Pour un nouveau plan climat métropolitain Enregistrer au format PDF

contribution à la conférence de presse des élus communistes métropolitain du 30/10/2018
Mardi 30 octobre 2018

La démission de Nicolas Hulot a illustré ce qui ne se dit pas encore clairement : la loi de transition énergétique pour une croissance verte est en échec, les émissions de gaz à effet de serre augmentent depuis 2016 en France.

L’étude du WWF publié ce jour vient confirmer le constat, 60% des espèces animales ont disparus, mais elle confirme aussi l’incapacité du discours dominant à établir clairement des responsabilités. L’association continue à se limiter à demander « de nombreux gestes plus durables », car elle se refuse à toute critique politique d’un système incapable de réduire réellement les émissions de gaz à effet de serre, et à protéger les éco-systèmes et la biodiversité. Le WWF devrait méditer ce constat connu de Albert Einstein « Ce n’est pas avec ceux qui ont créé les problèmes qu’il faut espérer les résoudre »

De son coté, la métropole a multiplié les actions de son plan climat avec de réels succès. Elle contribue nettement à la baisse de ses émissions de gaz à effet de serre [1]

Mais le constat national est sévère : la synthèse du ministère du développement durable constate que si les émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie ont diminué, à climat constant, de 18 % entre 1990 et 2016 en France, l’effet positif de l’amélioration des performances thermiques des logements est, quant à lui, annulé en grande partie par la hausse de leur surface, et que malgré l’amélioration des performances des véhicules, le transport génère davantage d’émissions par la baisse du taux d’occupation des véhicules passagers et la hausse de la part modale de la route pour les marchandises.

Bref, nous ne sommes pas à la hauteur du défi. La métropole pourrait démontrer que des ruptures plus radicales sont possibles à condition de prendre conscience de l’impasse que constitue le modèle de transition énergétique de la loi du même nom, impasse qu’illustre la hausse des émissions carbonées en France en 2016 et 2017.

Non, la transition énergétique ne doit pas être, en France, centrée sur la production d’électricité qui ne représente qu’un quart de l’énergie consommée et moins de 10% des émissions ! Ce n’est pas d’une réduction de la consommation électrique dont notre pays a besoin, mais d’une réduction de ses consommations fossiles, et cela concerne non pas le secteur de l’énergie, mais ceux du logement/tertiaire et des déplacements !

Toute dépense publique dans le domaine de la transition énergétique doit être évaluée par le coût de la tonne de carbone évitée, en prenant en compte non seulement le coût carbone direct, mais le coût complet, dans le cycle de vie des équipements, et dans les externalités imposées par chaque technique. Ainsi, les émissions carbone des capacités de secours nécessaires aux installations intermittentes doivent être prises en compte dans leur coût carbone, comme le coût carbone du béton et de l’acier dont les éoliennes sont les plus consommatrices parmi les sources d’électricité.

La grande diversité des actions visant à réduire les émissions doivent être alors comparées et priorisées sur ce critère de coût de la tonne de carbone évitée. De ce point de vue, les installations éoliennes offshore de mer du nord sont une véritable gabegie qui supposent des capacités fossiles équivalentes et dont le coût élevé consomme des capacités d’investissements qui feront défaut ailleurs.

Au total, l’appel permanent au marché et la recherche de de rentabilité des actions est une impasse qui coûte cher aux consommateurs, notamment par la CSPE en hausse constante sur nos factures d’électricité. Le renforcement des politiques publiques comme le fonds chaleur est insuffisant pour provoquer réellement une rupture permettant d’atteindre les objectifs ambitieux en terme d’émissions. C’est le cadre de la loi de transition énergétique pour une croissance verte qui doit être mis en cause.

Le plan climat de la métropole s’inscrit pourtant dans ce cadre, comme le montre la récente annonce d’une participation de la métropole dans une énorme installation photovoltaique de la vallée de la chimie, dont les investisseurs ont besoin de fonds publics pour assurer une rentabilité reposant sur la revente sur le réseau, avec un impact sur la CSPE évalué à 10M€ sur 25ans alors même que la vallée de la chimie est un très gros consommateur d’électricité, auquel ce projet ne cherche pas à répondre !

Ces logiques de marché et cette priorité accordée aux ENR électriques conduisent à des politiques publiques radicalement insuffisantes dans deux domaines prioritaires pour le climat :

  • le logement et le tertiaire, avec l’enjeu du chauffage et du froid. Notre métropole a engagé des actions importantes avec la réussite de Ecorenov mais cette réussite même montre la nécessité de décupler les moyens de cette politique.
  • les déplacements avec un PDU sans ambition nouvelle validé il y a peu, ou l’annonce récente d’un objectif de 250 bus dits « propres » d’ici 2025, annonce positive bien qu’un peu floue, mais loin d’être exemplaire avec des agglomérations qui sont déjà à 100% en déplacement public non carboné…

C’est dans ces deux domaines que nous proposons une nouvelle ambition métropolitaine.

