Forum du conseil citoyen du développement humain durable

Gaspillage, le symptôme d’une société qui ne tourne pas rond… Enregistrer au format PDF

Mercredi 19 avril 2017 — Dernier ajout jeudi 13 avril 2017

Bonjour à tous et merci à nos invités, de la métropole, de Carrefour et de l’association Recup et Gamelle, qui vont chacun nous présenter des éléments utiles sur le sujet de ce soir, le gaspillage alimentaire. Je remercie notamment Emeline Beaume, conseillère déléguée à la prévention des déchets à la métropole de Lyon, car ce n’est pas souvent que nous avons un membre de l’exécutif de la métropole…

Un mot pour redire que ce forum s’inscrit dans l’agenda 21 de la ville, qui avait été mis en place en 2009 dans une démarche participative qui est devenue le conseil citoyen du développement humain durable, que nous avons réorganisé en 2014 avec le conseil composé de membres réguliers et des soirées comme celles-ci, dénommées forum car elles sont ouvertes à tous.

Quand les services m’ont proposé le thème de la lutte contre le gaspillage alimentaire, j’ai eu un instant d’hésitation, car cela me parait un exercice difficile. D’un coté, nous entendons tous parler du gaspillage, il y a quelques années avec des tonnes d’invendus des agriculteurs qui étaient parfois brulés, ou qui produisaient d’énormes stocks gérés par l’union européenne, mais aussi tout ce qui peut être jeté par les distributeurs, ou aussi par les consommateurs, dont tout ce que nous trouvons jetés dans les espaces publics. Mais on sait tous aussi à quel point il y a des inégalités d’accès à la consommation, que des millions de familles ne mangent que grâce aux restos du cœur, au secours populaire, ou à tant d’associations locales de solidarité… associations qui d’ailleurs bénéficient du programme d’aide alimentaire européen, qui réutilisait les stocks d’invendus, et qui a failli disparaitre en 2014 car il n’y a plus ces surplus.

Bref, c’est un sujet qui méritait un moment de débat…

L’association Recup et Gammelle avait une exposition très intéressante ce matin au marché avec entre autres une affichette qui popularise un slogan « MIAM ».. MIAM ca veut dire, M pour mesurer vos quantités, I comme inspecter les placards, et A comme accomoder les restes et enfin M pour manger tout…

Ce slogan est une bonne base de départ de la discussion…

Car en fait, nos grand-mères nous disaient bien « finis ton assiette » et savaient parfaitement accommoder les restes, et dans ma famille comme je crois dans beaucoup se transmettent des recettes comme le pain perdu, ou les compotes de vieux fruits… Mais elles avaient souvent tendance à en faire trop… Dans beaucoup de familles populaires, la tradition, c’est qu’on en fait toujours plus au cas ou arrive un parent ou un ami, voire même pour donner comme ma voisine qui faisait chaque année une soupe traditionnelle, la mloukia, et en distribuait à ses voisins .. A vrai dire, donc, le premier M pour mesurer les quantités, ce n’est pas si simple…

Cette dimension culturelle est très importante dans une société qui est marquée d’un coté par la consommation sous pression publicitaire, et de l’autre par l’injonction à être svelte et sportif et donc à avoir une alimentation saine et légère… dans un contexte donc d’inégalités croissantes, avec des familles qui ne mangent jamais de viandes car elles n’en ont pas les moyens, des enfants dont le seul repas équilibré est celui de la cantine scolaire à midi…

Il y a quelques années, la métropole de Lyon avait fait une étude sur le contenu de nos poubelles, on appelle ça le modecom, et les résultats avaient montré les grands écarts qui existent entre quartiers, révélateurs des écarts de consommation, qui n’étonnent personne quand on connait la répartition des revenus dans la métropole…Je vous ai préparé une carte qui colorie les quartiers de la métropole selon le revenu moyen disponible par personne…

Et on sait que cette situation s’aggrave. Depuis 2008, ce revenu disponible par personne a augmenté de 1 point en France, et baissé de 1 point dans les quartiers prioritaires…

Dans ce contexte, personne ne peut accepter que des tonnes de produits alimentaires soient détruites et c’est pourquoi par exemple le secours populaire défend la loi de 2016 qui oblige les distributeurs à donner aux associations caritatives leurs invendus consommables.

C’est d’ailleurs un sujet dont sans doute nous parlera Carrefour, car je sais que des filières spéciales s’organisent pour des aliments approchant de leur date limite de consommation, et que bien évidemment, un distributeur n’a aucun intérêt à jeter des marchandises… mais il nous donnera son avis.

Mais ce n’est vraiment pas un sujet simple, car tant mieux si on peut organiser la solidarité avec les invendus, mais il ne faudrait pas qu’on organise ainsi une distribution inégalitaire, avec des produits frais pour ceux qui peuvent payer et des produits aux limites pour les pauvres. Sinon, on peut se demander jusqu’où ça peut aller… On connait des scandales ou des affairistes replacent des produits périmés dans des filières de seconde main, et qui ne sont pas regardants sur la qualité des circuits de froid. Les grandes associations de solidarité demandent d’ailleurs que ce soit des associations agréées qui récupèrent les invendus dans la distribution.

La question se pose aussi dans nos marchés forains, avec les invendus en fin de marché et ce qu’on appelle les glaneurs, dans lesquels on trouve un peu de tout… des très pauvres qui viennent chercher de quoi manger, des très pauvres ou pas pauvres qui viennent chercher de quoi alimenter un marché parallèle, des motivés qui sont plutôt dans une démarche contre le gaspillage… Et les expériences d’installations de lieu pour les glanneurs ne sont pas toutes réussies… une élue de Bron m’en parlait lundi au conseil de métropole…

Je vais laisser la place aux interventions de nos invités et au débat, mais je voulais donner ces quelques éléments car, pour moi, ce ne sont pas les déchets en eux-mêmes qui posent problème. Dans un jardin, si vous n’avez pas tout récolté, ce n’est pas très grave ! D’ailleurs, qu’est ce c’est qu’une surproduction ? Est-ce que la nature parfois luxuriante surproduit ? Non, on ne parle de surproduction que de produits marchands, et quand on fait son jardin, si on a une très grosse collecte, on en donne ! La surproduction intervient avec les enjeux de financement, de subvention, de prêts… En quelque-sorte, le gaspillage est le symptôme d’une société qui ne fonctionne pas pour répondre le plus efficacement possible aux besoins des habitants, mais pour générer des profits, d’une société qui a l’habitude des crises.. depuis les crises de surproduction jusqu’aux famines, et vous savez que les associations alertent sur une famine encours en Afrique de l’Est. Une économie qui détruit des surproductions pendant qu’on meurt de faim, le monde marche vraiment à l’envers…

Et au fonds, c’est le modèle d’une société de consommation qui comme le dit le chanteur nous fait croire que le bonheur c’est d’avoir de l’avoir plein nos armoires… et il me semble qu’une ville comme Vénissieux, c’est une ville où beaucoup de familles veulent vivre simplement dignement, et que si on écoutait un peu plus les ouvriers et les employés dans notre pays, on ferait moins de gaspillage, et ce n’est pas vrai que pour le gaspillage alimentaire.

Je passe la parole à nos intervenants qui vont rentrer dans le concret

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