Assises des quartiers populaires de la métropole du Grand Lyon

égalité, égalité, égalité… sans conflictualité ? Enregistrer au format PDF

Vendredi 7 avril 2023 — Dernier ajout samedi 8 avril 2023

Les assises des quartiers populaires ont été riches et denses avec un très grand nombre d’interventions sous des formes diverses, vidéos, graphiques, théâtrales, tables rondes… Il en reste évidemment une frustration, je ne suis sans doute pas le seul à avoir eu envie de réagir, de contester… depuis le discours introductif du président qui à aucun moment n’interpelle l’état et le ministre qui devait venir, jusqu’aux conclusions du vice-président qui évoque les habitants bousculés par les démolitions sans dire que beaucoup le vivent comme une chance d’avoir droit à un meilleur logement, évidemment en restant « chez eux », dans leur ville et leur quartier, ce qui interroge le tabou stupide imposé par l’ANRU interdisant la reconstruction de logements sociaux dans les quartiers…

Le ministre Klein à distance des assises des quartiers populaires…

Le ministre devait venir.. il n’est qu’en vidéo, même pas en direct, ce n’est pas qu’il n’a pas trouvé de train à cause de la grève, mais qu’on vit dans un pays ou un ministre ne peut ou ne veut plus prendre le risque de se faire interpeller dans le contexte du mouvement social, une terrible illustration de la rupture démocratique…

Et la vidéo du ministre en rajoute. Il ose faire comme si tout allait bien, qu’il allait organiser une grande participation en laissant croire que le gouvernement allait écouter les habitants des quartiers… Ce pouvoir a réduit brutalement les moyens des bailleurs sociaux, a réduit les dépenses totales pour le logement, et un ministre vient faire croire qu’il va être à l’écoute ?

J’ai pris l’initiative d’une réaction orale forte en m’exclamant « que du bla bla, il nous écoutera comme pour les retraites… »

L’égalité, c’est d’abord le droit de contester !

C’est un des enjeux pour moi de ces assises organisées par la métropole. Comment faire entendre les contradictions, les revendications sans réponse, les injustices et les responsabilités ? On ne va pas « bousculer » la politique de la ville sans luttes, sans rapport de force, et donc sans engagement politique…

Le vice-président Renaud Payre répétera avec force que le premier objectif de la ville c’est l’égalité, le répétant trois fois « égalité, égalité, égalité… ». Mais comment imaginer l’égalité quand les revendications sont niées, même et surtout les plus fondamentales, emploi et logement ? Le mal logement s’aggrave, comme le montre chaque année le rapport de la fondation Abbé Pierre, et qu’en dit le ministre ? rien ! Le président de la métropole aurait du mettre ce défi sur la table dès l’introduction !

Nous avons besoin de conflictualité pour sortir des fractures démocratiques. Et voici quelques exemples qui me brulaient les lèvres pendant les assises.

Des exemples de contestation qui demandent un débat

Non l’urgence n’est pas en même temps la fin du monde et la fin du mois… Ce devrait être une évidence ! Bien sûr que la fin du mois, une question de jours, une question de son porte-monnaie vide qu’on tient dans la main et qu’on ne sait comment faire manger ses enfants, est plus urgente que la fin du monde, une question d’années ou de décennies qu’on ne voit qu’indirectement dans l’effet des changements climatiques…

Non, j’affirme que l’urgence est sociale, sans quoi il n’est pas de transition écologique possible. Ou alors, tout est urgent, et rien ne l’est alors vraiment. Mieux encore, c’est en s’attaquant aux injustices de ce système économique qu’on l’oblige à se préoccuper vraiment de l’intérêt général, et donc qu’on le rend capable de se préoccuper de la planète. Sinon, on a un gouvernement qui mets 413 milliards d’euros dans les armées d’ici 2030 et qui est incapable de trouver 12 milliards pour équilibrer les retraites en 2035 ! Qui peut croire qu’il va s’engager vraiment pour une réelle « transition écologique » ?

L’urgence sociale dans la métropole de Lyon !