Concernant le logement,

Nous proposons sur la base des compétences acquises à la fois autour des réseaux de chaleur à dominante biomasse, et des actions de rénovations énergétiques qui s’inscrivait dans un plan climat actuel visant une réduction de 28% des émissions en 2020 par rapport à 2000, de fixer une nouvelle ambition de 50% de réduction d’ici 2025 toujours par rapport à 2000.

  • triplement du budget Ecorenov et création d’une aide complémentaire garantissant un reste à charge nul dans les opérations pour les occupants modestes
  • un programme de réhabilitation thermique pour tout le parc social consommant plus de 120Kwh/m2/an, cela suppose une forte augmentation du fonds chaleur national et de redonner aux bailleurs les ressources qu’ils ont perdu avec la RLS.
  • accélération du maillage des réseaux de chaleur pour un objectif renforcé de 200 000 logements en 2025 et 300 000 en 2030, avec de nouveaux investissement en chaleur biomasse afin de garantir un taux ENR supérieur à 70%

Concernant les déplacements,

il faut d’abord relever que l’enjeu premier est de sortir d’une conception de la métropole en concurrence avec sa région et accélérant la concentration des activités dans son cœur générant un besoin sans cesse croissant de déplacements pendulaires. Le développement de l’ensemble de l’aire urbaine de Lyon, mais aussi de l’ensemble des villes de la région est une condition d’une réduction des distances emploi-logement.

Cependant, les besoins de déplacements, même dans un autre aménagement du territoire resteront croissants, et l’enjeu principal est bien d’offrir massivement des alternatives à la prédominance de la voiture dans les déplacements interurbains et pendulaires.

Pour cela, nous proposons de changer de braquet dans le financement des politiques publiques de déplacements, en passant de 1 à 3 milliards par mandat pour les déplacements, et en reprenant le projet d’anneau des sciences en inversant le ratio voiture/TC dans l’investissement, 2 milliards pour les TC et 1 Milliard seulement pour la voiture, ce qui conduit à une anneau des sciences ouest pas totalement enterré, et un périphérique Est visant une réduction forte de 150 000 à 80 000 véhicules jours avec 1 Milliard pour la transformation Bonneway en boulevard urbain en parralèle du TOP reconçu.

Cela devrait conduire à réduire la part modale de la voiture de 30%… ce qui suppose de doubler la part modale des transports en commun donc de leurs infrastructures avec l’étude de nouvelles lignes de métro, l’organisation systématiques de pôles multi-modaux en périphérie de la métropole, reliés aux gares et aux lignes fortes…

Cela suppose de redonner sa place au rail passager dans la mobilité métropolitaine, pour réduire de moitié la part modale de la voiture dans les déplacement pendulaires, avec des liaisons cadencées de type RER vers l’ensemble des villes de l’aire urbaine.

Cela suppose aussi de ne pas laisser au marché les nouvelles formes de services de mobilité, et d’expérimenter puis de développer rapidement un service public de taxi-bus sur demande en porte à porte, afin d’augmenter rapidement le nombre de voyageurs par véhicule. Ce service pourrait se connecter à la généralisation de sites de covoiturages à proximité des pôles multi-modaux.

L’ensemble de ces objectifs qui supposent une reconception globale du PDU reposera sur une grande consultation citoyenne sur le projet mobilité métropolitain pour réétudier tous les projets avec la région et l’état, et ouvrir le débat du financement de ces infrastructures et de leur fonctionnement.

  • augmentation significative du financement par les entreprises par leur cotisation transport
  • ouverture du débat sur le libre accès, les conditions de gratuité, la tarification unique multi-modale, les seuils tarifaires qui provoquent la bascule des déplacements voitures vers le transport public…

concernant l’adaptation

Enfin, nous savons tous que nous ne pouvons que limiter le réchauffement climatique et que la France et encore moins la métropole lyonnaise ne peut représenter qu’une faible part de la solution, qui dépend d’abord de la remise en cause du modèle US et des pays du golfe, et d’une différenciation plus rapide des pays en développement vers une économie non carbonée.

C’est pourquoi les mesures d’adaptation au changement sont essentielles pour réduire l’impact du réchauffement sur nos conditions de vie. De ce point de vue, nous proposons que le prochain PLU-H augmente de manière significative le taux de pleine terre dans l’ensemble de l’agglomération et notamment dans son cœur, ce qui suppose d’imposer de nouvelles ambitions sur la place de la nature dans les grandes opérations urbaines, et notamment à la Part-Dieu.

Beaucoup d’autres question sont à mettre en débat, dont celle du type de développement économique, mais celles-ci dessinent un autre projet métropolitain et donc un autre plan climat, comme contribution à une autre politique nationale de l’énergie, du climat et des déplacements.

[1il faudra voir si cela continue en 2017…

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