Les émissions liées à l’électricité ont augmenté de 25% en Allemagne au premier semestre… faute de vent Enregistrer au format PDF

Mardi 21 septembre 2021

On cite souvent l’Allemagne comme un exemple. Elle a investi des sommes considérables sur le développement des renouvelables électriques pour pouvoir fermer ses centrales nucléaires. Elle dit vouloir arrêter ses centrales au charbon, mais pour l’instant, l’électricité allemande reste fossile pour moitié, et pire, pour le premier semestre 2021, les émissions liées à l’électricité fossile ont augmenté…

L’Energiewende (révolution énergétique) allemande présentée comme un modèle est en fait un échec. Une économie et une société modernes dont les besoins d’électricité augmentent rapidement, du fait notamment de la transition, ne peuvent pas reposer sur des moyens de production (éolien et solaire) dépendant de la météorologie et donc intermittents et aléatoires. Quand il y a peu de vent et un ensoleillement limité, l’électricité doit être produite autrement. En Allemagne, c’est avec des centrales thermiques au charbon et au gaz.

Les émissions de gaz à effet de serre en Allemagne provenant de la production électrique au augmenté au premier semestre de 2021 de 25%, soit 21 millions de tonnes, selon le think Tank allemand Agora Energiewende. Les émissions des centrales à gaz ont augmenté de 15%, celles au lignite (houille brune) de 36% et celle au charbon de 44%.

Il y a deux explications à cette situation. La première est la forte reprise de l’économie et de l’industrie allemandes après la récession de 2020 et un hiver rigoureux qui ont accru les besoins en électricité et la seconde est le manque de vent pour faire fonctionner les éoliennes. Les éoliennes terrestres ont produit en Allemagne sur les six premiers mois de l’année 46,8 TWh, soit 21% de moins que pendant la même période de 2020 (59,4 TWh). La production des éoliennes marines a également baissé de 16% à 11,7 TWh au premier semestre de 2021 par rapport à la même période de 2020.

Les conditions météorologiques très favorables en 2020 sont redevenues normales Il y a eu dans le même temps une légère augmentation de la production d’électricité solaire. Mais elle tient surtout à l’augmentation du nombre des installations et des panneaux et pas à des conditions d’ensoleillement plus favorables. En fait, contrairement à 2020, les conditions météorologiques en Allemagne en terme de vent et d’ensoleillement n’ont pas été supérieures à la normale ce qui explique les records alors de production d’électricité renouvelable.

En conséquence, la part des renouvelables dans la production électrique du pays a baissé pour la première fois à 43% du total au premier semestre de cette année contre 50% l’an dernier. Et même si la part des renouvelables progresse à nouveau dans les prochains mois et les prochaines années, il n’est pas sûr du tout que les émissions de CO2 vont diminuer.

Comme l’Allemagne va fermer des centrales nucléaires cette année et l’an prochain, cela devrait se traduire par une utilisation plus importante des centrales thermiques au charbon et au gaz et à nouveau augmenter les émissions de gaz à effet de serre. Sur les 56% de l’électricité produit en Allemagne en 2020 qui était faiblement carboné, 24% provenaient des barrages hydroélectriques, des centrales nucléaires et de la biomasse qui sont par définition des sources d’énergies moins intermittentes et aléatoires que l’éolien et le solaire.

Les failles de l’Energiewende (révolution énergétique)

L’augmentation des émissions et des coûts de l’électricité en Allemagne illustrent une fois encore les failles du modèle allemand de transition énergétique, l’Energiewende, prôné pourtant par bon nombre d’organisations écologistes en France. La transition ne peut se faire que par une augmentation forte de la consommation d’électricité par une électrification des usages dans les transports, l’industrie et la chaleur. Mais les sources de production d’électricité qui dépendent de la météorologie ne peuvent pas alimenter de façon fiable une économie et une société modernes. D’autant plus que l’Allemagne est aujourd’hui victime d’une double peine. Non seulement, elle ne réduit pas mais augmente ses émissions de gaz à effet de serre, mais son électricité est la plus chère d’Europe.

Selon les chiffres d’Eurostat, en 2020 le prix du kWh pour les particuliers y compris les taxes était en moyenne de 30,34 centimes le plus élevé d’Europe après celui du Danemark (28,33 centimes) qui dépend également beaucoup de l’éolien. Il faut comparer ces tarifs à ceux de 18,99 centimes en France, 14,27 centimes aux Pays-Bas, 22,39 centimes en Espagne, 22,24 centimes en Italie et 22,03 centimes au Royaume-Uni. Au premier semestre de 2020, le prix de l’électricité en Allemagne était supérieur de 43% à la moyenne européenne. Et il n’est pas prêt de baisser.

Au début de l’année, la Cour des comptes allemande a estimé que le pays avait besoin de dépenser 500 milliards d’euros d’ici 2025 pour assurer la fiabilité de son réseau électrique menacé par des pénuries et des coupures. L’Allemagne a dépensé des centaines de milliards d’euros depuis deux décennies pour se retrouver dans une situation où elle est menacée de pénurie d’électricité et produit une électricité 60% plus coûteuse que celle de la France et qui émet près de 10 fois plus de CO2 !

Cherchez l’erreur !

Voir en ligne : transition energies

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