Il y a quelques années, avant 2012, tu étais, comme beaucoup d’autres militants du parti socialiste à Vénissieux, classé à la « gauche » du PS. Et historiquement, même si nous avions évidemment des points de désaccords entre socialistes et communistes, nous gérions ensemble la ville avec de nombreuses actions communes sur des grands sujets comme la paix, la palestine, l’action contre l’apartheid, la défense des services publics, de l’école publique, de la laïcité… et sur de nombreuses questions locales avec des adjoints socialistes responsables de grandes politiques municipales, cadre de vie, réseau de chaleur, et même du budget…
Bien sûr, les sujets de discordes sur la politique des gouvernements « de gauche » ne manquaient pas, notamment sur les privatisations… mais cela n’empêchait pas le travail commun en local. Mais en 2014, nous avons été complètement opposés, notamment sur deux questions politiques majeures, l’austérité et la métropolisation. De fait, le parti socialiste au gouvernement menait une politique de droite que de plus en plus de militants « de gauche », y compris socialistes, critiquaient. Je reconnais qu’il y avait aussi le changement de maire, objectivement une occasion pour le PS qui venait de gagner les présidentielles et les législatives de tenter sa chance pour reprendre une ville communiste,… Sauf que son dirigeant du moment a fait le choix d’une campagne très anti-communiste, et c’était évidemment donner une occasion à la droite, très arrogante et violemment anti-communiste, avec le slogan repris par le FN et malheureusement le PS : « 80 ans, ça suffit ». Finalement, cette agressivité a, en réaction, consolidé le rassemblement autour de Michèle Picard, qui a donc gagné… deux fois !
Il me semble que la situation est désormais très différente, le changement de maire a eu lieu et Michèle Picard a affirmé sa place de maire, reconnue très largement par les partenaires de la ville, la métropole et les habitants qui la connaissent et la rencontrent nombreux…
Et surtout, la gauche que nous connaissions ensemble il y a 20 ans a disparu, le parti socialiste a perdu sa droite avec Macron et une partie de sa gauche avec Hamon, il s’est retrouvé au niveau électoral d’avant le congrès d’Epinay… Le parti communiste affaibli est en échec dans une stratégie incertaine de nouvelles formes d’union à gauche. Bref, la gauche du programme commun est défaite, et nous en connaissons la raison. Depuis sa promesse de « changer la vie » en 1981, elle a démontré qu’elle ne changeait rien du tout et s’adaptait sans cesse à un capitalisme arrogant et destructeur des droits sociaux.
Alors certains peuvent se dire, la gauche est morte et avec elle, l’espoir de « changer la vie », donc, c’est à droite que ça se passe, et il ne reste qu’à choisir entre Macron, Wauquiez ou Le Pen ! Mais franchement, peux-tu réellement te situer de ce coté là ? Comment continuer à soutenir Yves Blein qui a réussi à faire croire qu’il restait socialiste, tout en basculant en marche au dernier moment en 2017, ce que nous savions bien sûr, mais qui a conduit beaucoup d’électeurs de gauche à voter en fait Macron, donc Philippe… ? Depuis, il a été un député fidèlement actif pour les réformes antisociales de Macron, donnant tout aux « premiers de cordées » et taillant à la hache dans toutes les politiques sociales et les services publics !
En 2012, Hollande se présentait « contre la finance ». Collomb a justifié le lancement de Macron en soulignant que Hollande ne pourrait plus faire la même chose en 2017, autrement dit, qu’il fallait accepter d’être « avec la finance ».
Mais toi, tu as vraiment rejeté tout espoir de « changer la vie », tout espoir de « changement de société », de rupture politique avec ces politiques de droite qui depuis 30 ans défont les droits, les solidarités, les services publics ? Tu ne crois pas que la gauche puisse se reconstruire ? Tu acceptes cette recomposition politique qui laisse la droite dominante ?
Tu vois bien que l’enjeu des prochaines élections, c’est le risque de montée de l’extrême-droite comme partout en Europe, avec une fausse opposition entre la droite et l’extrême-droite. N’est-il pas tant de redonner l’espoir d’une rupture politique à notre peuple ?
Et alors, est-ce que ce n’est pas à Vénissieux que ça se passe (entre autres), avec l’enjeu de maintenir un pole de résistance à la macronie, cette droite qui veut se faire croire « progressiste », mais est tout autant violente dans la restructuration du pays que la droite dite dure ?
On peut avoir des désaccords sur des questions diverses, mais au fonds, est-ce qu’il est interdit de mettre de coté les polémiques et de réouvrir un espoir politique pour les quartiers populaires, le monde du travail, la jeunesse, pour un vrai changement politique, un changement qui fasse massivement reculer la précarité, le chômage, la pauvreté ?
Ppeux-tu nous dire si tu es prêt à contester ce pouvoir « en marche à droite » ?
Vos commentaires
Suivre les commentaires : |