A l’occasion de cette délibération par lesquelles la métropole aide le plan campus, nous ne pouvons ignorer le contexte de la transformation radicale de nos universités et de nos écoles qui fait débat.

Notons tout d’abord que sur ce dossier de près de 10M€ dans un plan campus de globalement près de 350M€, la concertation a été plus que limitée, puisqu’un seul avis a été versé. Il est vrai que les préoccupations des étudiants et des enseignants portent plus sur leurs conditions de travail dans des bâtiments dégradés, alors que les premiers travaux dont ceux de cette délibération portent sur les espaces extérieurs. Un certain fatalisme s’est de plus installé puisque chacun a compris que tout ne serait pas rénové… car ce plan campus ne fait que rattraper partiellement des décennies de désengagement de l’état dans la gestion de ce patrimoine universitaire.

Mais c’est évidemment la création de l’université intégrée de Lyon et la logique de l’IDEX [1] qui fait débat et cristallise les inquiétudes.

  • Le conseil d’administration de Lyon 1 et Lyon 2 ont voté avec la réserve importante que leur engagement n’inclue pas la fusion pourtant prévue par le projet.
  • le CA de Lyon3 et de l’INSA ont dans un premier temps voté contre, et il a fallu organiser un deuxième vote qui est devenu positif à l’Insa. Lyon 3 revote ce 13 décembre… C’est sans doute l’inspiration européenne de ces réformes qui poussent à faire comme pour les référendums, quand le résultat n’est pas conforme aux objectifs des décideurs, on recommence…

Ceux qui suivent les IDEX savent que le projet de Toulouse d’une université fédérale, donc sans fusion, avait été accepté il y a 5 ans, mais que son renouvellement a été refusé cette année par le jury au prétexte justement qu’il n’allait pas vers une fusion.

Vous devez savoir que le dossier de candidature IDEX n’est connu que de quelques dizaines d’experts, même les élus dans les conseils d’administration des établissements qui devaient le voter n’y avaient pas accès… il parait que la concurrence entre les agglomérations universitaires oblige à ce secret. Quelques uns à l’INSA ont pu seulement le consulter rapidement pour confirmer qu’il était bien question à terme de la disparition de l’école en tant que telle.

Je tiens à dire à Jean-Paul Bret que personne ne comprend pourquoi celui qui défendait la place des communes dans la métropole vote au conseil d’administration de l’INSA pour la disparation des établissements dans la future université intégrée, symbole d’une réforme pourtant très macroniste.

Ajoutons que la décision de justice récente annulant une subvention de près d’un million d’euro de la communauté urbaine à l’université de Lyon rajoute une inquiétude sur la pertinence juridique de nos politiques.

Vous avez monsieur le président menacé les opposants de la perte des 25M€ de subventions, rappelons que les dotations des IDEX représentent au total 1,5% du budget de l’ESR… ce qui relativise ce bonus, sachant que le vrai risque budgétaire est bien dans l’austérité qui risque d’assécher tout ceux qui ne feront pas partie de « l’excellence » comme le montre la fermeture de la faculté de musicologie de Bourgogne…

Et vous les avez accusé d’être responsable du chômage futur, rien que ca… comme si les réformes de cette mondialisation débridée pouvaient encore faire croire qu’elles étaient positives pour l’emploi. Permettez—moi de vous donner un contre-exemple fameux, ce prix Novel que la France célèbre, Jean-Pierre Sauvage, un pur produit de ces écoles d"ingénieur qui vont disparaitre dans ces mastodontes universitaires, recruté dès sa thèse au CNRS ou il a fait toute sa carrière, bien loin de la mobilité imposée qui est devenue le mantra des réformateurs, qu’il a travaillé dans la continuité et la longue durée grâce au statut et au financement de base que lui apportait le CNRS.

Voyez, monsieur le président, la modernité et la réussite scientifique ne sont pas dans le projet d’université que vous contribuez à imposer, elles sont au contraire dans les statuts et les protections que vos politiques cherchent à détruire.

[1initiative d’excellence, le nom que l’état a donné aux projets de restructuration des universités qui sont évaluées comme un concours par un jury international comprenant aussi de grands dirigeants d’entreprise…

Vos commentaires

  • Le 13 décembre 2016 à 08:30, par Pierre-Alain En réponse à : Le plan campus et l’université de Lyon

    Une réaction à la réponse de Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne, vice-président de la métropole et membre du conseil d’administration de l’INSA (entre autres…)

    Jean-Paul Bret dans une longue réponse, moins provocante que celle de Gérard Collomb au précédent conseil, réaffirme son soutien à la création de l’université intégrée de Lyon St-Etienne, reconnait qu’il existe des oppositions, mais les considèrent comme minoritaires. Et il insiste, « il est mensonger de prétendre que les établissements vont disparaitre dans la future université »…

    Mais alors, pourquoi tous les conseils d’administration qui ont voté pour cette création ont-ils jugé bon de préciser, par exemple comme Lyon1

    « La participation de l’Université Claude Bernard Lyon 1 au projet IDEXLYON 2016 ne constitue pas une demande de perte de personnalité morale de l’établissement qui devra faire l’objet d’une délibération ultérieure. »

    ou comme l’INSA

    "Le Conseil d’administration de l’INSA Lyon réuni le 8 décembre 2016 approuve le principe de la participation de l’établissement au projet IDEX LYON 2016 sous réserve qu’il soit explicitement mentionné dans le dossier de candidature présenté par l’Université de Lyon la condition qui suit : L’autorisation du dépôt du projet IDEX ne signifie pas que l’INSA Lyon se déclare favorable à la fusion et, par conséquent, la présente délibération ne saurait constituer une demande de fusion au sens de l’article L. 718-6 du code de l’éducation. Tout projet de regroupement susceptible de porter atteinte à la personnalité juridique de l’INSA Lyon appelle nécessairement un vote préalable de son conseil d’administration."

    Tout le monde sait que l’objectif de cette réforme, le critère de décision du jury qui valide ou non les projets, repose sur l’objectif de la fusion. C’est d’ailleurs parceque le projet de Toulouse était « fédéral » donc, sans fusion, qu’il n’a pas été renouvelé cette année…

    Ces phrases ont été ajoutées dans les délibérations des CA pour obtenir un vote positif devant les inquiétudes des élus étudiants et des personnels qui tous, refusaient cette « fusion » qui est bien dans l’esprit de la loi, et alors qu’elle est sans doute dans le dossier secret de candidature.

    Le directeur de l’INSA, favorable bien sûr à cette réforme, utilise une expression claire. L’INSA deviendra une « marque » de l’université de Lyon… Une marque, on ne saurait mieux dire…

    Alors, qui dit la vérité, et qui ruse avec la démocratie pour imposer « sa » vérité ?

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