Jean, un prêtre ouvrier des minguettes, un militant, un acteur de la vie publique vénissiane Enregistrer au format PDF

Lecture aux funérailles de notre camarade jean
Samedi 22 février 2025

J’avais écrit, difficile de parler de jean qui a été tant de personnes différentes. Mais il faut faire confiance au collectif et à la diversité de tous ceux qui ont témoigné ce matin. Je lui rends hommage au nom du maire de Vénissieux, malheureusement en réunion avec un préfet, de Saliha Prudhomme-Latour, adjointe aux affaires sociales, au nom de la ville de Vénissieux dont il a été une personnalité publique de premier plan, le premier plan de la vie, des habitants, pas celui des institutions ou des médias, il n’a jamais été élu, et pourtant il a tant fait pour Vénissieux, pour les Vénissians !

Nombreux de ses engagements ont été évoqués par des collègues de travail, des camarades d’action, des frères de pensée. Permettez moi de dire un mot en tant que communiste sur une question dont il était le symbole, les relations entre communistes et chrétiens. Il y a quelques jours, j’ai vu un film magnifique que je vous conseille, Château Rouge, un film qui se passe dans un collège avec des adolescents de troisième confronté à l’enjeu de l’orientation. Vous me direz quel rapport ? Et bien ces adolescents parlent de leur découverte, comme enfant, du monde des grands, avec des mots qui sont au cœur de ce que les communistes et les chrétiens ont en commun. Ils parlent de la difficile découverte de la violence du monde, de la société, des inégalités et des injustices. C’est ce que dit une belle chanson dont je pense que jean la connaissait, et qui parle d’adolescence comme

Blotti entre la jungle infernale des grands
Et le petit jardin tranquille de l’enfance

Cette jungle infernale des grands, l’enfant la découvre en devenant adolescent, et nous devons tous décider comment nous nous comportons comme adulte.

Nous savons bien que le cynisme, la cupidité, la méchanceté, le vol ou le crime existent. La foi est une force pour leur résister, comme l’engagement militant pour un monde plus juste. C’est ce qui fonde la richesse des liens entre communistes et chrétiens, et mieux ce qui fait que pour jean comme pour beaucoup d’autres, on peut être à la fois communiste et chrétien. (j’avais écrit « on peut », mais le merveilleux texte de jean lu à l’instant en dit beaucoup plus !). C’est lui qui disait dans une interview d’expressions en 2002 après une vague de violences urbaine :

J’ai failli perdre pied. J’avais envie de me tirer de la Z.U.P.. Dans un texte, je me suis questionné sur cette vie. La réponse tenait dans le militantisme et la foi.

Permettez moi dans ce monde difficile de généraliser, on peut être à la fois communiste et croyant, chrétien, musulman, juif, ou bouddhiste..

Jean a été engagé syndicalement à son travail, pour le logement, contre la pauvreté pour une vie digne. Cela l’a conduit à prendre des responsabilités dans des structures de la ville. Il représente la CNL au conseil d’administration du CCAS de 1995 à 2019, près d’un quart de siècle où il a participé activement au conseil, mais aussi aux commissions d’attribution des aides de la ville, défendant des situations humaines qu’il connaissait bien pour en accompagner beaucoup comme militant.

Dans les années 1990, il anime le collectif pour la tranquillité dans la ville qui contribuera à la création par André Gerin de l’office public de la tranquillité.

Il a aussi été représentant de la CNL au conseil d’administration de la SACOVIV de 2007 à 2014. Il a été désigné dans diverses commission de moindre importance comme la peu connue commission communale des impôts directs en 2014, je n’en ferai pas la liste, il disait difficilement non !

Mais surtout, il a joué un rôle important dans la régie de restauration de la ville, et même avant la création de la régie, dans l’œuvre des restaurants d’enfants, l’association qui gérait les restaurants scolaires avant la municipalisation en juin 2000. Il s’impliquait fortement dans la restauration scolaire, de l’enjeu de la qualité de l’alimentation pour des milliers d’enfants qui y mangent leur seul repas quotidien complet, équilibré, de qualité, à l’enjeu de la municipalisation, comme au grand projet de construction d’une nouvelle cuisine centrale.

Il a été président du conseil d’exploitation de la régie dès le décès de Colette Raffali en décembre 1999 et jusqu’en 2019. Et tant qu’à parler de restauration, il faut dire que c’était un fin pécheur de truite.

Je suis heureux de l’avoir connu, d’avoir habité le même quartier, partagé nos soucis du quotidien, de la propreté, des incivilités, et comme président de la SACOVIV, d’avoir pu bénéficier de sa connaissance humaine et concrète du quartier, de ses locataires.

On oppose souvent les institutions aux citoyens, jean était la démonstration que, au contraire, tout l’enjeu démocratique est de dépasser cette opposition, d’être citoyen avec les institutions, et de penser des institutions outils des citoyens.

Jean est parmi nous, pas seulement dans nos souvenirs, mais dans tout ce qu’il a contribué à construire. Alors je termine avec ses propres mots, un extrait d’un de ses poèmes :

“J’ai collé mon oreille à tes lèvres meurtries,
Toi l’Ecorché à vif, l’écrasé qu’on rejette
Celui qui n’a plus droit sauf aux espoirs flétris
Croûlant sous les crédits au miroir de sucrette…”

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