Avec les salariés de General Electric unis et en colère Enregistrer au format PDF

Mercredi 25 novembre 2020

J’ai participé ce mardi 24 au rassemblement des salariés de General Electric devant l’hotel mercure de Perrache où la direction organisait la première réunion de ce qu’ils appellent un plan de sauvegarde de l’emploi, et qu’il faut appeler par son vrai nom, un plan de suppression d’emploi !

Depuis des mois, les salariés sont mobilisés, élaborent des propositions alternatives au projet de la direction, mais se heurtent à un mur. Ils ont décidé un durcissement du mouvement en se mettant en grève totale reconductible depuis ce lundi 23. L’un des salariés a dit en direct au directeur France de l’entreprise : « si il faut manger des patates à l’eau, on le fera ; vous ne savez peut-être pas ce que c’est, mais nous on est habitués ; s’il faut dormir sur le site on le fera ; on gardera le front tant que vous ne ferez pas un pas vers nous »

Leur détermination et leur unité leur a permis une première victoire tactique : les négociations sont suspendues jusqu’à ce que la direction prenne en compte leurs revendications.

Après une heure et demi tendue devant la direction, les responsables syndicaux ont donné la parole aux élus présents. Je suis intervenu après Gilbert-Luc Devinaz, sénateur socialiste de Villeurbanne et avant Emilie Marche, conseillère régionale France Insoumise.

D’abord, je voudrais souligner la force et la détermination dont vous faites preuve. Vous avez collectivement exprimé votre colère, une colère légitime, dont vous avez montré la force en restant unis. Je sais que ce n’est jamais facile. On peut parfois exprimer sa colère en étant désorganisé, en créant des divisions, et à l’inverse, on veut parfois pour être unis faire taire la colère, se forcer à rester trop calme. Il faut pourtant les deux pour créer un rapport de forces et c’est ce que vous avez fait, en conjuguant colère et unité jusqu’à faire reculer la direction qui ne pourra pas tenir sa première réunion de plan social.

Ensuite, je ne connaissais pas votre directeur, monsieur Martinez, mais j’ai bien noté ce qu’il vous a dit. Il vous a proposé des mesures qu’il a qualifié de « survie », et de survie pour quelques uns seulement. Comment peut-on proposer cela aujourd’hui en France ? Quel dirigeant peut sérieusement nous proposer comme seul projet la survie ? Ce qui me conduit à une question. Qui est-il pour décider d’une telle violence contre vous ? Qui peut décider de votre avenir ? Pour les communistes, il faut le dire clairement. Ceux qui décident dans le capitalisme sont des gens bien loin de vos métiers, de vos produits, de vos sites industriels, comme de nos besoins collectifs, ce sont des actionnaires qui ne regardent qu’une seule chose, le cash que vous leur rapportez ! Ce n’est même pas qu’ils ne regardent que l’argent, mais qu’ils ne regardent que l’argent qu’ils vont pouvoir s’approprier, même pas l’argent qui peut aider l’entreprise.

Donc pour les communistes, permettez-moi d’être direct, ce sont les actionnaires qu’il faut virer, pas les salariés ! Ils savent vous mettre en opposition entre vous, organiser la concurrence entre Villeurbanne et Aix-les-Bains, la France et l’Italie, ou l’europe et la Chine. Mais ce n’est pas la Chine qui délocalise, c’est bien le groupe General Electric qui joue au monopoly, un monopoly destructeur où quand on achète une place, c’est pour en tirer toute la valeur avant de la détruire. Et ce n’est pas le gouvernement chinois qui a vendu Alstom à General Electric, c’est bien le gouvernement Macron et malheureusement, les précédents aussi !

Enfin, je voudrais vous alerter sur l’expression de transition énergétique, dont on dit parfois qu’elle serait contradictoire avec la restructuration de General Electric. Mais il faut être clair, la transition énergétique que nous connaissons en France avec le loi de 2015, c’est une transition capitaliste, qui repose sur la marchandisation de l"énergie et la privatisation de la filière autour d’EDF, donc la mise en concurrence partout. Ce n’est pas cette transition énergétique qui permettra de reconstruire une filière industrielle, au contraire, elle est étroitement liée à cette mondialisation capitaliste qui mets les travailleurs en concurrence. Vous le voyez tous avec le photovoltaïque qui est aujourd’hui massivement importé et qui de plus, émet presque 10 fois plus de gaz à effet de serre que le nucléaire existant.

Pour reconstruire une filière industrielle de l’électricité, il faut retrouver un grand service public de la production et la distribution d’électricité, renationaliser EDF, Engie et TOTAL, et il faut que l’état intervienne avec détermination pour reconstruire la filière industrielle et technologique, tisser des liens de coopérations entre les acteurs dont Alstom Energie. Puisque les actionnaires actuels de General Electric sont incapables de vous proposer un projet positif pour l’entreprise, ses salariés, ses partenaires et clients, il faut les virer !

j’étais déja intervenu au rassemblement devant l’entreprise à Villeurbanne le 28 octobre et j’avais récemment écrit au premier ministre pour demander son intervention et la suspension immédiate du PSE

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