La drogue détruit des familles, des jeunes, des allées… Enregistrer au format PDF

Dimanche 3 décembre 2017 — Dernier ajout lundi 4 décembre 2017

Dans beaucoup de conseils de quartier, les questions d’incivilité, d’« occupations illicites d’allées », de squatts dit-on plus communément, d’insécurité, sont les premiers sujets de questions et de discussions… Mais le plus souvent, il y a un non-dit, rarement exprimé et pourtant connu de tous. Derrière tous ces phénomènes qui abiment le quotidien de tant d’habitants, il y a quelque chose que tout le monde connait sans oser en parler le plus souvent, les trafics de drogue, et donc la drogue elle-même, les « stupéfiants ».

La commissaire de police ou son représentant, le maire, le directeur général en charge de la sécurité en mairie ont partout expliqué longuement et précisément le travail énorme réalisé par tous les services de police, nationale, municipale, dans un partenariat étroit avec les bailleurs, le SYTRAL, la poste…

Il suffit de lire la presse locale pour découvrir très régulièrement des « affaires » de stupéfiants en justice, résultat d’un travail de police qui a duré souvent des mois voire des années. Car tout ceux qui participent aux assemblées générales de conseil de quartier l’ont bien compris, la police intervient régulièrement sur tous les lieux de trafics, et ils sont nombreux, dans tous les quartiers de la ville, comme dans toutes les villes de la métropole d’ailleurs, mais pour traduire un délinquant en justice, il ne suffit pas de savoir comme tout le monde qu’il ne traine pas sur le trottoir pour se balader, mais pour participer à un trafic, il faut en accumuler des preuves suffisamment solides pour que le procureur donne suite, pour que la justice puisse faire son travail… Or les trafiquants ne sont pas stupides, les réseaux savent s’organiser, et donner les consignes qui compliquent le travail d’investigation de la police… ce qui conduit souvent les délinquants à narguer les forces de l’ordre.

Mais pourtant, des réseaux tombent, des délinquants sont sanctionnés, souvent lourdement en justice, sauf que les réseaux comme les délinquants sont remplacés beaucoup plus vite que la police ne peut les découvrir, le plus souvent immédiatement, et au mieux, le point de vente se déplace sur un autre endroit…

Il faut se le dire en toute franchise. Si la présence des trafics est un abcès pour une allée, une rue, la vérité est que notre société accepte la présence des stupéfiants, et il n’est même pas rare d’entendre un journaliste ou une personnalité plaisanter sur le canabis, et suggérer en fait que tout cela n’est pas si grave…

En vérité, il y a des millions de consommateurs, et ils ne sont pas plus nombreux dans nos quartiers que dans les quartiers huppés, et sans doute même au contraire, une part importante des « clients » qui viennent s’approvisionner ici, habitent à Lyon ! On sait d’ailleurs depuis une grosse affaire tombée il y a quelques années que les organisateurs du trafic aussi ne sont pas forcément des Vénissians, et que les gros bonnets habitent parfois dans de luxueuses villas de l’ouest lyonnais…

C’est pourquoi je crois qu’on ne peut simplement interpeller la police en disant « réglez ce problème de trafic qui empoisonne notre quotidien ». Il faut aussi prendre nos responsabilités de parents, de citoyens, et faire grandir un mouvement de refus, un mouvement pour dire « NON A LA DROGUE » ! Parcequ’on ne peut laisser les apprentis sorciers des médias faire croire que de toute façon, tout le monde y passe ! Non, la majorité des jeunes refuseront de se faire piéger dans la drogue et il faut les aider, les valoriser, valoriser le refus et non pas la soumission !

Pas seulement non au trafic, mais non à ce qui peut pourrir la vie de nos enfants, de nos adolescents, les nôtres ou ceux de nos voisins… J’ai le souvenir d’une campagne menée quand j’étais un jeune communiste et dont le titre était sans équivoque « Le chichon, ça tue, ça pue et ça rend con ! ». Mais qui dit le dit aujourd’hui ?

