les médias et le mariage pour tous

On n’y comprend plus rien…. Enregistrer au format PDF

Lundi 22 avril 2013

Entendu ce matin à la radio un journaliste comparant la situation du mouvement contre le mariage pour tous avec le mouvement contre le CPE il ya 10 ans… Incroyable… Tous les repères du débat politique sont utilisés par tout le monde dans tous les sens et personne n’y comprend plus rien… Des dirigeants de droite jouent à l’étudiant de 68, des dirigeants de gauche jouent aux ministres de l’ordre, et pendant ce temps là, on voit des groupuscules fascistes toujours plus agressifs, contre les homosexuels, ce qui fait la une des médias, mais, à Lyon notamment contre des syndicalistes, des militants de gauche, contre leurs locaux…

On en sait quelque chose à Vénissieux avec un élu municipal, élu sur une liste FN, puis exclu du FN (avant d’être réintégré pour 2014 ?), condamné pour coup de poing dans des manifestations fascistes interdites…

Ajouté au climat des « affaires » qui continuent, le gouvernement assurant comme le précédent qu’on allait faire la chasse aux fraudeurs, qui en rigolent encore, la chasse aux paradis fiscaux, qui avaient déjà été fermés par Sarkozy dans une déclaration fracassante… On peut avoir le sentiment d’un délitement de la République.

Ce qui me frappe, c’est bien que lé débat sur le mariage et la filiation, qui aurait pu être un débat de société, comme celui contre la peine de mort, un débat qui transcende les partis politiques, qui permette d’exprimer avec finesse les questions, les inquiétudes, les contradictions, pour trouver une formule qui rassemble et fasse progresser la société dans le respect de tous, ce débat n’a pas eu lieu et il n’aura plus lieu à court terme. Les droits nécessaires des couples homosexuels sur des questions réelles d’héritage, de funérailles, de propriété partagée, de reconnaissance sociale du couple, seront en fait liés à une forme de reconnaissance institutionnelle du caractère « sacré » du mariage alors qu’il aurait été au contraire plus conforme à l’évolution de la société de chercher a rapprocher pour tous, le mariage et le PACS, à désacraliser le mariage, à séparer nettement mariage et filiation…

Je ne crois pas à un « droit à l’homoparentalité » car je crois pas au « droit à la parentalité » tout court, mais comment le dire sans être accusé d’homophobie ? Comment dire que le fait de « faire » un enfant n’est pas une question « technique », que c’est bien l’enfant qui fait les parents ! Même si la science permet un jour ce que j’ai lu dans un journal sérieux de gauche, l’exo-procréation, autrement dit, la fabrication d’un enfant en dehors du corps d’une femme, cela ne veut pas dire qu’on doit l’autoriser ! Dans un lointain avenir, une fois débarrassé du capitalisme et de sa domination de l’argent et des riches sur la société, peut-être. Mais dans le monde que nous connaissons, aller plus loin que l’aide à la procréation, ce serait évidemment aller vers la marchandisation de la naissance sans qu’on puisse dire jusqu’où cela irait. Ce serait le cas avec la PMA pour les couples homosexuels femmes ou la gestation pour autrui, heureusement encore interdite en France.

Et pendant ce temps là, les fermetures d’usine, les plans de licenciements, les réductions de dépenses publiques continuent avec leurs conséquences en terme de pauvreté, d’inégalités, de violences sociales…

Le gouvernement a accepté de cacher derrière un affrontement gauche-droit sociétal, le consensus général sur sa politique économique et sociale. La droite a bien évidemment sauté sur l’occasion d’une mobilisation contre un projet de loi qui lui permettait justement d’éviter de parler du reste… Pendant ce temps là, par exemple, la loi sur les collectivités locales, qui prolonge celle de Sarkozy de 2010 avance sans bruit, malgré l’échec de la gauche gouvernementale et de la droite en Alsace. Le vote d’une loi négociée entre la CFDT et le MEDEF est symbolique, cette loi détruit le CDI, un des derniers acquis sociale des luttes de nos grands-parents qui protégeait encore des millions de travailleurs.

En instrumentalisant le débat sur la parentalité pour des raisons de tactique politique, gauche et droite l’ont enfermé dans une impasse, et de fait, ont interdit ce débat lui-même et ce qui aurait pu évoluer dans la société.

Les médias nous montent une mascarade qui serait amusante si elle n’était pas dangereuse, autour de cet affrontement qui n’a rien à voir avec le débat de société sur la parentalité, et cela va continuer. Comme toujours le consensus est d’abord dans les médias et les journalistes. Impressionnant de voir l’arrogance avec laquelle certains balaient d’un revers de main les arguments de la sociologie de gauche, socialiste, Sylviane Agacinski. Il y a bien de plus en plus une couche sociale privilégiée installée dans les médias et se les appropriant. Pour entendre le point de vue d’un ouvrier, d’un employé, d’une infirmière… il faut aller dans les médias alternatifs… ou dans la rue.

Il est indispensable pour éviter le pire que le monde du travail vienne bousculer les affaires, les gesticulations et les masques médiatiques en imposant par un puissant mouvement social les urgences de la société, pauvreté, chômage, inégalités, services publics, industrie…

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