L’efficacité énergétique dans les collectivités Enregistrer au format PDF

Ateliers Techniques de l’ALE
Mardi 24 mars 2009

L’agence locale de l’énergie (ALE) de l’agglomération Lyonnaise organise régulièrement des ateliers techniques pour débattre entre élus, fonctionnaires, techniciens, experts, offreurs des nombreuses questions de l’énergie.

Ce 24 Mars 2009, j’étais invité pour conclure une rencontre sur la gestion de l’énergie du patrimoine bâti des collectivités.

Après des présentations parfois assez techniques, ou basés sur de fortes expériences, mon intervention a plutôt été celle d’un élu à la recherche des bonnes pratiques et confrontés à de nombreuses questions…

Je remercie la présidente de l’ALE de m’avoir invité, mais je ne ferais bien entendu pas de conclusions. Nouvel adjoint à l’environnement, au cadre de vie, au développement durable et aux énergies de Vénissieux, j’ai encore appris ce jour de nombreux sigles divers que je tente de retenir…

Cette délégation, au delà des compétences classiques du cadre de vie, traduit une volonté municipale affirmée de s’engager dans les défis écologiques d’une ville, et nous avons pour cela créé un conseil citoyen du développement humain durable, qui est l’outil de rencontre des motivations, compétences et énergies des habitants, des institutions et des partenaires.

de premières expériences à Vénissieux

Mon intervention sera donc plutôt pragmatique que prospective. J’ai en effet découvert avec ma fonction d’adjoint de nombreux dossiers qui ne sont pas toujours aussi simple que les annonces peuvent le faire croire.

  • Nous avons lancé un Audit Énergétique Global dès 2001, mais l’action a mis du temps à s’organiser, et le prestataire ayant déposé le bilan, nous avons du recommencer la procédure !
  • Nous avions lancé la construction d’une chaudière bois qui devait représenter 38% de la production de chaleur de notre réseau desservant 13000 appartements, mais la production qui n’était la première année pleine en 2006 que d’un tiers de l’objectif a constamment diminué, et nous sommes aujourd’hui devant la nécessité d’une reconstruction dans un contexte de recherche juridique des responsabilités, qui bien entendu, laisse la ville seule pour défendre les intérêts des habitants…

Je ne vous ferai pas de révélation sur la chaufferie, mais nous cherchons évidemment comment lancer au plus tôt la reconstruction, et nous avons relancé l’AEG avec le Sigerly. La première tranche entamée en septembre va donner ses premiers résultats prochainement, la deuxième tranche étant déja entamée.

Ces deux exemples montrent qu’il y a parfois loin des effets d’annonce aux conditions concrètes de réalisation.

Vénissieux a fait cependant beaucoup ces dernières années, avec plusieurs tours d’habitation équipées en photovoltaïque, deux équipements municipaux, la maison des associations et la gymnase Anquetil en cours, des projets HQE pour un nouveau groupe scolaire, de nouvelles constructions notamment d’une zone économique et d’autres projets privés dans de grandes copropriétés.

Car bien sûr, nous avons une volonté politique affirmée de chercher l’efficacité énergétique. Cela dit, la volonté politique est difficile à traduire en priorités concrètes. Car si je ne connais aucun élu qui dise « gaspillons, gaspillons, gaspillons », il est difficile, devant l’immensité des problèmes à décider de projets réalisables compte tenu de nos moyens, et suffisamment efficace en résultats pour être réellement une priorité.

Avec cette volonté politique, il faut des outils, et je crois beaucoup de ce point de vue à la mutualisation des expériences entre collectivités, car si on trouve facilement des experts, qui ont souvent une offre à proposer, il faut avec des structures comme l’ALE ou le SIGERLY permettre d’accumuler de l’expérience du point de vue des usages dans nos collectivités.

Pour nous aider, nous avons une « Opération Programmée d’Amélioration Thermique des Bâtiments » (OPATB) qui porte sur plus de 8000 logements, 2000 maisons et 30 établissements tertiaires. Elle a commencé par une thermographie infrarouge qui a été un outil de sensibilisation utile et a déjà conduit plusieurs copropriétés à demander des diagnostics thermiques. Elle doit faire l’objet d’une convention encours de signature pour accélérer les projets.

l’intervention citoyenne et les enjeux politiques

Un élément important de la réussite repose me semble-t-il sur l’intervention citoyenne. Car on sait bien que les pratiques des acteurs sont essentielles. Comme le montre le témoignage de Villeurbanne, je suis sûr qu’à Vénissieux aussi, quand nous intervenons dans les écoles le matin avant 8h, nous ouvrons de fait portes et fenêtres au moment où le système de chauffage monte en charge… Mais on ne peut pas dire que le technicien énergie détient la vérité contre les utilisateurs, pas plus que l’élu ne peut dire quelle serait la bonne pratique en piochant dans une bonne parole énergétique.

L’appropriation de ces enjeux par l’ensemble des acteurs est essentielle. Elle rend nécessaire d’affirmer la nécessité du débat politique, de la clarté sur les points de vues, parfois contradictoires qui existent. Pour conclure, je voudrais pointer ainsi quelques questions qui font discussion

  • ainsi, il parait étrange dans une rencontre sur l’efficacité énergétique, dans le contexte de l’importance des rejets de carbone, d’avoir un mot qui semble tabou : nucléaire ! Est-ce une erreur de le citer comme un des enjeux à soumettre aux citoyens ?
  • de même concernant l’industrie. Car si un participant l’a évoqué concernant la nécessité de subventionner aussi les services car les équipements sont eux importés, on peut s’interroger au contraire sur la nécessité d’une politique industrielle sur la filière énergétique, la production de chaudières efficaces et fiables notamment
  • de même aussi, dans la suite de la question posée par Paul Costes sur les réseaux de chaleur. Quelles sont les conditions de leur efficacité dans la ville ? Car si nous souhaitons à Vénissieux dépasser les 50% de chaleur biomasse, voir 60%, il faudrait pour cela ajouter, en ayant réglé les problèmes de la chaufferie bois actuelle, une nouvelle chaufferie biomasse de 12 ou 16 MWh. Mais il faut alors étendre le réseau pour rendre l’investissement rentable. Mais quelle ville faut-il alors ? Ne faut-il pas enfin se décider à agir contre l’étalement urbain des lotissements dans les grandes banlieues ? De ce point de vue, quitte à être dérangeant, je ne crois pas à l’idéal du tous propriétaire d’un pavillon en lotissement. Celà peut être un choix de vie, mais pas un choix de société . Au contraire, nous devons revaloriser le mode de vie urbain
  • enfin, et le plus important sans doute pour Vénissieux, nous ne pouvons traiter de ces questions en dehors de la fracture sociale qui marque notre société. Avec 70% de logements sociaux à Vénissieux, 4000 demandes de logement par an, une situation de grande pauvreté, on ne peut espérer s’en sortir sans mesures politiques et économiques radicales ! Car si on peut construire des bâtiments à énergie positive à 4000€ le m2, cela ne permettra jamais de résoudre la crise du logement..

Voilà quelques questions qui ne sont certes pas une conclusion, mais qui sont les questions auxquelles nous sommes confrontés.

Vos commentaires

  • Le 25 mars 2009 à 12:56, par Nadine En réponse à : L’efficacité énergétique dans les collectivités

    Pas de commentaire mais un grand merci pour toutes ces informations qui nous font suivre la ville …au quotidien ! Informations qui engendrent beaucoup de réflexion !

Vos commentaires

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