Vie politique

Madame le maire, chers collègues, quelques mots pour dire la fierté et la joie des élus communistes et républicains d’organiser le passage de Yolande à Nacer, une nouvelle étape de l’histoire de la gestion communiste de notre ville belle et rebelle.

Nacer Khamla va organiser l’an prochain le 90e anniversaire de cette histoire, commencée en 1935 avec Ennemond Romand, le manœuvre et monteur en métallurgie devenu courtier de commerce puis maire, un raccourci de ce qui fait l’originalité de la contribution des élus communistes à la vie démocratique.

Le comité interministériel des villes, plusieurs fois reportés après les émeutes de cet été, s’est finalement tenu fin Octobre après la présentation d’un plan pour répondre aux violences, et franchement, cela ne marquera pas l’histoire de la politique de la ville, dont on fête le 40e anniversaire… Un mois plus tard d’ailleurs, nous n’en savons pas plus sur les financements éventuels de cette politique de la ville dans le projet de loi de finance 2024. Pourtant les nouveaux contrats de ville doivent être signé début 2024…

Que peut-on dire donc sur les annonces pour la politique de la ville ?

Gérard Collomb a été une personnalité politique lyonnaise de premier plan. Il restera dans l’histoire dans la lignée d’Edouard Herriot, ces maires de consensus qui sont rattachés d’abord à l’histoire de cette ancienne capitale des gaules marquée par un christianisme progressiste, le radicalisme, un équilibre politique que les moments révolutionnaires comme ceux des canuts n’ont jamais vraiment déstabilisé.

J’ai participé ce 19 septembre à la commission nationale pour l’égalité républicaine organisée par le PCF portant sur les quartiers populaires. Une rencontre de militants de nombreuses villes, de Marseille à Vitry, des élus, des éducateurs, des responsables du PCF, rencontre présidée par Fabien Roussel, très attentif, et qui annonce en conclusion que le débat sera porté au conseil national par Marie-Christine Burricand, responsable national aux quartiers populaires.

J’ai écrit cette contribution à partir des notes de mon intervention.

On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans écrivait Rimbaud. Un jeune de 17 ans est mort, par une balle de police, et la France craque dans 5 jours de violences, d’incendies, de destruction de biens publics, écoles, mairie, de biens privés, voitures, commerces…

Il y a beaucoup de discussions entre amis, militants, voisins sur ces jours d’émeutes. Il est difficile de tenir compte de tous les aspects de ces évènements. La gauche se retrouve divisée. Certains ne veulent parler que des violences policières, parfois même en refusant de condamner les violences qui ont suivies, en les considérant même comme des « luttes de classe » qui auraient un contenu révolutionnaire… D’autres voient au contraire la dégradation du tissu social et des violences qui sont une guerre dans le peuple, bien loin d’une guerre contre la bourgeoisie.

Cela conduit certains à des polémiques insultantes, notamment contre Fabien Roussel, les communistes et leur plan de réconciliation nationale par l’égalité républicaine qui associe propositions de réforme de la police, et propositions pour la justice, contre les inégalités sociales, territoriales, républicaines en les inscrivant dans un projet progressiste de transformation sociale.

Nahel à Nanterre en 2023, après Moushin et Laramy à Villiers-le-Bel en 2007, et Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois en 2005… Comment en finir avec ces drames et les violences qui les suivent ?

La mort d’un jeune dans une intervention de police est un drame pour le jeune et la famille, mais c’est aussi une alarme pour la police et toute la société. Ce devrait être un moment de vérité pour que la justice fasse son travail, que la France se demande comment sortir de cette guerre entre une partie de la jeunesse et la police, comment sortir de ces violences contre des équipements publics, des biens privés, le plus souvent ceux d’habitants de quartiers populaires confrontés déjà aux injustices.

Des milliers d’adolescents et de jeunes des quartiers populaires ressentent à travers ce drame toute l’injustice des inégalités sociales et territoriales. Ils l’expriment dans le désordre, reproduisant ce que les médias et les réseaux leur montre, sans voir que la violence est une impasse pour les revendications.

Dans toutes les villes de France, notamment dans les quartiers populaires, des habitants inquiets observent ce qui se passe en espérant que le calme va revenir, que leur biens et leur cadre de vie ne vont pas être dégradé, que les biens publics, équipements, mobiliers, réseaux qui sont essentiels à leur quotidien ne vont pas être brulés.

Le gouvernement venait d’annoncer la tenue, enfin, du comité interministériel des villes qui devait redéfinir les « contrats de villes » et la géographie prioritaire, cette « politique de la ville » mise en place il y a 40 ans après les étés chauds et la « marche pour l’égalité des droits et contre le racisme ». Mais peut-il proposer autre chose que les discours méprisants de cet emploi de l’autre coté de la rue ou en traversant le vieux port ? Peut-il être crédible sur une politique contre le mal logement après avoir fragilisé les bailleurs ? Peut-il porter le projet d’une police citoyenne construisant un lien de confiance avec la population quand il a montré ne pas faire la différence entre une tête de cortège syndical et un black bloc violent ?

La France va mal, la France et les Français craquent. Le drame de Nanterre est un évènement de plus dans une situation globale explosive qui concerne des millions de familles pauvres, précarisées, des millions de salariés qui ne peuvent vivre dignement de leur travail.

C’est le premier message politique essentiel pour que la colère de notre jeunesse rejoigne la colère contre les injustices sociales, contre la vie chère et le travail précaire, pour qu’elle devienne une force véritable pour bousculer la politique française.

