Conseil métropolitain du 17 septembre 2018

Climat : pour une nouvelle ambition métropolitaine Enregistrer au format PDF

Voeu des groupes EE-LV, LMA, LMGS, PRG et A. Gachet sur un « Engagement de la Métropole de Lyon contre les investissements fossiles »
Lundi 17 septembre 2018 — Dernier ajout mardi 18 septembre 2018

Avec ce voeu, nous touchons du doigt l’impasse de notre démocratie défaillante, la confusion idéologique qui fait que tout et son contraire peut être défendu, pourvu que la communication médiatique y trouve son intérêt…

La démission de Nicolas Hulot a créé une réelle émotion chez beaucoup de nos concitoyens, qui pensaient, à tort ou à raison, que son départ traduisait un échec de ce qu’il représentait de promesse pour l’environnement, et sans doute aussi la vie politique.

Des milliers de personnes ont manifesté pour dire leur inquiétude devant un changement climatique qui s’emballe, mais dans une grande confusion sur les réponses nécessaires. Faut-il continuer dans l’esprit de la loi pour la transition énergétique et la croissance verte ? ou faut-il le réinterroger ? La question sous-jacente de nombreux manifestants est celle du système économique. Comment peut-on le transformer ? par la régulation ? la réglementation ? Les lobbys privés ne sont-ils pas de toute façon toujours les plus forts ?

Les forces politiques devraient être un lieu où se conduise ce débat essentiel, mais il faut bien constater qu’elles sont elles-mêmes dans la plus grande confusion.

Ainsi, la revendication la plus répandue, portée par le site mondial 350.org, demande de ne plus travailler avec des acteurs économiques qui investissent dans des activités fossiles. Cette revendication est formulée dans un monde anglo-saxon où le marché est roi, et par conséquent, porte sur le comportement des citoyens et de leurs élus par rapport aux investisseurs. On peut le comprendre aux USA, après les décisions de Trump de libérer les investissements dans les centrales au charbon…

Mais en France, notre problème pour la production électrique n’est vraiment pas la réduction des centrales fossiles, notre électricité n’est que très marginalement fossile.

De même, en France, notre système de retraite est encore dominé par la retraite solidaire par cotisation, une retraite qui ne dépend pas des investissements, qu’ils soient fossiles ou pas ! Or, on nous demande d’intervenir auprès des caisses de retraite sur leurs investissements ! Mais quelle confusion, chers collègues. Vous êtes mûrs pour aider le président de la république dans sa prochaine réforme des retraites destinée à répondre aux attentes de AXA et les autres pour la retraite par capitalisation. Roland, comment peux-tu te faire piéger dans de telles péripéties politiciennes !

Mais ce n’est pas tout ! Vous demandez de cesser de travailler avec des acteurs économiques qui investissent dans le fossile, alors que vous avez vous-mêmes voté dans ce conseil une délibération sur le réseau de chaleur urbain avec un investissement de 300MW dans du fossile. Ce ne sont pas nos caisses de retraites, ni nos banques, ni des partenaires qui l’ont décidé, c’est ce conseil et donc vous-mêmes ! Permettez-moi de rappeler que seul le groupe communiste et parti de gauche a demandé qu’on augmente la part d’énergie renouvelable pour réduire la part fossile dans notre contrat de réseau de chaleur !

Franchement, de qui se moque-t-on ? comment un buzz médiatique peut-il à ce point rendre des élus, des forces politiques, aveugles à de telles contradictions !

Cela cependant ne nous étonne pas, car nous disons depuis longtemps que le débat sur la transition énergétique est un débat faussé par un non-dit issu de l’accord électoral entre le parti socialiste et les verts aux législatives de 2012 qui a conduit à l’esprit de la loi de transition énergétique, centrée sur l’électricité [1], et dont nous pouvons désormais constater l’échec !

