Conseil de métropole du 8 Juillet 2019

La qualité de l’air, la canicule et la mortalité ouvrière… Enregistrer au format PDF

2019-3681 Association ATMO Auvergne-Rhône-Alpes - Attribution d’une subvention 2019
Lundi 8 juillet 2019

La qualité de l’air et la canicule sont des faits très différents, on peut avoir un air très pollué et froid ou à l’inverse un air pur et chaud, mais ces deux sujets d’actualité ont un grand point commun médiatique, le catastrophisme.

Sensation le 13 Mars sur les radios, une nouvelle étude de la pollution de l’air évoque 69000 morts par an. L’AFP cite un des auteurs qui dit « la pollution de l’air est deux fois plus mortelle que le tabac alors qu’on peut éviter de fumer, mais pas d’être soumis à un air pollué… »

Ce message est bien sûr totalement mensonger. Il est beaucoup plus dangereux de fumer que de respirer l’air de nos villes ! Mais ce n’est pas un mensonge isolé. Politiques, médias, experts répètent ce nombre de 48 000 morts devenu un message publicitaire. Les décodeurs du monde, censés dire le vrai et le faux, et qui font la morale à tout ceux qui dérangent l’ordre existant, nous explique ainsi la hiérarchie des causes de mortalité, un le tabac, 2 la pollution de l’air, 3 l’alcool.

Mais l’espérance de vie des hommes de 35 ans est de 7 années plus faible pour un ouvrier que pour un cadre ! [1]. Avec le même raisonnement que pour la qualité de l’air, il faut annoncer un chiffre encore plus sensationnel ! 100 000 morts prématurées d’ouvriers, et ces morts du travail ne sont pas prématurées de 9 mois, mais de 7 ans [2] !

Mais experts, médias et politiques n’ont que faire des ouvriers morts du travail. Nous demandons une étude sur l’impact sanitaire du travail ouvrier à l’échelle de la métropole comme pour la qualité de l’air et avec la même publicité.

Le pire est que la qualité de l’air s’est constamment amélioré ces dernières années, le vice-président Philip vous a rappelé à de multiples occasions que l’espérance de vie était, même dans les zones polluées, en forte augmentation depuis plusieurs décennies.

Le débat devrait donc porter sur les moyens financiers nécessaires pour les actions de notre plan oxygène les moins avancés, le transfert des marchandises sur le rail, le développement des transports en commun, mais ce ne sont plus les usagers de la route les coupables, ce sont les gouvernements qui tiennent le discours tout aussi catastrophique de la dette pour refuser les investissements publics nécessaires !

Ceux qui croient que, même mensonger, l’alerte des 48 000 morts peut avoir un rôle mobilisateur se trompent totalement. Les gouvernements ne sont pas impressionnés, ils sont capables de décider des guerres, c’est tout dire ! Non, mais la peur produit chez les citoyens le pire, l’individualisme, le chacun pour soi, et donc affaiblissent la capacité collective à faire de la politique, à construire les réponses collectives nécessaires.

C’est la même chose sur la canicule, dont l’urgentiste Patrick Peloux disait à juste raison « il ne faut pas avoir peur, on n’a jamais été aussi prêt ! », mais que les médias et les dirigeants politiques ont exploités jusqu’à la nausée…

Ainsi le ministre François de Rugy fait une comparaison supposée être pédagogique entre la canicule et la fièvre… Il dit 2°C pour le climat, c’est comme une fièvre, à 38°C, ça va, à 40°C on est malade, à 41 on est hospitalisé… c’est ça le réchauffement climatique

Mensonge encore, car qu’on soit riche ou pauvre, à 41°C, on est très mal. Mais face à la canicule, c’est très différent. La climatisation est très répandue dans certains quartiers, systématique dans les tours de bureaux, mais absente de la plupart des ateliers et des HLM ! Face au réchauffement en général, les riches qui continuent à voyager en jet privé, peuvent vivre protégés dans une « bulle » d’équipements et de services inaccessibles aux autres.