Après des péripéties juridiques qui auraient pu freiner la mobilisation, c’est devant une salle pleine, plus de 300 personnes, que Salah Hamouri a évoqué la situation de la résistance palestinienne et notamment dans les prisons palestiniennes, le régime d’extrême-droite…

La rencontre avait été interdite par le maire de Lyon pour risques de « troubles à l’ordre public », avant d’être autorisée par le tribunal. Et la rencontre s’est tenue dans le calme. Pas de violences, même pas de provocations, aucun « extrémiste juif » que le préfet annonçait dans la lettre demandant l’interdiction de la rencontre, rien que la fierté et la solidarité de tous ceux qui venaient soutenir Salah Hamouri.

Ce 16 mai, les usagers et riverains de l’esplanade Jean Cagne entendent des coups de feu, les plus proches voient les faits. C’est un règlement de compte sur le point de deal à l’arrière de la maison du projet, avec un blessé, heureusement sans trop de gravité, mais touché à la nuque, et qui aurait pu être très grave. C’est le lieu où doit s’implanter le jardin participatif du « quartier fertile » engagé par la ville et la métropole.

Pour l’immense majorité des habitants, pour l’équipe municipale, c’est un coup de plus qui s’ajoute aux injustices. L’inflation bouscule des milliers de familles, les urgences sociales conduisent à une forte augmentation des besoins d’aide, et les trafics ajoutent de l’insécurité, des dégradations, des craintes pour ses enfants et adolescents. Ces derniers temps, les guerres entre trafiquants augmentent partout, révélant la vérité de ce trafic que certains croient pouvoir légaliser, c’est le comble du capitalisme sauvage, tout est permis pour faire du profit, pour prendre une part de marché.

Mais les habitués du journalisme de caniveau s’en donnent à cœur joie. Un site qu’on hésite à appeler journal titre même sur l’évènement avec une photo de voiture brulée pour faire plus crash… C’est toujours la même histoire. Ils n’ont rien à dire sur l’action contre les trafics, pour sécuriser les habitants, sur l’urgence d’un plan de santé publique pour sortir des addictions. Et bien sûr, ils n’ont rien dit de tout ce qui s’est passé d’utile, d’intéressant, de beau, d’émouvant, de joyeux, d’étonnant depuis des semaines sur ce quartier. Les vautours sont là pour faire du buzz sur les peurs.

Le débat médiatique en France est surréaliste. C’est le monde du roi Ubu, grotesque, caricatural, et totalement dépourvu de sens. Le discours du président Macron demandant une « pause » dans les règles environnementales et les réactions, notamment des élus écologistes européens est le comble de ce que nos médias fabriquent comme mensonge tellement consensuel qu’aucun commentaire ne songe même à le relever.

Mais chacun a fabriqué du « buz » et cela remplit les pages….

Le 39e congrès du PCF qui s’est tenu à Marseille du 7 au 10 Avril a été un évènement avec plus d’échos médiatiques que les précédents. C’est un des résultats de la candidature communiste à l’élection présidentielle qui a permis d’engager le débat à gauche sur ce dont ont besoin les milieux populaires pour résister à la guerre des riches… et sur beaucoup de sujets, les propositions des communistes qui restent méconnues, ne sont ni celles de la gauche gouvernementale qui a délaissé les milieux populaires et ouvriers pendant des années, ni celle d’une gauche dite radicale qui priorise les questions sociétales sur les injustices de classe sociale.

La candidature de Fabien Roussel en 2022 et la préparation de ce 39e congrès ont permis de commencer à faire entendre le point de vue communiste.

  • nous ne voulons plus de cette « gauche plus rien » que symbolisait Jospin comme Hollande qui ont privatisé et libéralisé plus que la droite. Cela a conduit les communistes à remettre en cause la conception de l’union de la gauche héritée de Mitterrand.
  • nous ne croyons pas à une gauche « attrape-tout » qui au nom du climat a contribué depuis dix ans à la privatisation de l’énergie, favorisant par exemple un financement massif du photovoltaïque pour les propriétaires de toit, payé par tous les consommateurs, y compris les plus pauvres, une gauche qui se concentre sur les couches moyennes urbaines diplômées et délaisse le monde ouvrier et les périphéries…
  • nous voulons une gauche du travail, qui fasse de la réindustrialisation le cœur de la reconstruction d’une république sociale, populaire, une gauche qui sorte d’une démocratie de mise en scène médiatique pour retrouver les conditions d’un rassemblement populaire construit sur le terrain, dans les entreprises comme les quartiers, bref, une gauche militante d’action. Le parti communiste en est une force essentielle.
  • toutes les gauches doivent pouvoir se rassembler dans les batailles politiques, à condition d’être au service du rassemblement populaire, mais pour cela, elles doivent se respecter et surtout l’union ne doit jamais se faire au sommet, dans des accords électoraux de dirigeants. C’est la leçon que nous tirons de décennies d’échecs d’union de la gauche en haut…

Certains me diront : « c’est impossible, une histoire ancienne qui ne reviendra plus… » Je ne crois pas et je vous invite à prendre connaissance de notre dernier congrès, dynamique et riche de débats, avec une direction rajeunie qui tourne un trait sur les difficiles décennies de ce que certains appelaient la « mutation » du PCF et qui n’était au fonds qu’une lente dissolution…

Compte-rendu et textes du 39e congrès

Cela tombe bien. De nombreux partis communistes sur toute la planète jouent un rôle considérable. Ceux qui dirigent des pays, en Chine, à Cuba, au Vietnam… ceux qui ont des forces importantes, en Afrique du Sud, en Grèce, en Russie, ceux qui se reconstruisent, en Angleterre ou aux USA notamment.

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