La hausse des prix de l’énergie n’est pas fatale ! Enregistrer au format PDF

Mobilisons-nous pour notre pouvoir d’achat et le droit à l’énergie
Lundi 5 septembre 2022 — Dernier ajout mardi 6 septembre 2022

Depuis des semaines, tous les médias sont mobilisés pour nous convaincre de nous serrer la ceinture au nom de la crise énergétique. C’est une véritable économie de guerre que le gouvernement veut mettre en place, avec malheureusement le soutien de ceux qui se font piéger dans un discours faussement écologique nous faisant croire que ce serait nos modes de vies et les ressources finies de la nature qui seraient la cause des désordres du monde.

Non, ce n’est pas la terre, ce ne sont pas les femmes et les hommes qui sont coupables, mais bien un système économique et politique incapable de planifier, d’investir là où c’est nécessaire, d’assurer les services publics qui garantisse nos droits, le droit à l’eau, à l’énergie, à la mobilité, au logement… Au contraire, la guerre économique pour l’accès aux ressources devient souvent une véritable guerre, d’Irak en Ukraine, et au lieu de consacrer l’intelligence humaine à réduire rapidement nos émissions fossiles, tout est fait pour nous mobiliser dans cette guerre qu’aucun peuple n’a voulu.

Est-ce la faute au pétrole et au gaz ?

Non, il suffit de regarder les cours historiques du pétrole pour comprendre qu’ils n’ont rien à voir avec les contraintes physiques de cette ressource et tout à voir avec les crises économiques et les guerres successives dans lesquelles les USA sont toujours un acteur déterminant.

Oui, la sortie du pétrole est indispensable pour le climat et aussi pour utiliser intelligemment les ressources limitées restantes. Il faut arrêter de l’utiliser pour faire de l’électricité et limiter son usage dans les déplacements en développant d’autres carburants et la mobilité électrique. Mais ce sont bien les décisions des USA et de l’OPEP+ qui en détermine le prix ! On dit parfois que c’est la spéculation, mais en vérité, les prix traduisent toujours le rapport de forces entre les intérêts économiques des producteurs qui cherchent légitimement à vendre leur ressource au meilleur prix et les intérêts des grands acheteurs, les USA menant la danse, jusqu’à ce que la Chine et l’Inde prennent la force qu’ils ont aujourd’hui ! La spéculation, avec ses super tankers qui changent de propriétaire sans bouger de haute-mer existe bien sûr, et amplifie les baisses et les hausses. Mais le prix est d’abord géo-politique. Donc seuls les accords entre pays peuvent permettre des prix stables. Sauf que l’occident veut imposer ses règles et a si souvent utilisé la guerre pour les imposer que les pays producteurs ne nous écoutent plus.

C’est pareil pour le gaz qui en plus a des stocks gigantesques pour une part encore à découvrir. Quand on nous dit que c’est la guerre décidée par la Russie en Ukraine qui est la cause de la hausse du prix du gaz, on se fout de qui ? La bataille du gaz a commencé il y a des années comme le montre l’histoire mouvementée du NorhStream2, le gazoduc voulu par la Russie et l’Allemagne et que les USA ont tout fait pour torpiller depuis l’origine il y a 10 ans, pour vendre leur gaz de schiste, deux fois plus cher en plus ! Ce n’est pas la Russie qui ne veut plus nous vendre son gaz, c’est l’Union Européenne qui annonce officiellement ne plus accepter de gaz russe ! Et quand l’état demande à Engie de ne plus payer Gazprom, comment s’étonner de la suite ?

Ne nous parlez pas de liberté et de guerre à ce sujet, les USA ont mis les engrais russes hors sanctions car leur agriculture en a besoin ! Et ne nous parlez pas du climat à ce sujet, car c’est un véritable scandale. Les écologistes allemands sont devenus les plus atlantistes et militaristes et ont poussé un gouvernement allemand fragile au pire, jusqu’à redémarrer des centrales au charbon ! Un comble pour des verts allemands devenus vraiment des vert-de-gris !

Non, les prix du pétrole et du gaz explosent parce-que nos gouvernements occidentaux ont décidé de la guerre contre les économies montantes du sud, contre l’hypothèse d’une nouvelle alliance mondiale, les BRICS, dont l’occident ne serait pas le maitre. Et on arrive à cette aberration que ce sont des « libéraux » qui veulent interdire les échanges mondiaux ouverts !

C’est la faute du nucléaire ?

