Débat sur la transition énergétique

Rencontre publique du 4 Avril pour le réseau de chaleur Enregistrer au format PDF

renouvellement de la gestion du réseau après 2014
Samedi 30 mars 2013 — Dernier ajout lundi 1er avril 2013

La semaine du développement durable du 2 au 5 Avril porte cette année sur l’énergie. Cela tombe bien, la ville agit beaucoup sur toutes les questions de l’énergie, autant pour ses propres équipements et l’effort de réduction des consommations de chauffage et d’éclairage dans les batiments, d’éclairage public aussi… et bien sûr pour sensibiliser et aider à la maitrise des consommations par les particuliers, tout en gérant un réseau de chaleur important qui sert l’équivalent de 12000 foyers…

Ce réseau de chaleur est actuellement exploité dans le cadre d’une délégation de service public dont le contrat arrive à échéance fin 2014, et le processus de renouvellement de sa gestion a été engagé, avec un comité de transparence en Décembre 2012. Ce 4 Avril, nous allons donc faire le point sur les premières études réalisées pour la ville et partager les éléments de la première décision importante, celle du mode de gestion, qui sera prise par la ville lors du conseil municipal du 13 Mai prochain.

Il me parait utile de situer cette discussion Vénissiane dans le contexte plus large du débat pour la « transition énergétique » lancée par le gouvernement et qui concerne tous les citoyens à travers des questions comme le mix énergétique, le coût de l’énergie, la maitrise des consommations, la facture économique pour le pays comme pour chaque usager..

La transition énergétique est présentée par la commission du gouvernement organisant le grand débat public comme

le passage d’une société fondée sur la consommation abondante d’énergies fossiles, à une société plus sobre et plus écologique. Concrètement, il faut faire des économies d’énergie, optimiser nos systèmes de production et utiliser le plus possible les énergies renouvelables. Aller vers un modèle énergétique qui permette de satisfaire de manière durable, équitable et sûre, pour les hommes et leur environnement, les besoins en énergie des citoyens et de l’économie française dans une société sobre en énergie et en carbone.

Comme souvent dans ce type de débat, l’objectif est assez consensuel. Il faut répondre aux besoins en énergies, sans gâchis, et en réduisant la consommation d’énergies fossiles. Il faut ajouter à ces objectifs l’engagement du président de la république dans son programme de réduire la part du nucléaire de 75% de la production électrique à 50%

Mais le débat révèle ensuite des points de vues très différents. Quelles sont les priorités les plus importantes ?

  • la réduction des consommations d’énergies fossiles pour réduire rapidement et massivement les émissions de gaz à effet de serre ? Cet objectif qui était présenté comme vital pour la planète est passé maintenant au second plan. De fait, la désinsdustrialisation fait baisser fortement les émissions industrielles pendant que les émissions résidentielles augmentent avec le développement du chauffage au gaz, et que les émissions du transport augmentent malgré les progrès techniques des véhicules parce que le transport continue à croitre en kilomètres parcourus…
  • la réduction des consommations globales ?. Pour certains, ; toute consommation d’énergie est mauvaise. Derrière le vocabulaire d’une société « sobre », on voit des discours sur une société « pauvre ». Car il est sûr que les millions de chomeurs de longue durée au RSA, une fois qu’on leur a coupé l’électricité et qu’ils ne peuvent plus se chauffer, sont extraordinairement « sobres »… Les SDF dormant sur un carton dans la rue le sont encore plus ! Or, je n’entends pas souvent dans ce débat affirmer un « droit à l’énergie ». Il y a par exemple des scénarios qui promettent la baisse de la consommation totale en France, mais avec des hypothèses très fortes et en considérant qu’on ne répond pas mieux qu’aujourd’hui aux besoins humains des 10 millions de pauvres en France… alors que les scénarios qui imaginent une sortie massive de la pauvreté en France comme dans le monde aboutissent à des consommations énergétiques au total en hausse…
  • la réduction de la part du nucléaire, la sortie du nucléaire ? C’est un débat difficile car il déchaine les passions. Mais il faut dire la vérité dans ce débat. Il n’y a pas de réduction massive de la part du nucléaire sans une réduction massive de la consommation, et une forte hausse des prix ! Dans une société marquée déjà par de très fortes inégalités, quelles seraient les conséquences ? Déjà, les Allemands voient les conséquences des premiers arrêts de centrales nucléaires : une forte hausse des factures d’électricité, une fragilité de leur réseaux électriques avec la part de l’éolien de Mer du nord, prioritaire, mais instable comme le vent, et un retour à la hausse des émissions de gaz à effet de serre…
  • la dérèglementation totale du secteur, la fin du service public ? Beaucoup d’élus parlent de « service public territorial », de « politique énergétique territoriale »… et certains évoquent même des « territoires énergétiquement autonomes »… Si on peut concevoir qu’un village reculé de montagne s’organise pour assurer sa production locale d’électricité car son raccordement est trop couteux, il faut savoir si l’énergie est un droit, un bien commun de l’humanité, et si nous voulons défendre le principe d’un service public qui assure ce droit pour tous, avec une péréquation tarifaire, qui ne fait pas payer le coût réel à chacun, mais un tarif moyen égal pour tous. Or, tout est fait pour ouvrir le secteur au marché, et c’est la vraie raison de la hausse des prix qu’on peut constater et celle qu’on nous annonce ! Les lobbys des producteurs privés d’électricité crient haro contre EDF car ils veulent leur part du gâteau !

