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Qualité de l’air, comment agir utilement ?Publié le : 12 novembre 2021 Les envois de la lettre ayant été interrompu depuis la rentrée, je me permets de vous signaler cet article sur un sujet très actuel, la pollution de l’air. La dernière étude de santé publique France donne des chiffres intéressant sur le confinement, et actualise l’évaluation de l’impact sanitaire de la qualité de l’air, en différenciant pour la première fois l’impact des poussières de l’impact des oxydes d’azote. Un résultat surprenant qui interroge les politiques publiques en discussion. |
Impact sanitaire de la qualité de l’air, l’amélioration continue...Il y a 5 ans, j’avais tenté de vulgariser les présentations du pole de compétitivité LUTB sur les émissions de particules fines, puis le rapport de Santé Publique France sur la qualité de l’air de 2016 et la notion de "mortalité prématurée". Une nouvelle étude de septembre 2021 tient compte de l’expérience que nous a imposé le confinement en mars 2020 et de ses effets sur les déplacements et les pollutions associées. Ce rapport en profite pour mettre à jour les évaluations faites sur la période 2009-2016 et dans le contexte du débat sur la ZFE, il était évidemment utile de la découvrir. Voici donc les principales informations de ce rapport. Quelques rappels. Les études sur la pollution de l’air suivent deux pollutions principales, les poussières (PM) qu’on différencie par leur taille (PM2.5 PM10...) et l’oxyde d’azote (NOx). On suit aussi le souffre (SO2), mais qui est devenu marginal [1], et l’ozone, qui est une pollution indirecte à partir de l’oxyde d’azote [2]
Cette étude confirmait la rapide réduction des pollutions, de l’ordre de 50% en 15 ans [3], autant pour les NOx que pour les PMx, une des raisons principales pour les NOx est l’évolution du parc automobile, les véhicules s’améliorant de manière rapide. Pourtant, cette amélioration ne suffit pas dans de nombreuses agglomérations dont celle de Lyon pour respecter les normes de l’OMS sur les niveaux d’émission. C’est pourquoi l’étude de santé publique France évalue l’impact sanitaire de cette pollution par rapport à plusieurs situations de référence pour calculer une "mortalité prématurée" qui s’évalue en nombre de personnes ayant perdu un certain nombre de mois d’espérance de vie.
C’est le contexte de la loi créant les ZFE contre la pollution de l’air. Comme je le disais, pour juger de l’utilité de la ZFE pour la qualité de l’air, il faut donc savoir si elle accélère ou pas une tendance déjà bien installée... La très forte baisse des déplacements pendant le confinement a eu un effet mesurables sur l’impact sanitaire de la qualité de l’airIl y a bien eu une très forte baisse des émissions pendant les trois semaines de confinement strict, et encore forte jusqu’en juin. Elle est plus marquée sur le NOx que sur les PMx ce qui est normal, puisque les transports, qui ont été pratiquement arrêté pendant le confinement, produisent l’essentiel des NOx, alors que les poussières ont des sources plus diverses. A noter cependant pour les poussières que Lyon est une exception puisqu’en plein confinement en mars, nous avons connu un pic de pollution aux poussières signalé par l’organisme de surveillance de l’air ATMO
Pour les NOx, c’est bien sûr la région parisienne où les émissions sont le plus élevées, et la carte des baisses d’émissions ressemble étrangement à la carte des flux de circulation autoroutière. De fait, la circulation ayant pratiquement disparu sur les autoroutes, les émissions de NOx qui sont caractéristiques du transport routier ont aussi fortement baissées. Le résultat en terme de santé publique est évalué par le rapport pour la première fois en faisant la différence entre ce qui vient des poussières et ce qui vient de l’azote. [5] Résultat, les poussières pèsent pendant le confinement deux fois plus que l’azote [6].
Cet impact sanitaire n’est pas direct, la majorité de ces décès ne sont pas du à une pathologie déclenchée par la pollution, mais aggravée ou révélée par elle.
Réévaluation de l’impact sanitaire de long terme pour la période 2016-2019C’est sans doute le plus important de ce rapport, une mise à jour de l’étude publiée en 2016 et de l’impact sanitaire dont tout le monde parle, 48 000 décès prématurés de 9 mois. Cette nouvelle étude utile les mêmes scénarios et risque relatif que l’étude précédente (voir https://pierrealainmillet.fr/Mortalite-anticipee-due-a-la). Mais l’étude de 2016 ne tenait compte que de l’exposition aux PM2,5. Cette fois, l’impact des Nox est lui aussi mesuré, et le résultat confirme deux choses importantes d’abord l’amélioration continue de la qualité de l’air se ressent sur une réduction de l’impact sanitaire passant de 48 000 décès prématurés de 9 mois à 40 000 décès prématurés de moins de 8 mois, représentant 7% de la mortalité totale en France.
Le rapport conclue que
On ne peut que partager cette conclusion, tout en insistant sur deux constats
Enjeu de l’accélération ou non de la tendance à l’amélioration de la qualité de l’air.Faut-il vraiment des ZFE pour améliorer la qualité de l’air ? On peut s’interroger à la lecture des graphiques mesurant l’évolution des niveaux de pollution de 2016 à 2019.
C’est d’ailleurs la même chose pour les poussières, mais cela interroge sur les priorités. On est passé en 4 ans de 48 000 décès prématurés de 9 mois à 40 000 décès prématurés de 7,6 mois... Il est difficile de prolonger cette tendance de manière linéaire, mais une telle baisse "naturelle" de 20% en 4 ans est quand même une très bonne nouvelle, sachant que ce qui nous intéresserait le plus, est d’avoir ce chiffre par rapport à la situation de référence OMS. Bref, il reste à montrer en quoi une ZFE "stricte" réduirait de manière significative l’impact sanitaire des transports. [1] la source principale était l’industrie et les chaufferies urbaines qui soit ont fermé, soit se sont transformées en éliminant pratiquement totalement le souffre [2] et de plus l’ozone monte en altitude et se déplace jusqu’à impacter des territoires bien au-delà de la métropole [3] de 2000 à 2014 [4] au passage, je dirai à mes amis marseillais qu’il serait intéressant de comprendre pourquoi ces émissions qui sont pourtant fortes dans les Bouches du Rhône, ont peu baissé pendant le confinement... peut-être a-t-il été moins respecté ? ;-o) [5] Attention, Les estimations respectives des décès évités grâce aux diminutions de chaque indicateur de pollution (NO2 d’une part, PM10 d’autre part) ne peuvent être additionnées, car une partie de ces décès peut être attribuée à l’exposition conjointe à ces polluants. [6] je ne sais pas pourquoi ce chiffre est calculé de juin 2019 à juillet 2020 puisque le confinement n’a duré que de mars à juin 2020.... |
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