Participer à son habitat… mais pourquoi ? Enregistrer au format PDF

Introduction et conclusion du forum DHD sur l’habitat participatif…
Lundi 10 juin 2019 — Dernier ajout mardi 18 juin 2019

Ce forum sur l’habitat participatif avait été décidé dans le cadre des actions de l’agenda 21 de la ville et de la semaine du développement humain durable, qui n’est d’ailleurs pas terminée, il y a demain une visite de la chaufferie urbaine du réseau Vénissieux Energie !

Mais ce forum se déroule aussi dans le cadre du festival international du logement social, dont la deuxième édition est organisée à Lyon par la métropole et les bailleurs sociaux, après une première édition à Amsterdam.

Je reviendrais sur l’agenda 21 de la ville en conclusion, mais je voudrais d’abord me féliciter de contribuer avec cette soirée au festival pour le logement social dont le titre peut faire consensus « une planète pour demain, une ville pour tous, un logement pour chacun », sauf que ce n’est pas vraiment le consensus dans le logement social, ni en France, ni dans le monde…

J’ai assisté en début d’après-midi à la projection d’un film choc, Push réalisé avec la rapporteuse spéciale des nations unies sur le logement adapté, Leilani Farha, qui dans ce film rencontre des locataires expulsés à Londres, à Barcelone, à Montevideo, à New-York, qui parle aussi avec les locataires qui ont échappé à ce terrible incendie d’une tour de logement sociaux à Londres, et qui à partir de leurs expériences et aussi de leurs luttes, nous aide à comprendre pourquoi le mal logement s’aggrave partout ou presque, et pourquoi le logement est devenu un énorme marché spéculatif ou des milliards s’investissent en détruisant littéralement nos villes et leurs délicats équilibres humains. Le film montre notamment le plus gros propriétaire d’actifs immobiliers de la planète, l’entreprise Blackstone, fondée par des anciens de la banque Lehman Brothers, oui, celle qui est au cœur de la crise de 2008…

Il y a dans ce film un chiffre extraordinaire, la valeur totale des actifs immobiliers sur la planète représente entre le double et le triple du PIB mondial, c’est dire l’énormité des sommes engagées par ces très grandes sociétés financières dont l’argent vient notamment des fonds de pensions, c’est à dire qui doivent verser leurs pensions aux retraités. Mais ce sont ceux qui font exploser les loyers de ces mêmes retraités jusqu’à les expulser, avec l’argent qu’ils ont officiellement épargnés pour leur retraite. Le film illustre aussi une situation mondiale qu’on connait bien aussi en France. Le coût du logement a été multiplié par 4 en 20 ans alors que les salaires bien évidemment ont augmenté 2 fois moins, autrement dit, le poids du logement dans le budget d’un ménage a doublé. Il faut noter que c’est en France que ce poids est un des plus faibles, grâce au logement social, même s’il augmente aussi. Vous savez que la réforme du logement social mise en œuvre par le gouvernement s’inspire de cette évolution mondiale du logement considéré comme une marchandise, un bien qu’il faut valoriser. J’ai déjà eu l’occasion de citer le patron de CDC Habitat, la filiale logement de la caisse des dépots, le bras droit de l’état donc, et qui considère que son métier c’est de gérer des actifs, autrement dit d’acheter, de vendre et de faire de la marge…

C’est pour cela que le gouvernement demande à tous les bailleurs sociaux de s’engager dans leurs « convention d’utilité sociale » à lister les logements qu’ils vont vendre dans les années à venir. Et je peux vous dire que dans la métropole de Lyon, ce sont des milliers de logements qui sont concernés et vont rentrer dans le grand monopoly de la spéculation.

Une sans doute trop longue introduction mais qui nous interpelle aussi pour dire, que peut-on faire ? Bien sûr, personnellement, je pense qu’il faut changer de société. D’ailleurs cette grande entreprise Blackstone n’intervient pas à Cuba, société socialiste qui ne considère pas le logement comme une marchandise… mais ce n’est pas le débat de ce soir.

Non, ce forum vous pose, nous pose une question. Avons-nous le choix seulement entre une situation de locataire dépendant de politiques gouvernementales qui se durcissent, et l’espoir ou l’illusion selon ce que chacun en pense, de devenir propriétaire pour jouer dans ce grand jeu de l’immobilier et espérer revendre un jour son bien pour en acquérir un plus grand ou mieux placé ? Et deuxième question, devons-nous chercher chacun dans notre coin notre solution logement, ou faut-il en parler à plusieurs, chercher des amis, des voisins, des connaissances pour chercher une réponse collective à nos besoins de logement ?

L’Habitat participatif nous propose d’imaginer une situation ou l’habitant n’est ni un simple demandeur de logement, ni un investisseur, mais s’organise avec d’autres pour imaginer son logement, le faire construire, participer même pourquoi pas à certaines étapes de la construction, l’aménager avec son logement mais aussi des lieux collectifs, pourquoi pas une laverie, un jardin, et puis l’habiter et le faire vivre comme un lieu où on ne s’occupe pas que de l’intérieur du logement, mais aussi des parties communes, de son cadre de vie…

Vous me direz, mais c’est une utopie, et bien non puisque certains l’on fait et ce sont nos invités qui vont nous présenter leur expérience, et avec qui vous pourrez participer vous aussi…

Car pour conclure, je voudrais revenir sur cette notion de participation, qu’on peut discuter ce soir pour le logement, mais qui est au cœur de notre agenda 21, de la révision que nous avons fait il y a 2 ans et qui nous a conduit à prévoir un objectif habitat participatif. Mais on pourrait parler d’alimentation, de jardinage, de propreté, d’incivilités, de mobilité et retrouver partout cette idée. Une ville ne peut pas être agréable, vivante, bienveillante, sans la participation des habitants.

Donc, l’habitat participatif, c’est possible, et nous allons découvrir trois expériences à travers les témoignages de :

  • Odile Melot et Luc d’Arras, de l’éco-habitat groupé « Le coteau de la chaudanne », à Grezieux la Varenne, dans l’ouest lyonnais
  • Michèle Tortonese, de Habicoop Aura, qui pourra parler aussi de la coopérative Chamarel à Vaulx-en-Velin
  • Gabrielle Guivarch et Jérome Roulleau, du groupe du 4 mars qui va bientôt emménager dans son immeuble participatif à la Croix-Rousse

J’ai précisé dans la discussion que la ville de Vénissieux soutiendrait les habitants qui se regrouperont pour participer à un projet, le foncier ne manque pas, la SACOVIV peut apporter son support. Tout dépendra bien sûr des idées et des demandes de ceux qui se regrouperaient dans un tel projet, mais les hypothèses ne manquent pas… Ce pourrait être un des sujets de la future « ZAC du marché et des balmes », ou un travail sur des espaces disponibles autour de la rue jules Fery… A Vénissieux, la difficulté ne portera pas sur le foncier ou le support de la collectivité !

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