Vénissieux, l’écologie et les communistes Enregistrer au format PDF

Article dans la revue progressistes du PCF
Samedi 21 décembre 2019 — Dernier ajout dimanche 22 décembre 2019

Le rédacteur en chef de la revue « progressistes », une revue du PCF, m’a demandé un article sur l’expérience de Vénissieux sur l’écologie.

Les communistes sont les meilleurs défenseurs de l’environnement, dans la bataille pour une autre société, comme dans la gestion municipale. Parceque nous luttons pour les intérêts de tous, et notamment des plus pauvres, de la majorité des salariés dont le travail est sous-payé, l’environnement n’est pas pour nous une question isolée, celle dont tout dépend, mais l’enjeu du rapport entre l’homme et la nature, indissociable donc des questions sociales et économiques. Pour nous, l’environnement est une exigence publique, de dignité de vie, de réponse aux besoins légitimes individuels et collectifs. On est très loin des « éco-gestes » à la mode qui cachent le système économique derrière les comportements individuels ou derrière des choix techniques. C’est pourquoi les communistes dans les villes qu’ils dirigent ont été les premiers à développer des jardins ouvriers, des espaces naturels protégés, à interroger les conditions de travail dans l’industrie et son impact environnemental, à chercher comment considérer les déchets comme une richesse à valoriser et non pas une charge à se débarrasser, à défendre les transports en commun publics.

Le bilan de la ville de Vénissieux est illustratif.

C’est la ville de la métropole du Grand Lyon avec le plus fort taux d’énergie renouvelable, notamment parce qu’elle a fait il y a longtemps le choix du réseau de chaleur urbain qui couvre désormais plus de la moitié de la ville, abandonnant le fuel pour la biomasse dès 2005. Une des premières à avoir réalisé des installations photovoltaïques auto-consommées sur équipements publics, la première à tester des chaudières thermodynamiques innovantes qui doivent diviser par deux la consommation de gaz. Malgré l’augmentation du nombre de points lumineux, le passage en Led, la réduction du niveau d’éclairage et l’extinction nocturne ont permet de réduire chaque année la consommation électrique de l’éclairage public. La ville a obtenu en 2013 le label Citergie pour son plan climat-énergie.

Vénissieux est une ville verte avec une place reconnue de la biodiversité. Les jardiniers de la ville sont passés au zéro phyto avec auxiliaires de culture dès les années 90. La ville a contribué à la réussite des « grandes terres » avec les communes voisines de Corbas et Feyzin dans un syndicat intercommunal malheureusement dissous par la création de la métropole de Lyon. Cet espace agricole raisonné était géré avec les communes, les agriculteurs, chasseurs, promeneurs, ornithologues, associations. Des écoliers plantent chaque année une haie diversifiée, que les agriculteurs respectent avec des bandes enherbées non cultivées. Cet espace a connu une explosion de biodiversité notamment d’oiseaux. La ville développe des jardins collectifs et partagés. Elle vient de créer un jardin de la biodiversité. Elle installe des composteurs publics qui sont une démonstration pédagogique et citoyenne d’une autre approche des déchets. Les nombreuses actions de son agenda 21 en font une ville référence sur la place de la nature en ville, qu’elle a défendu auprès de la métropole dans la préparation du PLU-H en demandant une part de pleine terre significative.

Vénissieux est une ville où les mobilités se transforment rapidement. L’arrivée du métro puis du tram qui ont transformé la ville ont été accompagnée par un développement volontariste des infrastructures de modes actifs. Le résultat se voit avec une progression significative du nombre de cyclistes. Malgré toutes les pressions, le stationnement est resté gratuit avec la création d’une zone bleue pour réduire le mésusage du stationnement public gratuit.

Tout cela dans une ville populaire, ou le taux de pauvreté est élevé, où la bataille contre les précarités et pour l’emploi et le droit au logement est centrale. Un exemple révélateur. Un des sites industriels de la ville était le plus grand polluant du Sud-Est de la France pour les HAP. La ville a fait pression pendant des années, jusqu’à obtenir une limitation préfectorale de l’autorisation de production, mais tout en travaillant avec l’entreprise pour éviter la fermeture. Cela a conduit à un investissement de 25M€ pour une rénovation totale du système de filtration qui a transformé le site en un exemple d’industrie à faible impact environnemental !

Voilà ce que les communistes portent dans le débat sur l’écologie, quand d’autres ne savent jamais où se situer dans ces batailles économiques et sociales. Un coup avec la droite, un coup avec la gauche… avec des dirigeants qui sautent sur la première place de ministre possible, désespérant souvent les militants sincères, contribuant à la confusion politique exploitée par tous les populistes, et notamment par Macron.

Le débat médiatique actuel sur l’écologie est trop souvent un piège pour détourner les citoyens des enjeux environnementaux réels. Non, on ne répondra pas au défi climatique en oubliant la question du système économique et sociale. Il faut bousculer les pouvoirs dans l’entreprise, dans l’état, dans la finance, pour imposer l’intérêt général, celui des salariés et des quartiers populaires.

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