est l’individualisme qui domine, le chacun pour soi.. et alors, tant pis pour les plus faibles, et tant pis pour la planète..

Et il y a beaucoup à faire puisque nous savons que nous sommes parmi les plus mauvais en terme de quantité et de qualité de tri. Par contre, on sait aussi que dans certains bâtiments, on ne fait plus du tout de tri, alors que dans d’autres, quand le bailleur et l’amicale de locataire avec le Grand Lyon se sont mobilisés, on a pu obtenir de très bons résultats.

Donc quand certains me disent "dans les quartiers difficiles, ce n’est pas la peine de mettre du tri sélectif, j’ai envie de me mettre en colère, car je crois au contraire que nos quartiers populaires ont droit au meilleur du service public, au meilleur de ce que les techniques et les compétences humaines permettent de faire. Et je remercie dont sincèrement la communauté urbaine de nous avoir proposé cette action expérimentale.

Vous pouvez nous permettre de changer de rythme, de mobiliser plus de Vénissians qui connaitront mieux ce sujet, qui pourront s’investir avec des associations de locataires, les conseils de quartier pour travailler avec la ville, la communauté et les bailleurs pour améliorer l’organisation de la collecte sélective… en commençant par ce qui se passe dans l’appartement, avec les habitudes de chacun, en continuant par l’allée, les locaux poubelles et le travail du gardien, et en allant avec le service de la collecte jusqu’au centre de tri et sa capacité à récupérer le maximum de déchets recyclables.

En rencontrant les Vénissians, vous allez certainement être questionné sur de nombreux sujets qui font débattre à Vénissieux.

  • Comment supprimer les sacs plastiques dans les arbres des Minguettes après le marché ?
  • A quoi ca sert de trier dans une tour de 80 logements alors que de toute façon, il y aura toujours quelques récalcitrants qui vont « pourrir » les poubelles vertes ?
  • A quoi ca sert de trier puisque de toute façon, les bacs verts ne sont pas sortis ou sont collectés le vendredi avec les autres ?

Ces 3 jours de formations vous donneront des arguments, des explications. J’en connais un qui vous sera certainement détaillé, mais qui résume l’enjeu. Dans nos poubelles, on trouve 32% de déchets organiques, 21% de papier cartons, 12% de verres, 3% de métaux et 19% seulement du reste. C’est à dire que 80% du contenu de nos poubelles est récupérable !

Pour vous aider, la ville va communiquer auprès des habitants, et notamment des délégués de quartier dont plusieurs attendent votre passage. Certains voudront discuter avec vous, vous accompagner dans leur allée parce qu’ils la connaissent bien… Je pense que ça peut être une aide et un renfort pour vous, même si ce ne sera pas facile à organiser…

C’est bien sûr une action importante pour la ville, une expérience dont la communauté urbaine et Ecoemballage espère tirer des leçons pour la reproduire ailleurs. J’espère aussi qu’elle sera utile pour vous, que ce sera une expérience professionnelle qui vous aidera dans un vrai parcours vers l’emploi. Il faudrait mettre beaucoup plus d’argent public pour créer des emplois au service de la vie quotidienne dans nos quartiers, de vrais emplois qui peuvent être qualifiés tant il y a à faire pour une ville plus humaine.

Mais bien sûr, tant qu’on répète qu’il faut réduire les dépenses publiques, comme si elles étaient sales ou inutiles, alors qu’on voit bruler tant de milliards dans les crises et les banques, il est difficile de créer des emplois autant pour les bailleurs que pour les collectivités… Mais là aussi, cette action forte pendant un mois peut faire bouger des choses, et avec Bayrem Braiki, l’adjoint à l’insertion et la jeunesse, on fera le point avec les structures d’insertion avant la fin Novembre.

Bon courage donc. J’essaierai de vous accompagner de temps en temps, et dès samedi matin pour la première tournée dans le centre.

finalement, je n’ai pas pu les rencontrer pour leur première visite samedi 30, ce n’est que partie remise pour un matin de la semaine prochaine…

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