C’est comme la « circulation différenciée » qui interdit les véhiculées les plus polluants. C’est une circulation différenciée… socialement ! Les riches dans leurs SUV hybrides climatisés circulent pendant qu’on interdit les véhicules des plus pauvres…

François de Rugy en rajoute « si on pousse la climatisation, on consomme encore plus d’énergie, et on aggrave le phénomène de réchauffement climatique ! ». Facile quand on travaille le plus souvent dans un espace climatisé, mais surtout c’est totalement faux en France. La consommation d’électricité en France n’a pratiquement pas de conséquence sur le réchauffement climatique, car notre électricité émet très peu de carbone, contrairement à l’électricité allemande grâce au nucléaire !

Au passage, le problème de la climatisation, c’est que pour baisser la température dans un local, il faut chauffer l’extérieur !

Le résultat des média-mensonges répétés, c’est que selon BVA en avril, 69% des Français pensent que le nucléaire participe à la production de gaz à effet de serre ! Et même 86 % des 18-34 ans ! Or on peut être contre le nucléaire pour ses risques ou pour son modèle économique, mais c’est une énergie sans impact pour le climat, ni sur la qualité de l’air !

C’est pourquoi la comparaison entre la France et l’Allemagne sur les émissions de gaz à effet de serre est terrible.. pour les allemands ! L’Allemagne émettait en pleine canicule le mercredi 26 juin six fois plus de gaz à effet de serre que la France.

Ce discours du catastrophisme a une fonction politique, légitimer des gouvernements qui n’ont plus la confiance citoyenne et justifier leurs attaques contre les droits et les services publics. Ce n’est pas nouveau !

En 2006, Al Gore prédisait que « dans les dix prochaines années », le monde « atteindrait un point de non-retour » si des mesures drastiques n’étaient pas prises [3].

En 1982, le directeur général du Programme des Nations Unies pour l’environnement, annonçait avant l’an 2000, « une catastrophe écologique aussi complète et irréversible qu’un holocauste nucléaire »

Il y a peu, j’écoutais Yann Arthus Bertand, dont les magnifiques photos aériennes sont effectuées en… avion ou hélicoptère sur toute la planète.

Il raconte un dialogue avec des enfants qui lui demandent « c’est quand la fin du monde ». Il répond, mais non, il n’y aura pas de fin du monde, et les enfants insistent « mais si, je lis les journaux, j’écoute mes professeurs tout les monde en parle ». YAB s’inquiète : 70% des enfants croient à la fin du monde.

Mais désespéré comme Nicolas Hulot, il considère qu’on ne peut rien attendre des pouvoirs publics. Il sert alors d’idiot utile du système économique, détournant l’attention des politiques publiques en affirmant qu’on ne peut rien sans un changement de tous pour accepter de s’alléger, consommer moins… Il reconnait « on vit de plus en plus vieux, dans un monde bien meilleur, beaucoup moins de mortalité infantile », mais il se désespère « on ne peut rien faire aujourd’hui contre l’envie du monde entier de vivre mieux ! »

Le capitalisme se frotte les mains. tant que l’écologie politique acceptera d’être ainsi utilisée pour imposer l’austérité aux peuples, nous n’arriverons pas à remettre en cause ce système !

C’est pourquoi je vous invite, et notamment les écologistes sincères aux prochaines rencontres internationalistes de Vénissieux, avec des agriculteurs russes, chinois, cubains entre autres, sur un thème choc « pour le climat, l’urgence, c’est le socialisme »

[1Au passage, c’est encore pire pour l’espérance de vie sans problèmes sensoriels et physiques, 10 ans d’écart, mais restons à l’espérance de vie…

[2tableau de l’évolution des espérances de vie

[313 ans plus tard, la députée démocrate Ocasio-Cortez prophétise que « le monde va toucher à sa fin dans douze ans »

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