Une nouvelle majorité métropolitaine pour une autre métropole Enregistrer au format PDF

Lundi 27 juillet 2020

Monsieur le président, chers collègues.

Depuis la victoire officiellement de gauche en 2001, l’agglomération lyonnaise a connu un développement inégal, injuste socialement et territorialement, rejetant l’industrie et les milieux populaires de son cœur. Gérard Collomb triomphant en 2008, élargissait sa majorité à droite, toujours plus en 2014 pour une majorité qui préfigurait le en même temps macroniste, pour finir en 2020 par dire sa vérité, toute à droite. La sanction est lourde, le nouveau monde était bien l’ancien monde des combinaisons et des soumissions à un régime présidentialisé. Permettez-moi de rappeler cette séance ubuesque après l’annonce par les deux seigneurs locaux de la création de la métropole, des élus médusés et interrogatifs restant très majoritairement silencieux devant l’oukaze des présidents.

Notre majorité ne refera pas ces grands projets dont se vantait Gérard Collomb, ni ce grand stade privé sur un espace naturel contribuant à l’étalement urbain, ni cette autoroute urbaine de l’anneau des sciences, ni cette privatisation de l’hôtel dieu en hôtel de luxe… La métropole de Gérard Collomb n’était pas celle de l’humain et de l’urbain, mais celles des inégalités et de la concurrence, pilotée par un cabinet omnipotent. Nous allons inventer une autre métropole, et c’est un redoutable défi, qui est d’abord un défi démocratique.

Notre majorité est élue avec un record d’abstention. Sur la ville de Lyon, il y a eu 108 451 votants le 15 mars dernier, un peu moins le 28 juin, un tiers de moins qu’aux européennes en 2019 (154 283 ) et moins de la moitié des présidentielles de 2017 (238 259). Des milliers d’abstentionnistes ont exprimé leur désarroi devant ce qu’ils ont vécu, à gauche comme à droite, comme des trahisons, des artifices, des compromissions. Ce que certains appellent une vague verte s’inscrit dans un courant profond de démobilisation citoyenne.

Nous avons une immense responsabilité, retisser un lien citoyen avec tous ceux qui se sont éloignés du vote. Je pense d’abord à ceux qui s’en sont éloignés pour des raisons sociales, de précarité économique. L’abstention est d’abord le thermomètre de la fracture sociale, des inégalités toujours plus fortes dans cette métropole dont les écarts de revenus se creusent chaque année entre quartiers, avec la totale désindustrialisation de Lyon (un des derniers sites majeurs, JST dans le 8e est pratiquement vide), la hausse vertigineuse du foncier et des loyers qui rejettent toujours plus de salariés hors de la ville centre.

Il y a aussi ceux qui se sont éloignés pour des raisons politiques, ces lyonnais qui avaient élu un maire socialiste qui leur demande de voter pour le représentant de la droite, comme ces électeurs de droite à qui on a demandé de soutenir l’alliance avec celui qu’ils croyaient combattre. Certains pensent que le clivage écologique a rendu le clivage gauche-droite inopérant. Nous affirmons au contraire qu’il est plus actuel que jamais. Oh bien sûr, pas dans les représentations médiatiques ! La gauche qui a produit Gérard Collomb ou François Hollande a tellement trahi ses idéaux qu’elle ne peut plus servir de repère populaire. Mais la reconstruction d’une gauche de combat retrouvant ses racines est indispensable à notre majorité pour répondre à ceux qui s’abstiennent.

Pour nous, il n’y a pas d’écologie capitaliste, le profit n’aura toujours qu’une seule règle, lui-même, et comme le dénonçait Marx, en épuisant la terre et le travailleur. Et si personne ne supprimera d’un trait de plume le capitalisme, une volonté politique forte, un état se donnant les moyens de la planification peut imposer l’intérêt général à l’initiative privée.

Ainsi, il n’y a pas de transition écologique dans la soumission à l’intérêt privé. C’est ce que montre l’échec de la loi de transition énergétique pour la croissance verte qui a privilégié le marché sur le service public, le signal prix sur la volonté politique, les appels à projet sur la planification démocratique. Il n’y a pas d’écologie qui ne soit pas sociale et populaire. Interdire l’agglomération à un travailleur et sa vieille voiture pendant qu’il voit passer un 4x4 de luxe vignette Critair 1, c’est opposer écologie et social, et se tirer une balle dans le pied.

C’est pourquoi nous voulons contribuer à la majorité nouvelle de la métropole en faisant vivre l’exigence de changement de société à travers les projets que nous porterons pour plus de justice sociale et territoriale, pour retrouver une industrie produisant pour répondre aux besoins.

Notre majorité est plurielle, faisons la vivre dans le débat politique avec fraternité et franchise. Ne craignions pas la confrontation d’idées. Rien n’est pire pour la fracture politique que le faux consensus des politiques actuelles, nationales et métropolitaines, qui masquent les contradictions derrière un discours médiatique dominant.

Les chantiers sont nombreux.

  • Celui des déplacements avec notre proposition d’un grand débat public avec les usagers pour redéfinir un plan de déplacement urbain ayant l’ambition d’une part modale des transports en commun supérieure à celle de la voiture.
  • Celui de la sécurité publique et de la citoyenneté avec le besoin d’une action déterminée contre les violences routières, le vandalisme public que nous avons connu autour du 14 juillet partout, les incivilités de la propreté et de l’environnement.
  • Celui de la place des communes dans l’institution métropolitaine, avec leur reconnaissance comme collectivité pleine et entière dans le pacte de cohérence métropolitain, avec aussi les moyens d’une démocratie participative ancrée dans les quartiers.
  • Celui du logement avec la nécessité de doubler le rythme de mise à disposition de logement social pour commencer à réduire, enfin, la file d’attente des demandeurs et les délais de l’urgence.
  • Celui de la santé avec la défense des hôpitaux de proximité, le développement de la santé publique, scolaire, du travail, de la prévention…
  • Et encore ceux de l’industrie, de la santé, du numérique, de la formation professionnelles, de l’insertion…

Il y a 4 ans, je m’étais exclamé dans ce conseil « J’ai rêvé d’un autre agglomération » Nous voulons contribuer à la réussite de ce mandat, passer du rêve à l’action pour changer cette métropole.

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