Rue, réhabilitation, équipement public… la rénovation urbaine au couloud Enregistrer au format PDF

Vendredi 5 juillet 2019

Le projet de rénovation urbaine dans le quartier du couloud fait débat. Comme toujours en période préélectorale, tous ceux qui cherchent comment exister dans la vie politique se serve de ce débat pour tenter de diviser les Vénissians et de les opposer à l’équipe municipale. Il est donc d’autant plus important de prendre le temps nécessaire à un débat public éclairé, permettant de partager les dossiers tels qu’ils sont et pas tels que la rumeur les déforme. Les objectifs de la ville sont définis dans l’intérêt des habitants, actuels et futurs de ces quartiers, et nous avons déjà une longue expérience de cette transformation des quartiers que tout le monde peut constater à Vénissy ou à Amstrong, les deux premiers quartiers les plus impactés par cette rénovation urbaine. J’ai présenté ces enjeux dans un article général sur la rénovation urbaine. Mais je veux aussi entrer dans le débat sur ce quartier du couloud.

Ce quartier comme tous les quartiers des minguettes est marqué par les conditions de sa création… 2000 logements (1100 logement sociaux et 900 en copropriétés) entre la rue des martyrs de la résistance et la pente descendant vers les grandes terres constituée par le terrassement du chantier de la ZUP… C’est une petite ville de près de 8000 habitants avec un petit centre commercial et comme seuls équipements publics la maison des sportifs coté stade, la petite bibliothèque de quartier et… les écoles en contrebas du quartier.

La rue Komarov le découpe en deux parties, correspondant aux deux écoles, Jean Moulin et Henri Wallon. Chacun de ces deux quartiers est donc une petite ville… dont l’espace extérieur est banalisé. Personne ne sait bien qui est propriétaire de quoi, qui est responsable de quoi… C’est l’urbanisation typique des « grands ensemble » et depuis des années, les habitants, les collectifs de locataires, le conseil de quartier, et les élus, tentent d’obtenir des évolutions. Le cas le plus symptomatique est le célèbre parking Komarov, dont le foncier appartient à la métropole de Lyon, mais qui ne le considère pas comme un espace public, donc ne l’entretient que très peu, et qui est devenu très dégradé, à tel point que si comme prévu à l’origine, la métropole devait le « rétrocéder » aux propriétaires riverains, ceux-ci à juste raison demanderait un lourd investissement de remise en état !

  • J’ai le souvenir des interventions de parents d’élèves de Henri Wallon contre la fermeture de l’entée de l’école coté Cachin. Ils dénonçaient la dangerosité de la circulation des enfants dans ces voiries sans noms qui ne sont pas vraiment des voiries.
  • J’ai le souvenir des nombreux échanges sur les conditions difficiles de la collecte des déchets à l’intersection entre Grandes Terres, Alliade et Sacoviv, sur les responsabilités de l’entretien des espaces extérieurs entre Alliade et Sacoviv, des conflits répétés sur l’usage de l’espace public du « haricot » entre soyouz et alliade
  • J’ai aussi le souvenir des copropriétaires des Grandes Terres interpellant la métropole sur l’entretien du cheminement et de l’espace vert qui lui appartient à l’arrière…
  • J’ai aussi le souvenir des conflits d’usage nombreux sur cette « rue sans nom » qui est théoriquement une voie publique, mais non reconnue par la métropole. J’avais organisé il y a 15 ans comme président du conseil de quartier à l’époque l’affichage de panneaux de rues « rue sans nom » ! pour interpeller la métropole.

Donc, ma première réaction, c’est que ce quartier, comme tout les quartiers des minguettes, a besoin de transformation, de nouveaux équipements publics, d’une clarification des espaces extérieurs… Il a besoin de sortir de cet urbanisme des « grands ensembles » pour reconstruire de la proximité, de l’échelle humaine. C’est le but de la rénovation urbaine : relier, retisser, tranquilliser, sécuriser, s’approprier…

Je le dis avec amitié aux habitants que je connais et qui s’inquiètent. J’espérais depuis des années que la rénovation urbaine arrive enfin dans notre quartier ! Beaucoup d’efforts ont été fait sur d’autres quartiers des minguettes et pour l’instant, rien n’était venu sur Pyramide. La nouvelle phase de la rénovation urbaine est là, c’est une chance de résoudre de nombreux problèmes anciens et connus !

Mais que propose la rénovation urbaine au couloud et à pyramide ?

Rappelons d’abord que nous n’en sommes qu’à la première étape qui dessine une transformation du quartier à 15 ou 20 ans pour obtenir des engagements financiers de l’état, et créer le cadre dans lequel les projets vont se dérouler. Chaque projet demandera des études, une concertation sur les objectifs, les moyens, les conditions… Dans la première phase de la rénovation urbaine, certaines idées ne se sont pas concrétisées, d’autres se sont transformées, d’autres encore se sont ajoutées… Ce projet n’est pas un plan figé, c’est une intention pour justifier des financements…

- créer une nouvelle rue ? L’équipe d’urbaniste qui a travaillé sur notre quartier fait le même constat qu’ailleurs sur l’absence de trame urbaine claire pour des quartiers aussi grand qu’une petite ville. Qui imagine une ville de 4000 habitants sans rues internes ? Le plan général prévoit donc une « nouvelle rue » de Cachin à Komarov, mais cette rue n’est vraiment nouvelle que coté Cachin. Elle vient en fait remplacer la « rue sans nom » existante et qui n’est absolument pas gérée comme une voirie, avec un stationnement et une propreté difficile.

