Depuis des années s’était construit un consensus de l’ensemble des villes autour du projet de contournement ferroviaire de Lyon, indispensable pour le désengorgement de la gare de la PartDieu et la sécurité de la ville de Lyon. Le consensus portait sur le tracé le long du TGV pour séparer clairement le fret de transit et le le fret lié aux activités économiques de l’agglomération lyonnaise.

Mais l’état a décidé un tracé court, dans la vague de décisions à courte vue d’aménagement du territoire qu’imposent les politiques d’austérité (voir ma remarque sur le court-termisme en économie et en politique). Et ce tracé aboutit alors à la gare de triage de Sibelin, ce qui conduit au contraire à mélanger trafic de transit et de desserte.

Les associations qui mobilisaient les élus depuis des années appellent à une nouvelle manifestation ce 30 avril, mais sur une revendication très surprenante...

FACTURE et ses 10 associations locales, organisent un grand rassemblement en gare de FEYZIN, samedi 30 avril à 14h. A l’entrée de la plateforme ferroviaire de SIBELIN, complètement inadaptée aux trains longs de +1000 m nécessaires à un frêt qui se voudrait performant, mais aussi en pleine zone SEVESO, Feyzin représente le danger que pourrait représenter une explosion ou un accident dans un zone densément urbanisée.

Autrement dit, l’objectif ne serait plus d’assurer le contournement du fret de transit mais de mettre en cause le fret de desserte pour qui la gare de Sibelin est indispensable. Cela rejoint les propos du député de Feyzin, Yves Blein, qui explique que l’état n’a plus les moyens d’assumer tous les projets d’infrastructures, et même que la baisse du prix du pétrole rend le développement ferroviaire incertain... Dans une rencontre publique à Feyzin, il va jusqu’à évoquer l’hypothèse de ne pas réaliser du tout le contournement ferroviaire de Lyon ! C’est l’exemple même de la soumission aux règles du marché, de l’absence d’ambition politique nationale.

Dans ce contexte, comme le font trop souvent de faux écologistes plus intéressé à leur propre propriété qu’à l’intérêt général, certains dénoncent les risques pour mettre en cause l’existence même de Sibelin. Or, tout le monde sait que les risques sont fortement liés à la raffinerie de Feyzin,et plus généralement au transport liés à la vallée de la chimie ! Autrement dit, ceux qui agitent les risques industriels pour mettre en cause Sibelin, préparent l’opinion à la mise en cause de la raffinerie, et donc de la vallée de la chimie.

Au contraire, l’avenir de Sibelin comme de la vallée de la chimie est dans la réussite du PPRT, ce plan de prévention des risques qui arrive au bout d’une longue procédure pour la vallée de la chimie. Il prévoit des investissements privés et publics pour réduire les risques à la source, réduire leur impact sur les riverains, et dans quelques cas, interdire certaines activités, tout en recherchant les activités économiques compatibles qui valorisent le site.

Mettre en cause Sibelin, c’est jouer avec nos emplois et le dynamisme économique Lyonnais qui repose notamment sur la filière chimie. Ceux qui préfèreraient renvoyer cette industrie dans un tiers-monde sans contrôle et libérer d’énormes opérations foncières spéculatives sur les berges du Rhône travaillent contre l’intérêt général.

Au contraire, il faut utiliser le PPRT pour obtenir les décisions qui garantissent la sécurité des installations de toute la vallée, incluant la gare de Sibelin et ses liens avec la raffinerie. Les démarches publiques et les règles de sécurité que les PPRT ont imposé aux sites de production doivent s’étendre aux activités de transport. Il est par exemple inutile de stocker longtemps des marchandises dangereuses dans le système ferroviaire, et les acteurs industriels doivent assurer dans les conditions de sécurité nécessaire le stockage.

Bien sûr, j’ai entendu certains maires dirent "le fret ferroviaire, c’est dépassé". Et effectivement, il a perdu 31% d’activité en France de 2003 à 2013... mais il a augmenté de 43% en Allemagne, et même de 15% en Angleterre pourtant encore plus désindustrialisée que la France !

Et la gare de Sibelin à mi-chemin de l’Europe du nord et du sud est un véritable atout pour l’économie Lyonnaise et pour le fret. A condition de réaliser le contournement ferroviaire de transit au large, de relier correctement les zones économiques régionales en lien avec Sibelin, et enfin de relancer une vraie politique de fret à la SNCF, qui est un des acteurs de cette baisse continue du fret en France...

Au moment ou les premiers containers chinois de la route de la soie sont arrivés à Vénissieux, ceux qui parient sur la disparition du fret ferroviaire mènent un combat d’arrière-garde.