Avec mes meilleurs voeux 2021

100 ans d’hier, 100 ans de demain… Enregistrer au format PDF

Jeudi 31 décembre 2020 — Dernier ajout mercredi 6 janvier 2021

C’est dans l’adversité qu’on mesure mieux et nos forces et nos faiblesses, et surtout sur qui on peut compter, avec qui il faut agir, s’organiser, se serrer les coudes.

La covid a bousculé nos sociétés comme une guerre, de l’économie à la vie quotidienne. Mais c’est une guerre sans autre ennemi que notre propre système inégal et incapable de donner la priorité aux besoins humains. Le gouvernement a du reconnaitre que l’état doit assurer la survie de tous, et subitement, trouver l’argent qui quelques semaines avant, n’existait pas nous disait-on, pour augmenter les salaires des infirmières, maintenir des bureaux de postes ou des maternités dans toutes les villes, assurer un logement pour tous, défendre notre industrie et ses emplois.

Mais ceux qui refusaient d’entendre les colères des « gens de peu », avant de s’apercevoir que c’étaient les « premiers de cordées », ceux qui décident dans les milieux économiques, médiatiques et politiques, ceux-là n’ont aucunement l’intention de changer de système ! Ils cherchent déjà comment nous faire payer cette crise qui les a obligé à ouvrir un peu leur banque pour l’urgence. Les réformes mises de coté reviennent ; retraites, dépenses sociales, chômage, fonctionnaires… la machine à détruire ce qui nous fait vivre est toujours là, au profit toujours des mêmes, ceux qui gagnent, avant, pendant et après la crise !

C’est pourquoi je souhaite évoquer pour ces vœux de crise le centenaire de la création du parti communiste, pas pour ce parti en lui-même, mais pour ce qu’il représente comme possibilité de réponse collective dans une crise.

Il y a 100 ans, le mouvement populaire confronté à la première guerre mondiale et à la trahison de la plupart des dirigeants de gauche de l’époque, décide de créer une nouvelle organisation, faite par et pour le monde du travail, qui ne dépende ni d’alliances électoralistes, ni des accords secrets d’élus ou des combats de chefs [1]. Ce parti communiste a certainement fait des erreurs, mais il a permis à des milliers d’ouvriers, employés et paysans, de devenir des dirigeants respectés dans les entreprises et les quartiers jusqu’à des ministres qui allaient construire la sécurité sociale, le service public de l’électricité, le statut de la fonction publique, les premiers droits des salariés dans les entreprises… Il est le premier à avoir présenté des femmes aux élections alors qu’elles n’étaient pas éligibles, le seul parti à avoir combattu les guerres coloniales et organisé la solidarité dans les luttes avec les immigrés.

L’histoire n’a pas été un long fleuve tranquille. Beaucoup de partis communistes ont été bousculés, certains ont disparu. Le PCF a perdu beaucoup de ses repères et de ses forces. Mais il est encore là pour son centième anniversaire et de jeunes militants prennent la relève pour retrouver cette ce qui avait fait sa force, un parti organisé sur le terrain par des militants du monde du travail et des quartiers populaires, un parti qui permette au peuple de retrouver le chemin de l’action politique, un parti qui permette à des millions de citoyens de sortir de l’abstention quand les riches dirigent la vie politique à leur seul profit.

La crise a tout bousculé ? Et si elle bousculait l’attentisme, le repli sur soi, l’individualisme ? Et si le parti communiste avait 100 ans devant lui pour changer vraiment de société ? Si le siècle à venir était celui de la fin de ce capitalisme invivable qui organise partout la guerre de tous contre tous ?

C’est le voeu que je vous propose avec ces deux poèmes de Louis Aragon.

  • Le premier du poète à son parti, en pleine gloire de la victoire contre le fascisme
  • Le deuxième dans la première grande crise du mouvement communiste en 1956, alors que la guerre idéologique fait rage pour casser les solidarités communistes, le poète porte toujours le soleil dans l’obscurité

Du Poète à son Parti, Louis Aragon, « La Diane Française » 1944

Mon parti m’a rendu mes yeux et ma mémoire Je ne savais plus rien de ce qu’un enfant sait Que mon sang fût si rouge et mon cœur fût français Je savais seulement que la nuit était noire Mon parti m’a rendu mes yeux et ma mémoire

Mon parti m’a rendu le sens de l’épopée Je vois Jeanne filer Roland sonne le cor C’est le temps des héros qui renaît au Vercors Les plus simples des mots font le bruit des épées Mon parti m’a rendu le sens de l’épopée

Mon parti m’a rendu les couleurs de la France Mon parti mon parti merci de tes leçons Et depuis ce temps-là tout me vient en chansons La colère et l’amour la joie et la souffrance Mon parti m’a rendu les couleurs de la France

La nuit de Moscou, Louis Aragon, Le roman inachevé, 1956

… J’attendais un bonheur aussi grand que la mer Et de l’aube au couchant couleur de la chimère

Un amour arraché de ses chaînes impies Mais la réalité l’entend d’une autre oreille Et c’est à sa façon qu’elle fait ses merveilles Tant pis pour les rêveurs tant pis pour l’utopie

Le printemps s’il fleurit et l’homme enfin s’il change Est-ce opération des elfes ou des anges Ou lignes de la main pour les chiromancies On sourira de nous comme de faux prophètes Qui prirent l’horizon pour une immense fête Sans voir les clous perçant les paumes du Messie

On sourira de nous pour le meilleur de l’âme On sourira de nous d’avoir aimé la flamme Au point d’en devenir nous-mêmes l’aliment Et comme il est facile après coup de conclure Contre la main brûlée en voyant sa brûlure On sourira de nous pour notre dévouement

Quoi je me suis trompé cent mille fois de route Vous chantez les vertus négatives du doute Vous vantez les chemins que la prudence suit Eh bien j’ai donc perdu ma vie et mes chaussures Je suis dans le fossé je compte mes blessures Je n’arriverai pas jusqu’au bout de la nuit

Qu’importe si la nuit à la fin se déchire Et si l’aube en surgit qui la verra blanchir Au plus noir du malheur j’entends le coq chanter Je porte la victoire au cœur de mon désastre Auriez-vous crevé les yeux de tous les astres Je porte le soleil dans mon obscurité

100 ans d’hier, 100 ans de demain…

Le 21e siècle a commencé par deux grands crises de nos sociétés capitalistes qui rendent encore plus actuelle l’utopie communiste. Le caractère invivable de cette société est dénoncée dans un court-métrage évènement, une gifle à l’occident disent certains « Dans l’Ombre, une odyssée moderne », de Ludomir Arsov. Il nous appelle à refuser toutes les formes d’obscurantisme et d’oppression. Son travail nous interroge : serons-nous capable de construire un autre monde, les « jours heureux » dont discutaient nos grands-parents et qui sont la seule issue pour nos petits-enfants…

[1comme ceux que met en scène avec brio la série Baron Noir

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