Or la vérité, c’est que la drogue détruit des jeunes autant par la consommation que par le trafic ou par la violence de la rue.

  • Parce-que les effets des stupéfiants sur la santé sont connus ! Comment comprendre que tout le monde reconnaisse les méfaits du tabac ou de l’alcool, mais que certains nous vantent les mérites du canabis !
  • Parcequ’on ne sait jamais si un jeune qui commence à consommer ne vas pas entrer dans un cercle vicieux de consommation toujours plus forte, passer du canabis à autre chose, et on sait que dans les lieux de trafics, on trouve le plus souvent plusieurs stupéfiants.
  • Parceque la consommation de canabis révèle parfois, plus souvent qu’on ne croit, des difficultés de santé, notamment de santé psychique et qu’elle rend difficile leur traitement.
  • Parceque la consommation conduit à entrer en contact avec le trafic, et donc souvent à en devenir un relais, parcequ’il faut bien gagner de quoi acheter sa dose, et qu’une fois qu’on est en « affaire » avec un réseau, il est difficile de lui résister, surtout si des liens sociaux ou familiaux viennent compliquer la relation…
  • Parceque les jeunes qui se sont fait une place dans le trafic jouent au caid, mais que leur vie est en fait infernale.. Quelques instants de frime au volant d’une voiture de luxe n’effacent pas les heures perdues à ne rien faire qu’à surveiller, attendre… le temps perdu ne rien découvrir, apprendre, à ne pas construire sa vie… ni les tensions et violences entre trafiquants, et surtout pas la violence des plus aguerris, des vrais truands prêts à tout pour leur propre succès.
  • Parceque la rue, c’est d’abord et avant tout la violence, le mensonge, le mépris des autres, et qu’il n’y a jamais de fraternité, de solidarité, de camaraderie, quand l’argent facile décide de tout… J’ai vécu au pied de mon immeuble cette situation dramatique d’un jeune qui en tue un autre. Ce sont deux familles qui ont été détruite, celle qui a perdu son fils dans le meurtre et celle qui a vu on fils partir pour longtemps en prison.

On sait bien que le trafic de stupéfiants représente pour des familles un revenu important, qui devient même le revenu principal, tant que celui qui y participe peut tenir sa place dans le réseau, tant que les concurrents ne l’auront pas violenté, tant que la police ne l’aura pas traduit en justice.

C’est pourquoi il faut construire dans nos quartiers un front du refus, un front de parents qui disent « pas touche à nos enfants », « pas touche à la drogue ». Et ce front du refus doit être capable d’interpeller les politiques nationales pour dire clairement que notre société vit dans le mensonge, le déni face aux stupéfiants, qu’il faut enfin une vraie politique nationale de lutte contre les addictions qui considèrent les consommateurs d’abord pour les aider à se libérer de leur addiction, qui mettent en place une vraie politique de répression financière du trafic, de l’économie parallèle, tout en mettant en place des dispositifs de sortie de la dépendance économique au trafic pour les familles. Le précédent maire de Vénissieux avait déposé une proposition de loi qui montre qu’une autre politique nationale de réduction des toxicnomanies est possible.

On en peut réduire réellement les nuisances du quotidien liées aux trafics sans réduire réellement la place des stupéfiants dans notre société. Face aux souffrances et aux peurs que génèrent ces trafics, il y a évidemment un rôle de la police et de la justice, et chaque citoyen peut y contribuer, mais il y a aussi le besoin d’imposer dans l’espace public le choix de dire non à la drogue, de permettre aux familles d’en parler, de ne pas s’enfermer dans le déni ou le silence, de chercher ensemble comment refuser cette société invivable dont les trafiquants sont porteurs, une société du chacun pour soi, de la violence.

Alors, discutons pour trouver comment faire grandir dans nos quartiers ce message simple : « pas touche à nos enfants, pas touche à nos quartiers, pas touche à la drogue » !

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