Non bien sûr ! D’ailleurs la commission européenne reconnait qu’il faut changer une règle de fixation du prix de marché de l’électricité devenue aberrante. Mais elle est aberrante depuis le début, car elle fait reposer le prix marché de l’électricité sur le gaz. Et en France, nous avons très peu de gaz dans l’électricité, seulement 6% en 2021, 8% d’origine fossile au total, contre 47% à l’Allemagne qui a pourtant investit des centaines de milliards dans les renouvelables électriques, mais a toujours besoin des fossiles pour compenser l’intermittence. La puissance installée en renouvelable en Allemagne (123 GW) est le double de la puissance nucléaire installée en France (61 GW). Et pourtant, malgré les centrales françaises à l’arrêt, le nucléaire français produit plus que les renouvelables allemands, 361 TWh contre 295TWh (données 2021).

Alors pourquoi le prix de marché en France est même supérieur à celui de l’Allemagne ? Parceque nous avons accepté (merci Jospin, Sarkozy, Hollande et Macron !) d’intégrer la France dans le marché européen avec un prix déterminé par le gaz ! Et les mirages pseudo-écologistes de la surproduction de l’éolien en mer du nord et du photovoltaique en méditerranée qui pouvaient alimenter toute l’europe s’est heurté à la réalité de l’intermittence qui contraint l’Allemagne à une forte dépendance au gaz, ce qui justifiait la stratégie « russe » de Merkel.

Et pourtant, la France a cédé aux pressions européennes pour rendre son réseau électrique de plus en plus dépendant de l’Allemagne. Pire, elle a fermé la centrale de Fessenheim que l’autorité de sureté nucléaire autorisait pourtant à produire et alors que la centrale la plus vieille, Beznau en Suisse produira jusqu’en 2029. Résultat, nous avons perdu 12TWh annuel qu’il faut aller chercher dans le mix allemand, avec 50% de fossile ! Une aberration pour le climat, pour la souveraineté énergétique de la France, un scandale politicien résultat d’un accord électoral PS Verts en 2012 !

Non, le prix de l’électricité est bien une décision politique, même quand elle est confiée au marché ce qu’impose l’Union Européenne. Sur ce point, il faut tout simplement désobéir au marché européen, renationaliser EDF et Engie, revenir au tarif réglementé, et négocier des échanges entre états avec des prix stables annuels correspondant aux réalités des besoins de chacun. Et le premier besoin, c’est d’assurer l’équilibre offre-demande en permanence, et donc il ne sert à rien de produire parceque le vent souffle si à ce moment là, il n’y a pas de demande. A chaque pays donc de définir les priorités d’appel des ressources, arrêtons cette priorité stupide aux renouvelables qui conduit à faire payer l’intermittence non par ceux qui la cause, mais par les autres !

L’inflation est un choix politique des dirigeants économiques du monde occidental

Au fonds d’ailleurs, la hausse des prix de l’énergie intervient dans un contexte d’une inflation qui avait démarré avant, dès 2021. La FED avait d’ailleurs annoncé ses hausses de taux avant l’entrée des troupes russes en Ukraine et l’argument n’avait rien à voir avec l’énergie. Son objectif était de freiner les hausses de salaires dans un contexte jugé trop favorable aux salariés qui, notamment aux USA, étaient nombreux à démissionner pour trouver un meilleur travail.

Demandez à vos parents qui avaient acheté une maison dans les années 70, l’inflation est l’amie des salariés, car elle pousse les salaires à la hausse, à l’époque, les salaires étaient même indexés sur l’inflation, et elle réduit dans le même temps le poids de votre dette ! Par contre, elle est l’ennemi des rentiers qui voient leur actif perdre de la valeur… La FED, comme tous les dirigeants du monde occidental ont choisi. Depuis des décennies, ils font tourner la planche à billet pour maintenir la bourse et les dividendes tout en maintenant une rigueur ferme contre les salaires. Mais les salariés sont dans beaucoup de secteurs en meilleur position pour obtenir des hausses de salaire. C’est bien parce-que la FED constate qu’il devient trop difficile de résister à ces hausses qu’elle a changé de stratégie, et fait monter les taux pour ralentir l’économie et durcir la situation de l’emploi pour freiner les salaires.

Les banques centrales ont inondé les marchés de monnaie pour maintenir les revenus boursiers. La masse monétaire aux USA est passée de 3178 milliards de dollar en 1990 à 21.800 milliards début 2022, presque 700% [1], sans aucun rapport bien sûr avec la croissance dans cette période !

C’est le célèbre Milton Friedman qui expliquait « L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle est et qu’elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production »

Voila la vérité des hausses de prix. Ce n’est ni le pétrole, ni le gaz, ni le nucléaire, ni même la guerre qui en sont les causes et qui mettent des millions de familles dans la tourmente. C’est le capitalisme mondialisé et ses gouvernements qui mettent toujours en priorité les intérêts des « premiers de cordées » contre les intérêts populaires.

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