une police de proximité utile et efficace… Enregistrer au format PDF

Vendredi 3 décembre 2010

Le conseil de quartier Jean Moulin Henri Wallon a été très intéressant à partir de plusieurs questions sur la tranquillité et le rôle de la police. Les interventions d’un brigadier de police, du maire ou de la conseillère générale ont permis d’éclairer l’enjeu :

  • le brigadier insistait sur le rôle des citoyens, constatant que les Vénissians font moins appel au 17 que les habitants des autres villes
  • le maire montrait la recherche d’efficacité entre police nationale et municipale et rappelait la responsabilité de l’état et la nécessité de vraie moyens qui sont en réduction malgré tous les discours.
  • la conseillère générale rappelait que ce sont bien ce que la police appelle de « petites missions » qui font les difficultés du quotidien pour les habitants et que cela correspondait à la nécessité d’une vraie police de proximité

Le brigadier nous dit « le travail d’une police de proximité n’est pas de jouer au foot avec les délinquants, mais de les interpeller ». Il considère efficace le travail des nouvelles « Brigades Spéciales de Terrains » qui ont remplacé et « durci » les "Unités Territoriales de Quartier, qui étaient elle-même un reprise plus musclée des premières expériences de police de proximité.

En quelque sorte, il répond à la conseillère générale « nous avons une police de proximité et elle est efficace ». Mais les nombreux témoignages d’habitants, notamment au Couloud, sont au contraire plutôt inquiétants. Aucun lieu de squatt n’a disparu, le vandalisme s’aggrave dans certains lieux, les incivilités routières se développent.. Dernier exemple en date, les motos et même voitures qui défoncent la pelouse qui sert de terrain de foot le dimanche rue des martyrs.

Et le brigadier sort un peu de sa réserve professionnelle pour soutenir l’orientation du gouvernement d’une police de proximité plus répressive.

Sauf que si cette police de proximité plus répressive contribuait à améliorer la tranquillité de nos quartiers, tout le monde ne pourrait que s’en féliciter. Un habitant a critiqué l’intervention « musclée » de cet été du centre commercial vers la rue sans nom, intervention qui a inquiété des familles en plein après-midi, mais qui faisait suite à une situation dangereuse de délinquants choisissant l’affrontement violent avec la police. Mais s’il avait pu participer à la délégation de voisins qui a été reçue par le commissaire, il aurait comme eux mieux compris les raisons et les conditions de l’intervention.

Pour la grande majorité des habitants, l’intervention de la police est absolument nécessaire pour faire cesser des trafics, interpeller ceux qui veulent imposer la loi du plus fort dans le quartier, démolir l’éclairage public, ou vandaliser un équipement, sans compter les incendies de voitures. Et il faut toujours informer, expliquer, notamment dans des situations compliquées comme cet été.

Sauf que le quartier ne constate pas d’améliorations alors que les interventions de police n’ont jamais été aussi nombreuses !

La question n’est donc pas « pour ou contre des interventions de police », ni même « pour ou contre des interventions musclées », mais au contraire « comment rendre efficace les interventions de police… » ?

De mon point de vue, le travail de la police est utile et efficace chaque fois qu’il interpelle un délinquant dans des conditions qui permettront que ce délinquant ne revienne pas quelques temps plus tard, durci par l’expérience de la prison, ou conforté par l’absence de sanctions, mais de toute façon plus sûr de lui pour continuer à choisir la violence contre la solidarité !

Ceux qui pensent qu’il suffirait d’envoyer tous les délinquants au loin, leur interdire de revenir, pour résoudre nos problèmes se trompent lourdement. Les délinquants les plus violents et les plus visibles dans le quartier ne sont que la partie apparente de l’iceberg de l’économie parallèle, de la guerre de tous contre tous pour la survie qui devient le quotidien de familles toujours plus nombreuses.

Dans ce même conseil de quartier, répondant aux critiques sur l’action insuffisante de la police contre le marché parallèle vers ED, après le maire qui témoignait de la réalité des nombreuses interventions de la police et de la police municipale, un intervenant remarquait « s’il y a des vendeurs à la sauvette, c’est qu’il y a des acheteurs à la sauvette »…

Oui, il y a des vendeurs de drogue, mais parce qu’il y a des acheteurs ! Oui, il y a des trafics de toute sorte, mais qui refuse d’acheter un vêtement de cuir à prix cassé, sur le marché ou dans la rue, et dont on peut être presque sûr qu’il a été volé ? Enfermer un délinquant ne change pas le terrain où il a grandit comme délinquant, et il s’en révèlera donc d’autres rapidement, car la « demande » est toujours là ! C’est ce qu’on constate dans les pays les plus répressifs.. Plus on met de gens en prisons, plus il faut en mettre. Les USA atteignent le record de près de 1% de la population en prison, et restent un des pays les plus violents de la planète !

Rien n’excuse les trafiquants ni la violence, et il faut donc des interventions de police, musclées quand c’est nécessaire. Mais pour réduire réellement les trafics et la violence, il faut créer les conditions que le plus grand nombre possible d’adolescents qui « tourne mal », tombent dans la violence de la rue, puissent, avec une sanction réelle et adaptée à chaque cas, sortir de la rue, de la violence, du trafic… Des centaines de famille sont de ce point de vue démunies devant un gamin qui dérape, qui refuse les règles, l’école, l’effort, et se fait prendre pour un vol, un mauvais geste, un vandalisme…

Le travail de la police de proximité sera efficace le jour où le résultat d’un grand nombre d’interpellations sera des décisions de justice qui « sortent » les délinquants de la délinquance ! L’enjeu de la récidive, ce n’est pas la perpétuité pour tout le monde, mais une justice efficace, un vrai suivi des peines, de vrais moyens de rééducation… et pour cela une sanction juste, adaptée à chaque fautif, orientée vers la rééducation.

Au lieu d’opposer police et justice, il faut donc au contraire donner mission à la police de monter des dossiers efficaces pour la justice. Il faut donc plus de police d’investigation, de police scientifique, et surtout plus de lien avec la population pour avoir des informations, comprendre au plus près ce qui se passe, intervenir plus efficacement, plus précisément.

Au lieu d’opposer répression et prévention, il faut considérer que la répression est inefficace si elle na pas pour but de construire des sanctions qui servent la prévention, par l’exemple en faisant du « repenti » un succès social, et qui servent la réduction de la délinquance en réduisant fortement la récidive et l’effet « école de la délinquance »…

Il y a vraiment un débat de fonds à avoir et les institutions de police et de justice devraient en être parties prenantes..

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