de retour du congrès HLM Enregistrer au format PDF

Vendredi 12 octobre 2018

Comme chaque année, j’ai participé au congrès HLM, qui se tenait cette fois à Marseille, ce qui m’a permis de rencontrer beaucoup d’acteurs du logement social et de mieux comprendre comment être plus efficace pour la SACOVIV, et comment défendre ce logement social que les réformes du gouvernement ont fortement mis en cause.

La colère des acteurs du logement social s’était exprimé vigoureusement l’an dernier au congrès de Strasbourg, avec des ministres chahutés en séance plénière. Cette année, tous les bailleurs gèrent les conséquences de la ponction par l’état de 800 millions cette année sur leur recette, tous cherchent comment s’adapter au cadre imposé de restructuration de la loi ELAN… L’USH, l’organisme professionnel des bailleurs sociaux, avait cette fois choisi de ne pas heurter le gouvernement en se limitant à l’exposé des difficultés, sans critique directe des ministres… Le président de l’USH alertait ainsi sur la baisse de la construction de logements en 2017, baisse qui se poursuit en 2018, souhaitant que le gouvernement accepte un bilan de la baisse des APL pour réduire ce qui sera demandé aux bailleurs l’an prochain. Ce choix de l’USH d’accompagner le gouvernement a été vivement dénoncé par les associations de locataires, dont la CNL qui diffusait un tract titré « l’Union sociale CONTRE l’habitat ». Les élus communistes du logement ont été les seuls élus à se réunir à ce congrès pour porter la critique de la politique gouvernementale en distribuant aux congressistes « l’appel d’Aubervilliers pour le logement ».

Mais dans le congrès, tous les discours donnaient des arguments pour défendre les HLM, parfois de manière très feutrée, parfois de manière plus directe. Le rapport introductif au congrès affirmait clairement « Baisse de la production de logements sociaux, ralentissement de l’accession sociale : le Mouvement Hlm appelle le Gouvernement à tirer sans délai les leçons des premiers effets de ses décisions budgétaires », mais c’était un des seuls mots revendicatifs « officiels »…

Contrairement aux discours gouvernementaux disant que le logement social en France est en échec, beaucoup de présentations montraient le contraire, soulignaient le rôle primordial des HLM au service de millions de locataires, affirmant que « les HLM sont une chance pour la France ».

Ainsi, les chiffres sont têtus, tout compris, la dépense publique consacrée au logement (subventions, allocations, avantages fiscaux et de taux) a représenté 41,9 milliards d’euros alors qu’il a rapporté près de 74,4 milliards d’euros à l’État (TVA, impôt sur les sociétés..). Autrement dit, le logement est une recette nette pour l’état ! Et l’USH précise que si le logement social représente 39,4% de cette dépense, ce n’est pas beaucoup plus que le secteur locatif libre consomme 30% des aides. C’est pourtant au seul secteur locatif social que l’État demande des efforts !

Oui, les chiffres sont têtus ! les HLM ne logent pas des gens qui n’y ont pas leur place, au contraire, 60% des logements HLM sont occupés par les ménages pauvres, et 60% des pauvres sont logés en HLM… Car le loyer HLM est beaucoup plus bas que le loyer dans le privé, et augmente moins vite ! C’est pourtant aux bailleurs sociaux que le gouvernement a demandé de baisser les loyers ! Le taux d’effort des locataires du privé est nettement plus élevé, malgré les allocations logement, donc y compris pour les plus pauvres. C’est dans le logement social que le taux d’effort est le plus bas ! Le logement HLM remplit bien son rôle, et les drames récents dans des logements privés insalubres montrent qu’en plus, les HLM sont en moyenne de meilleure qualité de vie que beaucoup de logements privés !

Des économistes ont calculé ce que représentait cet « avantage HLM » grâce à un coût total du logement plus bas que dans le privé. Cela représente 14 milliards d’euros que les locataires HLM aurait payé en plus si les HLM n’existait pas, autrement dit cela représente 14 milliards que ces familles ont pu dépensé pour se nourrir, se vêtir, se soigner, se cultiver… C’est indirectement une très grande contribution à la lutte contre la pauvreté.

Beaucoup d’interventions rappelaient aussi au gouvernement que les bailleurs savaient compter et pouvait comparer les politiques du gouvernement avec ce qui se faisait en Angleterre ou en Allemagne.

Le président de l’organisme européen des HLM, « Housing europe », expliquait malicieusement en attendant le ministre qu’en Angleterre, Theresa May venait d’annoncer un programme de 2 Milliards de livres pour le logement social, et qu’en Allemagne, Angela MErkel venait d’annoncer un programme de 6 Milliards avec les régions allemandes… Ce sont des gouvernements franchement de droite en Europe qui défendent le logement social et investissent l’argent public de leur état. Dans les deux pays, ils sont expérimentés les solutions de privatisation que le gouvernement Macron impose en France, et ils en reviennent car ils en constatent l’échec !

Pendant ce temps, le budget 2019 de la France prévoit… 0 euros pour l’aide à la pierre, une aide qui approchait le milliard il y a 10 ans. Et le gouvernement continue avec des effets de manche médiatique, annonçant 5 milliards pour le renouvellement urbain, mais avec l’argent des autres ! 2 milliards viennent d’action logement, donc des salariés, 2 milliards viennent des bailleurs, donc des locataires, et 1 milliard doit venir de l’état… qui n’a pour l’instant rien mis dans le budget 2019 !

Ce ne sont plus des promesses, ce sont des mensonges publicitaires !

Heureusement, il y a plein de choses intéressantes dans ce congrès.

  • un atelier sur les punaises de lit dont la propagation continue et qui préoccupent tous les gestionnaires
  • un atelier sur un nouveau système de déclaration des incivilités, qui ne m’a pas convaincu à vrai dire…
  • comme toujours de nombreux contacts sur des techniques ou solutions qui pourraient être utiles pour les locataires de la SACOVIV, comme un capteur de la qualité de l’air intérieur, des systèmes de communication numériques avec le locataire…
  • et beaucoup de contacts avec d’autres bailleurs qui cherchent à s’adapter à la loi ELAN et aux objectifs de restructuration du gouvernement. Ces contacts me confirment dans la pertinence des démarches engagées par la SACOVIV pour son avenir.

Je ne suis pas resté écouté le ministre, j’ai préféré rentré pour le conseil de quartier Gabriel Péri. Ce sont les citoyens qui ont la clé de toutes ces questions !

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