J’ai eu l’occasion de rencontrer avec les autres conseillers métropolitains l’équipe de la maison de la métropole de Vénissieux Parilly. Un chiffre m’a frappé. De 2019 à 2022, le nombre de foyers relevant du RSA est passé de 6100 a 9200 dans les portes du sud alors que les dépenses de RSA baissent dans la métropole.

Le pourcentage d’attribution au premier quartile hors quartiers prioritaires, qui mesure la capacité à accueillir les publics les plus pauvres est en baisse alors que l’objectif était de le porter à 25% ! Autrement dit, on accueille moins les plus pauvres qu’il y a 5 ans dans la majorité des communes ! Et cela avec une majorité écologiste… et de gauche !

Au fonds, tous les travailleurs sociaux savent que ce n’est pas le résultat d’une politique locale, mais au contraire, de son incapacité à résister à la vague créée par les politiques nationales. Mais on n’en parle pas ?

Là aussi, j’aurai voulu faire entendre les contradictions. Sans engager une rupture sur ces ségrégations sociales, il n’y aura ni réponses sociales ni réponses écologiques…

Mixité sociale dans les collèges, un problème des pauvres ?

Plusieurs intervenants en parlent, la vice-présidente Moreira, mais aussi le vice président de la ligue de l’enseignement, Mr Butzbatch qui dit que la république doit mélanger les enfants pour refuser les « collèges guettos »… J’aurai voulu lui dire que je refuse cette expression de collèges guetto qui ment sur les immenses efforts et les incroyables succès des équipes pédagogiques, culturelles, sportives qui se battent pour les ados dans ces quartiers. Il y a des milliers de réussites individuelles et collectives dans nos quartiers et collèges ! Il faut faire connaitre ce que ces ados réussissent dans leurs études, leurs aventures, leurs créations. Qui peut parler de guetto quand il assiste à l’extraordinaire soirée du 8 mars à la médiathèque de Vénissieux avec les ados des équipements polyvalents jeunes de Vénissieux ?

Car au fonds, cette mixité sociale est-elle le problème de quartiers prioritaires ? Pourquoi ne pas dire la vérité, que ce sont les riches qui font tout pour refuser que des pauvres viennent habiter dans leurs quartiers ? Il faut dire comment les riches organisent la ségrégation territoriale :

  • ils refusent la construction de logements sociaux,
  • ils refusent les attributions de logements aux plus pauvres (la part des plus pauvres dans les attributions de logement est en baisse dans la métropole hors quartier prioritaire alors que l’objectif public était d’atteindre 25 !%).
  • et ils envoient massivement leurs enfants dans le privé.

Cette injustice criante se voit dans les résultats des collèges en tenant compte de leur composition sociale. Ceux qui font les collèges dans les quartiers populaires font dans ce contexte des choses extraordinaires et obtiennent des résultats !

Le « problème » de la mixité, c’est la ségrégation organisée par les riches…

Des assises qui rassemblent pour peser sur les futurs contrats de ville !

Les ateliers et leurs bilans lors de ces assises resteront des temps forts pour tous les acteurs de la « politique de la ville ». Ils nous aideront dans les discussions à venir sur les futurs « contrats de ville » qui doivent orienter le travail de tous pour mobiliser le droit commun, et le renforcer d’actions sociales, culturelles, sportives, environnementales, économiques, alimentaires, de solidarité…

Mais personne ne sait à ce jour ce que prépare un gouvernement sourd aux expressions populaires. Personne n’attend de décisions budgétaires positives, et on ne sait même pas quand se tiendra le comité interministériel des villes qui est supposé définir le cadre de ces contrats de ville qui doivent être signés d’ici la fin d’année. Comment croire alors le discours du ministre sur l’écoute des habitants ? comment croire les promesses de « coconstruction » ? Comment croire Mohamed Mechmache qui préside la commission « participation citoyenne des quartiers » ?

La métropole, la préfecture, les communes, les bailleurs, les associations, tous les acteurs de la politique de la ville vont travailler pour réussir de nouveaux contrats de ville utiles. Mais pour bousculer cette énorme machine institutionnelle de la politique de la ville, et que le ministre, en supposant qu’il le souhaite, obtienne quelque chose de nouveau du gouvernement, il est urgent que des habitants se mobilisent et s’organisent !

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