Ces guerres qui font tant de souffrances détournent aussi nos capacités humaines de tout ce que nous avons à construire, à reconstruire. Les milliards se concentrent dans des industries de guerre, mais notre industrie se délite, dans la vallée de la chimie, nous y reviendrons, dans l’automobile, alors qu’il y a tout à faire pour une évolution accélérée de notre parc. Nous sommes incapables d’un développement rapide du fret ferroviaire, du rail passager, notamment en interurbain, avec des RER dont tout le monde ne fait que parler, pour un doublement de la part modale des transports en commun dans toutes les agglomérations.
Nos indicateurs de santé publique, de prévention, d’espérance de vie même se dégradent. Jusqu’aux années 2010, la France était dans le peloton de tête de la protection infantile, nous sommes désormais les mauvais élèves avec une mortalité infantile d’un enfant sur 250, un enfant sur 250 ! Dans les statistiques des MDM de Vénissieux, on découvre que 25% des enfants de 4 ans ont un retard de langage ! Les conséquences pour l’école primaire sont énormes, et donc la formation des générations futures… Tout témoigne de l’aggravation de la santé mentale, notamment mais quand un ado est en crise, il faut un an pour un rendez-vous en CMP.
On se demande d’où vient la violence qui surgit dans le meurtre d’une surveillante, ce qui pousse un ado à prendre un couteau et passer à l’acte ? Il n’y a pas de réponse simple, mais la violence est partout dans notre société. Le beau film « château rouge » sur des collégiens de 3e face à leur orientation nous livre ce terrible témoignage, l’adolescence, c’est le moment ou l’enfant prend conscience de l’injustice du monde, de sa violence. Il doit trouver son chemin vers cette jungle infernale des grands que chante le grand Henri Tachan, il expérimente la solitude et la solidarité, l’empathie et le mépris, la fraternité et le racisme. Il y a des trésors de créativité dans cette jeunesse qui réussit tant de choses, y compris et peut-être surtout la jeunesse populaire, celle de nos quartiers dits sensibles, dont les médias sont le plus souvent insensibles aux réussites.
Le pire est la vie politique et médiatique qui semble ne connaître que son nombril. Quand le politique n’est plus le lieu où se construit l’intérêt général, il ne faut pas s’étonner des fractures démocratiques qui creusent notre pays.
Certains découvrent que la majorité parlementaire est clairement à droite, même le gouvernement qui tente de faire échouer sa propre loi parce-qu’il a été débordé sur un amendement… La suppression des ZFE ne fait que révéler la vérité, autant de cette mauvaise loi de 2019 qu’aucun député de gauche n’avait voté, que de la situation parlementaire actuelle totalement hors sol qui ne représente pas la volonté du peuple. Il est vrai que notre peuple est profondément divisé, donne des coups de colliers, de gilets jaunes en vote d’extrême-droite, sans faire émerger un rassemblement populaire majoritaire.
Mais comment reprocher au peuple sa confusion quand toute la vie politique pousse à la confusion, à la polémique stérile, à la perte de repères. La loi pour la croissance verte était un compromis politicien électoral, associant circonscriptions législatives, discours vert et marchandisation de l’électricité. Et la confusion du débat public laisse la place aux intérêts mercantiles, fabricants d’éoliennes, installateurs, revendeurs, fraude à la taxe carbone, au calorifugeage par CEE… pendant que ce qui restait d’industrie solaire disparaît.
Les ZFE dans cette loi mobilité de 2019 étaient une impasse, malgré tous les efforts faits. Et les droites s’en sont saisis pour exister dans la confusion. Car que proposez-vous monsieur Gascon, étendre la ZFE à Saint-Priest comme vous le demandiez en 2019 ? Le RN lui s’en fout, il existe pour diviser le peuple, donc le diviser en opposant droit à l’air et droit à la mobilité, ça lui va bien.
Il est urgent de sortir des discours dominants de ces dernières décennies, la recherche de boucs émissaires pour masquer le creusement historique des inégalités au service d’une minorité d’ultra-riches, retrouver l’esprit du conseil national de la résistance, d’un rassemblement centré sur l’intérêt général qui ne s’enferme pas dans les étiquettes, sortir des guerres et ouvrir le champ des coopérations au sud, donc retrouver notre souveraineté face aux USA, dans l’Europe, et mettre la France au travail pour sortir de ce qu’il faut bien appeler une forme de sous-développement.
Marx disait que la France était le pays qui menait les luttes de classes jusqu’au bout, plus que partout ailleurs. La période est difficile pour notre peuple, mais il ira au bout, les ruptures sont devant nous.