Nous avons cependant deux préoccupations qui demanderont à renforcer l’expérience autour de deux objectifs
- la première est de mieux tisser les liens avec la démocratie participative à l’échelle des communes. C’est un défi pour une métropole dont la création s’est faite au fonds contre les communes. Il fallait parait-il simplifier le mille-feuille, et c’est pourquoi certains considéraient que la logique devait pousser à la disparition des communes, cette vision a échoué et le statut particulier de la métropole de Lyon n’a pas fait d’émule. Il reste donc un problème de double légitimité structurelle qui complique la participation citoyenne. C’est pourquoi nous pensons qu’il faut mieux ancrer le travail du conseil de développement en lien avec les outils de participation à l"échelle des communes. Madame la vice-présidente, vous êtes la première vice-présidente de la métropole à avoir participé à un conseil de quartier à Vénissieux, c’est une piste à suivre pour le conseil de développement et sans doute devrait-il travailler sur cette la construction de la participation à l’échelle des communes.
- la deuxième est de mieux tisser les liens avec la démocratie sociale, la vie syndicale, associative, que ce soit sur le logement, la solidarité, l’action culturelle ou les droits des salariés, il y a de nombreux terrains d’intervention sur les questions économiques et sociales qui sont indispensables à toute discussion sur la ville. Bien entendu, le collège acteurs du conseil représente pour partie cette démocratie sociale, mais il y a plus à faire par exemple pour associer les syndicats de salariés aux discussions sur la mobilité.
En conclusion, nous savons que la participation citoyenne ne peut par elle-même résoudre la crise démocratique. Ceux qui ont suivi il y a un certain temps l’expérience de Porto Alegre savent comment elle s’est terminée. Tout le monde en parlait dans les forums sociaux mondiaux, la première collectivité à expérimenter la démocratie participative, le budget participatif, même si la comparaison ne tenait souvent pas compte des énormes différentes institutionnels et historiques entre la France et le Brésil qui n’avait rien d’équivalent à nos communes. En tout cas, l’expérience de Porto Alegre est aussi intéressante pour sa fin, puisque cette commune référence de la démocratique participative est passé à droite au bout de dix ans et n’a pas pu empêcher la victoire du néofasciste Bolsonaro quelques années plus tard.
Mais si les enjeux politiques ne se limitent pas à la démocratie participative, celle-ci est incontournable pour tous ceux qui veulent une autre société, une démocratie réelle quand la démocratie représentative en système capitaliste se résume à un grand et couteux marché marketing électoral. Nous sommes convaincus que pour que la cuisinière puisse diriger l’état demain, il faut qu’elle apprenne tout de suite à comprendre qui décide, comment, pourquoi… C’est le sens que nous donnons à une démocratie participative qui soit une démarche d’éducation populaire, d’éducation au pouvoir pour faire court.