Conseil de métropole des 11-12 décembre 2023

Le premier projet de chaleur fatale industrielle de la région Lyonnaise est à Vénissieux Enregistrer au format PDF

2023-2017 - Chauffage urbain - Contrat de Délégation de service public (DSP) de chauffage urbain de Vénissieux
Lundi 11 décembre 2023

Monsieur le président, monsieur le vice président, chers collègues, c’est avec beaucoup de plaisir que je veux dire notre immense satisfaction sur ces deux délibérations. Satisfaction politique des communistes qui avaient alerté lors des délibérations du schéma directeur de l’énergie dès 2011, de la DSP actuelle du réseau de Lyon-Villeurbanne ensuite. Nous alertions nos amis écologistes alors à l’exécutif sur la place trop importante du gaz et la nécessité d’en planifier la sortie. J’avais fait remarquer la contradiction entre un voeu demandant aux banques de sortir du financement des fossiles, alors même que nous décidions de lourds investissements gaz sur le réseau de chaleur.

Nous nous félicitons de ce dossier dont le montage financier a été difficile, les taux d’intérêts interdisant un financement bancaire ce qui a donc conduit à des contributions importantes de l’ADEME, comme de EDF.

Or, cette délibération s’inscrit dans une grande ambition pour les réseaux de chaleur métropolitains, avec la création d’une nouvelle chaufferie biomasse, objet de la délibération 2016, de nouveaux réseaux à l’étude un peu partout, pour cette délibération, une extension vers Saint-Priest et tout en affirmant l’ambition d’une décarbonation forte donc, de la réduction de la part de gaz dans le mix de la chaleur, ce qui suppose bien entendu un développement majeur de sources décarbonées.

Monsieur le vice-président, cet enjeu méritera un débat en conseil sur notre ambition chaleur ! Et vous pourrez noter que le plan empreintes 2050 du PCF prévoit la fin du gaz pour le chauffage en 2045… Il me semble après nos échanges que nous pourrions nous rejoindre sur cet objectif. Permettez moi d’en conclure, en réaction a votre commentaire initial, il ya mieux a faire pour la chaleur, que de brûler du gaz fossile… [1] Mais cette satisfaction est aussi Vénissiane, avec le premier projet d’énergie fatale industrielle sur un site historique de Vénissieux, anciennement Péchiney, puis Carbone-Savoie, puis actuellement Tokai. Permettez-moi de vous en raconter l’histoire.

Nous sommes fiers comme communistes et comme Vénissian de voir aboutir ce projet de valorisation de la chaleur des fours de cette usine qui cuit du carbone pour fabriquer des cathodes utilisés dans les usines d’aluminium.

C’est un des plus vieux sites industriels de Vénissieux, du 19e siècle, qui a fourni des générations de militants communistes, d’adjoints au maire, ouvriers qui connaissaient des conditions de travail difficiles. Le site produisait énormément de poussières, autant dans l’usine que dans les fumées dispersées par 4 vieilles cheminées en brique. Les anciens racontaient au début des années 2000 que périodiquement, les voitures dans le quartier étaient aspergées de goudrons le matin… Le site a été le plus polluant du sud-est de la France notamment pour les HAP cancérigènes. Quand on parle de l’amélioration de la qualité de l’air, ce quartier sait de quoi on parle !

Au début des années 2000, le maire André Gerin faisait pression pour que l’usine réduise sa pollution, tout en défendant l’emploi et l’activité industrielle. Cela a conduit en 2005 à une décision de limitation de l’autorisation de production par le préfet qui pouvait inquiéter sur les décisions des actionnaires, à l’époque le groupe Rio Tinto, pas spécialement un ami des communistes ni de l’environnement !

Nous avons eu de la chance, car le groupe a finalement décidé un investissement lourd sur une nouvelle installation de traitement des poussières et des fumées, qui a dès 2013 drastiquement réduit les émissions, au service des ouvriers comme des habitants. Et l’entreprise a continué à investir, jusqu’à annoncer récemment la construction d’un cinquième four à vernir pour accompagner l’évolution des marchés de l’entreprise vers la filière des batteries.

C’est dans l’ambition de décarbonation de l’entreprise que la rencontre avec le réseau de chaleur a pu se faire, parce-qu’elle s’inscrit dans la longue durée, bien loin des résultats trimestriaux à la mode de ce capitalisme US mortifère.

La ville de Vénissieux avait étudié en 2010 le raccordement à l’usine Solvay de la vallée de la chimie, mais il manquait le cadre juridique de long terme dans cette industrie qui elle, vit de trimestre en trimestre… Ce cadre a été possible avec TOKAI et nous en remercions les dirigeants, que les élus de Vénissieux connaissent bien, dans les rencontres avec le conseil de quartier, les projets de développement de l’entreprise, ou avec la charte de coopération vénissiane des entreprises.

L’entreprise cherche à remettre ses transports sur le rail, abandonné il y a 30 ans après la privatisation du fret SNCF. La ligne est toujours là, mais des camions vont et viennent entre Vénissieux et Notre-Dame-de-Briançon. L’entreprise est volontaire. Il ne manque que la volonté du gouvernement de permettre le développement du fret !

Et donc, nous allons récupérer la chaleur des fumées, la valoriser sur le réseau et nous sommes tout à fait heureux, monsieur le maire de Saint-Priest, de la partager avec votre ville. C’est un enjeu de 4% puis 4,5% de la part ENRR du réseau, ce qui n’est pas négligeable, avec un impact tarifaire légèrement positif pour les usagers, la chaleur industrielle étant achetée presqu’au même prix que celle des incinérateurs, donc en dessous du prix de la biomasse.

Nous espérons bien que ces chiffres pourront être revues positivement dans 3 ans, avec la prise en compte d’un cinquième four.

J’ai entendu Gérard Colomb président de la métropole parler en séance quand le groupe communiste évoquait des fermetures d’usine de la « destruction créatrice, il faut que du vieux meurt pour que le neuf émerge »… Carbone Savoie devenu Tokai montre exactement le contraire ! On peut faire du neuf avec du vieux ! Et c’est le seul chemin pour ne pas détruire les savoir-faire que portent les salariés ! Permettez-moi d’insister sur l’exemple de JST dans Lyon 8e, un site historique de la fabrication de transformateurs de très haute tension, indispensable en sortie de centrale électrique. Il faut sauver le dernier site de production industrielle de Lyon !

[1le vice-président avait dit en introduction, il ya mieux à faire pour la chaleur, que l’électricité…

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