Rappelez-vous l’étalage de satisfaction de nos dirigeants à Paris pour la COP21 nous promettant même qu’on pouvait limiter la hausse de température à 1,5°C ! Tous les experts du climat avertissait que ce n’était pas sérieux, et qu’il fallait de réels engagements en urgence pour ne pas dépasser les 2°C. L’année 2017 nous confirme que nous ne sommes vraiment pas dans une tendance à la maîtrise du changement climatique, au contraire, et les émissions carbonées au niveau mondial, comme en France, sont reparties à la hausse…

Il est donc urgent de réouvrir le débat de fonds et l’exemple allemand est illustratif de l’impasse dans laquelle nous enferme le discours devenu ultra-dominant des lobbys de l’éolien et du photovoltaique !

L’Allemagne a développé une industrie des ENR électrique de très grande ampleur. Elle a en 2017 un parc éolien et photovoltaïque dont la puissance est le double de la puissance nucléaire française ! Et avec cet énorme effort, elle n’a pas réduit ses émissions carbonées, un allemand émet toujours deux fois plus qu’un Français, et son électricité est toujours à plus de 50% à base de charbon, lignite et gaz !

Est-il autorisé d’ouvrir le débat ? et notamment de constater que l’urgence en France n’est pas de réduire les émissions carbonées de l’électricité, mais celles du transport et du logement, et qu’a coté de la biomasse, il faudrait développer l’électricité dans ces deux secteurs !

Je peux comprendre la décision de Nicolas Hulot, même si je pense que sa décision est d’abord celle de l’homme d’affaire qui regarde la valeur de ses actions Ushuaia commençant à pâtir de ses contradictions ministérielles. A vrai dire, la démission de Jean-Pierre Chevènement sur le refus de la guerre était de plus belle allure !

Mais prenons acte, Nicolas Hulot était dans une impasse, mais ce n’était pas une impasse personnelle ! Il se retrouvait simplement au cœur de l’impasse de la transition énergétique construite non pas pour le climat, mais pour satisfaire les tenants de la sortie du nucléaire.

Alors nous lançons un appel aux socialistes et aux écologistes qui peuvent nous entendre. Prenons l’urgence climatique au sérieux, faisons le bilan des expériences, regardons franchement les freins, et mettons-nous d’accord pour des objectifs politiques métropolitains ambitieux et réévaluer notre plan climat à la lumière de l’expérience :

  • accélérer la sortie du fossile des véhicules de la métropole, de collecte, de propreté… accélérer sans doute les expériences de biogaz, mais de toute façon développer l’électrique pour réduire rapidement notre parc thermique
  • accélérer la rénovation énergétique des logements, à partir de la réussite d’EcoRenov. Il faut une politique nationale beaucoup plus ambitieuse en nombre de logements visés, et en niveau d’aide pour réduire à zero le reste à charge pour les foyers modestes.
  • accélérer la transition de la mobilité métropolitaine avec un nouveau plan mobilité qui affirme la place centrale du rail dans les liaisons pendulaires avec les agglomérations voisines, la transformation urbaine des pôles gares, de nouvelles lignes de métro, de tram, la transformation du périphérique…

Voila notre voeu, loin des effets médiatiques, pour ouvrir le débat d’une transformation radicale des politiques publiques, et donc d’une transformation radicale du système économique. Car pour conduire de telles politiques, il faut des moyens publics gigantesques, il faut donc remettre en cause toutes les politiques des premiers de cordées, de régulation, et redonner enfin à l’état et aux collectivités les moyens d’un changement réel de société.

Vous connaissez la formule, ce n’est pas le climat qu’il faut changer, c’est le système, et c’est pourquoi je conclurai en disant à Bruno Charles. Tu peux faire mieux que Nicolas Hulot ! sors de cet exécutif qui t’enferme dans le libéralisme économique et invente avec nous le changement de société !

[1qui ne représente pourtant qu’un quart de nos consommations énergétiques totales, et une très faible part de nos émissions de gaz à effet de serre…

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