Il y a bien derrière le consensus apparent de ce débat sur la transition énergétique des enjeux politiques majeurs et qui suivent la tendance générale des politiques d’austérité… l’état n’aurait plus de moyens, et il faut donc partout faire appel au marché… comme on le fait pour l’essentiel depuis les accords de Kyoto

Conseil Citoyen du Développement Humain Durable

Conseil de Transparence et de Surveillance du réseau de chaleur

Jeudi 4 AVril 18h en mairie

Ces questions ne nous éloignent pas de notre réseau de chaleur, au contraire. Elles permettent de mettre en valeur les objectifs de la ville avec son réseau qui est justement l’outil d’une politique qui affirme

  • le droit au chauffage pour tous, dans un cadre de service public, avec le même tarif pour tous les usagers
  • une politique de sensibilisation et d’accompagnement à la réduction des consommations qui ne demande pas la « sobriété » mais la responsabilité dans la chasse aux gaspillages
  • la recherche de bonnes conditions environnementales, se dégageant au maximum des énergies fossiles, maitrisant les émissions polluantes dans la transparence

Et toutes les études dont les résultats seront présentés le 4 AVril nous confirment une chose avec certitude.

Si on raisonne avec le marché, c’est le gaz qui gagne ! et donc le climat qui perd ! Car le chauffage gaz est le moins cher à installer, le moins couteux à exploiter, à entretenir… Certains diront, oui, mais le gaz augmentera constamment… un jour, il sera de toute façon beaucoup trop cher. Mais en fait, le prix du gaz est incertain. Autant on peut affirmer que le prix du pétrole ne baissera pas, autant il est impossible de faire le « pari » que la gaz sera toujours en hausse demain. L’exemple des USA ou le prix baisse à cause du gaz de schiste nous le montre. Mais il y a aussi d’autres réserves, comme le gaz de houille dans les anciennes mines, qui ne demande pas de fracturation hydraulique, des réserves mondiales qui restent importantes, de nouvelles découvertes…

Il faut donc une politique publique de soutien aux énergies renouvelables et notamment une relance du fonds chaleur pour subventionner la construction de chaufferies biomasse et développer la récupération des énergies fatales de l’industrie. Dans les simulations sur l’avenir du réseau, tout change selon qu’une chaufferie bois est subventionné à 20% ou à 50% Dans le deuxième cas, elle est immédiatement plus intéressante que le gaz.

Pour bien comprendre le contexte de ce débat énergétique, il suffit de prendre un exemple des aberrations du marché sur le prix de l’électricité. Savez-vous que sur la bourse européenne de l’électricité, il y a des prix négatifs… C’est à dire que celui qui consomme l’électricité non seulement ne la paie pas, mais est payé pour la consommer ! Qui a inventé une telle stupidité ?

Mieux encore, on peut même payer une électricité qu’on ne consomme pas ! Les investisseurs sur l’éolien en mer du nord veulent maximiser leur profit. Or, ils ne produisent que quand il y a du vent, et ce n’est pas forcément quand il y en a besoin. Ils pourraient donc rater du chiffre d’affaire bien utile pour rentabiliser leur investissement. Ils imposent donc d’être payé quand ils produisent, même si personne ne leur consomme. Car un réseau électrique doit être équilibré. On doit injecter autant d’énergie électrique que le réseau en consomme sinon… à craque quelque part et c’est (très) dangereux. Donc on peut « acheter » l’électricité des éoliennes fictivement… Elles ne tournent pas mais comme elles auraient pu, on les paie ! (voir les échos)

Franchement, quand on voit toutes les crises que ces accros du marché capitaliste nous provoque, on se dit qu’il faut revenir à un vrai service public, de la production à la distribution, mettant en œuvre une politique publique de développement des énergies renouvelables maitrisées, efficace et transparente… Bref, laisser tomber la directive européenne sur l’électricité et recréer l’entreprise nationale intégrée EDF

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