Conseil de la métropole du 21 juin 2021

La force du service public face aux injustices de la crise Enregistrer au format PDF

2021-0588 Compte administratif 2020
Mardi 22 juin 2021

monsieur le président, chers collègues

Ce compte administratif confirme à la fois l’ampleur de la crise que nous avons connu, mais aussi les capacités de notre collectivité à y faire face, et enfin l’urgence d’une rupture avec les politiques économiques et sociales dominantes de ces dernières années.

L’impact de la crise est évalué à plus de 160M€, 145 d’augmentation de dépenses et 16 de pertes de recettes, sans compter la hausse des dépenses de RSA dont une part est liée à l’impact économique de la crise sanitaire. Ce n’est pas fini avec le décalage des bases de fiscalité dont la baisse en 2020 aura un effet sur nos recettes 2021. Cependant, ce compte administratif confirme aussi que la crise est inégale comme toujours. Car les recettes de DMTO sont encore en hausse ce qui confirme les données sur la hausse de l’immobilier avec à la fois une hausse des prix qui continue cette année et une reprise de l’activité très rapide dès 2020 ce qui a conduit au total à une hausse qui se poursuit en 2021. On peut d’ailleurs noter que ce compte administratif est meilleur que les prévisions faites au moment du vote du budget, avec des recettes en moins forte baisse et un résultat nettement supérieur, permettant de maintenir un autofinancement significatif.

Cela confirme que s’il y a beaucoup de victimes de la crise, notamment chez les précaires du commerce, de la distribution, des services, avec comme résultat une très forte hausse de la pauvreté, il y a aussi des gagnants, du coté des couches aisées, qui ont épargné plus et donc pu investir justement dans l’immobilier ou dans les actions. Cela produit ce qui n’est une contradiction que pour les idéalistes. Nous avons vécu une année catastrophique sur fond de crise sanitaire et économique, mais c’est une année où les milliardaires font la fête, où les dividendes coulent à flots, ou la bourse bat ses records ! Cet argent-là n’est rentré ni dans les caisses de l’Etat, ni dans les caisses des collectivités territoriales !

Je me rappelle encore l’exclamation de Gérard Collomb justifiant la rigueur en s’exclamant « vous vous rendez compte, 2000 milliards de dettes ». Je ne sais pas ce qu’il dit sur le niveau de dette actuel ! J’aurai pu citer n’importe quel parlementaire de droite, du centre et malheureusement de la gauche gouvernementale. A l’époque, vous n’aviez tous qu’une obsession, la dette, la rigueur, il n’y avait plus d’argent disiez-vous ! Evidemment, aucun commentateur ne rappelle les critiques de l’époque de ces politiques qu’on dit libérales pour dire qu’elles reposent sur la liberté totale du capital et la contrainte totale sur le travail ! Oui, les communistes avaient raison !

Et vous voyez avec stupeur le président des USA proposer de taxer les hauts revenus, d’augmenter la fiscalité des entreprises, ce que vous refusiez il y a peu ! Nous ne sommes pas naïfs, sa proposition d’imposition des entreprises sur leur lieu d’activité a comme principal objectif de remonter l’assiette fiscale aux USA et donc de la baisser ailleurs, y compris en Europe. Bercy comme les multinationales françaises font leurs calculs avec inquiétude.

Nos collectivités, métropole et communes, ont fait face avec leur personnel que nous saluons, tous ceux qui interviennent dans les écoles, les collèges, dans les crèches, les EPHAD, dans les rues, dans l’espace public. Et nous partageons la colère de ceux qui constatent que ces personnels sont finalement remerciés avec la loi du Gouvernement des 1.607 heures.

Oui, notre collectivité comme d’autres et notamment nos communes, a assumé un rôle social et solidaire essentiel, avec la couverture pour les plus démunis, l’augmentation du R.S.A., des aides sociales exceptionnelles comme l’aide aux dépenses de logement, des aides économiques aux artisans, restaurateurs, mais aussi au monde de la culture. Nous avons aussi organisé une réponse sanitaire, avec des aides exceptionnelles, notamment pour la protection et les masques, et aujourd’hui encore, avec la vaccination.

Voilà le bilan contrasté de cette année 2020 qui met au premier plan de nos préoccupations l’urgence de repenser notre modèle économique et social. Il faut sortir du désengagement de l’état de ses missions sociales et territoriales et les reconstruire avec des plans nationaux garantissant les droits de tous partout, tout en les organisant avec des collectivités locales ayant retrouvé une réelle autonomie fiscale.

Il faut sortir de l’injustice fiscale qui protège les plus riches et écrasent tous les autres,. La fiscalité est indispensable pour permettre des politiques publiques, y compris en faveur du développement économique. Elle doit reposer d’abord sur la fiscalité des entreprises, car c’est le seul lieu de production de richesses, puis sur une fiscalité progressive sur les revenus, seule fiscalité juste qui fait contribuer chacun selon ses capacités, à l’opposé des flat tax et autres fiscalités sur la consommation, enfin par une fiscalité sur la patrimoine qui évite les situations à la Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde mais qui ne déclare aucun revenu, donc ne paie pas d’impôt !

Vous me direz qu’il s’agit là de politique nationale et non pas métropolitaine. Certes, mais cela doit nous inspirer sur nos politiques fiscales et la nécessaire augmentation de la contribution des entreprises aux politiques métropolitaines qui font le cadre de vie qu’elles viennent justement chercher.

Nous avions demandé un groupe de travail sur la prospective budgétaire du mandat pour évaluer notre capacité à mieux prendre en compte des besoins urgents dans notre PPI, notamment sur les collèges. Cela suppose aussi de préparer des décisions sur le niveau de CFE, sur les modalités nous permettant de prendre en compte qu’il y a dans la crise des perdants certes, mais aussi des gagnants. La fiscalité doit nous permettre d’aller chercher les recettes là où elles sont pour permettre à notre collectivité de faire face aux besoins.

Après mon intervention, c’était le tour de Gérard Collomb, enfermé dans ses dogmes et me reprochant avec des discours « marxistes » de faire peur aux entreprises qui sont essentielles aux recettes de la métropole. Il a raison sur ce dernier point, les recettes des entreprises sont essentielles, mais tout faux sur le reste. Car les entreprises capitalistes ne prennent pas des décisions en fonction de la couleur politique des dirigeants, mais en fonction du chiffre d’affaire et de sa marge espérée… Ainsi, les grands décideurs économiques des USA ont fait des affaires avec les dirigeants communistes chinois sans limites, jusqu’à faire de la chine pratiquement la première puissance mondiale. Et ce ne sont pas les décideurs économiques, mais les décideurs politiques qui ont mis en cause ces échanges… Une métropole dirigée par les communistes travaillerait avec toutes les entreprises pour le développement sauf que ce développement serait orienté vers la réponse aux besoins des habitants, dans le respect des droits du travail, la reconnaissance des qualifications… Les communistes ont tiré les leçons du 20e siècle et des succès chinois…

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