Pourquoi aller jusqu’à Cachin ? Parce que les urbanistes savent que ce qui fait la ville, ce sont justement des rues qui relient et servent des îlots de logement. Mais contrairement aux USA où la ville est faite pour la voiture, une rue de ville en France a toujours fait une place aux piétons, et depuis 10 ans notamment dans la métropole de Lyon, elle fait une plus grande place à tous les modes « actifs » (marche, vélo…) et encadre plus fortement la place de la voiture [1]. Je conseille à tous d’aller voir et comparer la rue Garibaldi nord, qui n’est pas encore transformée, à la rue Garibaldi à hauteur de la Part-Dieu devenue en partie un mail piéton et cycliste qui a redonné la rue aux habitants ! Dans l’esprit de l’urbaniste, la première fonction d’une rue n’est pas la vitesse de transit mais au contraire, la facilité et la lisibilité de l’accès aux différent bâtiments, dans tous les modes de déplacement.

et pour le logement ? Le fait de relier la rue jusqu’à Cachin oblige à démolir deux allées de la SACOVIV. Comme toute démolition urbaine, elle donne évidemment des droits prioritaires aux locataires, et je peux témoigner que les moyens affectés sur le relogement urbain sont importants. Je peux évidemment m’engager d’autant plus qu’il s’agit de la SACOVIV sur l’écoute des souhaits des locataires. La ville intervient pour tous les relogements pour défendre le droit des locataires qui le souhaitent à rester à Vénissieux, elle le fera évidemment plus facilement encore pour sa SEM logement.

Par contre, nous buttons toujours sur l’interdiction faite par l’état et la métropole de reconstituer les logements détruits à Vénissieux. Pour la métropole, ils seront reconstitués ailleurs par un autre bailleur avec des financements spécifiques. C’est pourquoi j’ai écrit au préfet en tant que président de la SACOVIV pour demander une dérogation autorisant la SACOVIV à reconstituer ces logements à Vénissieux. La métropole a tenu compte de cette perte pour la SACOVIV en nous accordant un lot de 26 logements sociaux au Puisoz. C’est une bonne chose, mais ne répond pas au problème initial.

Mais le plus gros investissement logement de cette rénovation urbaine est évidemment la réhabilitation des logements SACOVIV, engagé pour les allées 39 à 59 dans ce qu’on a appelé le « protocole de préfiguration », mais qui se poursuivra avec cette convention pour les autres allées.

Le projet prévoit aussi une rénovation « lourde » des trois tours Komarov, qui sont conservées compte tenu de leur position en bordure du belvédère avec une vue magnifique sur les Alpes. Je suis personnellement très attentif à la qualité de ce projet, car, comme me le disait un militant d’une amicale de locataires de la Duchère « pourquoi les riches ont droit à des tours de luxe comme à Confluence avec la tour Jean Nouvel, et qu’on détruit les tours des pauvres ? ». Je suis persuadé qu’on peut habiter en étage élevé et bien vivre ! Mais il faut y mettre vraiment des moyens !

Personnellement, je pense aussi que nous pourrions proposer un projet de construction de logement à l’Est du parking Komarov, car notre quartier a besoin de rénovation mais aussi de voir apparaître du neuf, sous des formes nouvelles.

quoi de neuf pour le service public ? La rénovation urbaine prévoit, enfin ! un équipement public pour notre quartier. Si on met de coté la maison des sportifs, notre quartier de 8000 habitants n’a en gros pratiquement aucun équipement public non scolaire ! Les conditions d’accueil des permanences du conseil de quartier par exemple, ne sont pas à la hauteur de ce que la ville veut faire… De même, la présence de la bibliothèque de quartier destinée aux enfant dans un centre commercial voisin d’un bar n’est vraiment pas le mieux !

C’est pourquoi la ville a inclus dans la rénovation urbaine la construction d’un équipement public avec la bibliothèque, une salle de réunion, le local du conseil de quartier, l’équipement polyvalent jeunes… La localisation n’est pas décidée, mais il pourrait se trouver justement sur ce parking Komarov, ce qui serait l’occasion de demander à la métropole de rénover ce parking en le redonnant à ses riverains.

Au total, je comprends les inquiétudes exprimées par certains, même si je sais qu’elles sont attisées par des militants aux intentions électorales bien différentes. Mais je suis sûr que nous aurions tort de nous replier sur le quartier tel qu’il est et de refuser tout changement urbain. La rénovation urbaine est une chance pour la ville, pour tous les quartiers. A ceux et celles qui s’inquiètent d’une rue, je propose d’organiser une visite du quartier Amstrong ou des rues ont été crées. Tout le monde peut constater que le quartier avec ces nouvelles rues est bien plus sûr que le quartier d’il y a 20 ans avec de grands parkings et des voiries non gérées autour des tours… Evidemment, cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de problème, mais personne ne regrette le quartier d’avant !

Bref, nous aurons de très nombreuses occasions de rencontres publiques, de consultations, de concertations dans les années à venir. Ce sera le défi de la réussite de cette deuxième phase de rénovation urbaine, même si le sujet d’actualité, c’est d’obtenir le maximum d’engagements de l’état. Le maire défendra notre dossier dans quelques jours à Paris… J’espère que nous aurons rapidement de bonnes nouvelles !

[1Il faut espérer d’ailleurs qu’un jour, la rue des martyrs de la résistance soit retraitée comme une rue avec une piste cyclable, du stationnement longitudinal, et une forte réduction de la largeur utile à la voiture et donc… de la vitesse !

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