Réactions d’été aux « émotions climatiques »… Enregistrer au format PDF

Il fait chaud… c’est le réchauffement ? Plus de morts de la canicule que de la route ?
Dimanche 27 août 2023

Même si j’ai passé une grande part du mois d’août à la campagne gardant des petits-enfants, je suis resté attentif à ce qui se passe à Vénissieux avec notamment des contacts avec des locataires du boulevard Croizat après de nouveaux coups de feus en début de ce mois. Le travail avance pour accélérer le projet de résidentialisation… Mais j’ai aussi beaucoup écouté les réactions au débat sur le climat de personnes rencontrées sur un marché rural, au bord d’un petit lac ou dans une charcuterie à la ferme. Et si en cette fin août, la canicule semble enfin derrière nous, je crains de véritables fractures démocratiques avec des médias qui continuent à « animer » le débat public à coup de buzz et d’effets de communication, mélangeant météorologie et climatologie, cherchant le buzz et le spectaculaire…

Il est légitime de faire écho aux émotions mais à condition de les inscrire dans un débat qui ouvre une perspective d’action, de décision publique… et donc nécessairement de manière contradictoire. Or, les médias ne proposent pas de débats sur le climat [1], ils se contentent de surfer sur les catastrophes, sur ce qui impressionne et fait peur, ne parlant que de nos comportements, comme si le climat était une question individuelle.

J’ai découvert un article (en anglais) intitulé « que faire avec les émotions climatique » qui racontent la vie mouvementée d’un américain révolté contre « l’inaction climatique », se demandant ce qu’il peut faire de plus que tout ses « écogestes » sur sa consommation, ses déplacements, son mode de vie, réalisant que tout cela ne suffit pas et s’interrogeant jusqu’à l’écoterrorisme, se confrontant même à une question existentielle, chercher de l’aide psychologique tout en refusant avec raison de considérer que le climat était un problème psychologique.

Dans cette longue histoire racontée par une journaliste du « New Yorker », et publiée en français par une amie on se rend compte que ce jeune, comme tous ceux qu’il évoque, ne pose jamais une question pourtant simple. L’action contre le changement climatique, est-ce un problème individuel, qui peut relever de psychologie ou de mode de vie, où est-ce un problème collectif, qui relève d’abord de … choix politiques ?

Tant que le débat sur le climat en restera à la recherche des « émotions climatiques », au buzz médiatique, tant qu’on mélangera météo et climat pour « faire le buz », on en restera au constat banal que tous les discours ne produisent aucun résultat et pire, peuvent créer des fractures démocratiques profondes…

Ainsi du discours sur la canicule. Record de température battu, preuve du changement climatique ? " Non, j’ai eu la chance de passer une année [2] à la météorologie et j’ai gardé le souvenir d’un record de chaleur… 40°C en 1983… ce n’était pas le changement climatique ! Dans les médias, chaque évènement météorologique est pourtant l’occasion d’affirmer un discours vague sur l’urgence climatique, qui mélange météo et climat.

Quand tous les médias ne parlaient que de canicule, j’étais en Haute-Loire avec des températures… basses à tel point qu’on se demandait s’il ne fallait pas mettre un peu de chauffage. J’entendais des commentaires du genre « si c’est ça le réchauffement, tout va bien » ! Mais avoir froid fin juillet dans une région ne veut pas dire que la température moyenne en France n’est pas en hausse. C’est la confusion fréquente entre météorologie (le temps qu’il fait à un endroit et un moment) et la climatologie (le temps moyen qu’il a fait ou fera en général partout…).

Mais ce sont les défenseurs de l’action contre le changement climatique qui utilisent eux-mêmes la confusion entre météo et climat. Résultat, dès que la météo ne correspond pas au discours sur le changement climatique, tout peut être mis en cause.

Il faut donc redire que le changement climatique concerne les séries de températures moyennes à l’échelle d’une grande région et sur un ensemble d’année. Le fait de battre un record de chaleur un jour dans une ville, ne dit rien du changement climatique si on ne dit pas que ce record est battu souvent et partout.

De même, il est normal d’avoir chaud en été. La canicule, c’est quand on a chaud la nuit et que ça dure. Cette année, là ou j’étais, je n’ai pas vu de canicule avant le 15 août…

C’est d’ailleurs ce qui devrait être le vrai débat sur la procédure d’interdiction des « soulèvements de la terre », interdiction stupide pour un « mouvement » dont tout le monde sait qu’il n’a pas d’organisation, de direction, de représentants officiels, même si tout le monde sait que la galaxie écologiste sociale, associative et politique met en avant ce « mouvement » pour capter la colère de nombreuses personnes devant les conséquences du changement climatique. Par contre, personne ne sait vraiment quel est le projet politique de ce « soulèvement » et comment il se prononce sur les grandes décisions politiques pour le climat. Il faut décarboner, certes mais comment ? Comme en Allemagne qui a arrêté sa production électrique nucléaire décarbonée et demande de considérer des investissements de centrale au gaz comme « écologique » parcequ’ils pourraient un jour utiliser de l’hydrogène ? Sachant que pendant ce temps-là, l’Allemagne relance le charbon et que les centaines de milliards investis dans les « renouvelables » n’ont eu qu’un effet marginal sur les émissions carbonées de ce grand pays industriel qui dépendait du … gaz russe ?

C’est tout le problème du débat public sur des idées générales, des slogans, des mots d’ordres, dont personne ne comprend bien comment les concrétiser… La première critique des « soulèvements de la terre », c’est que personne ne sait dans quel sens ils veulent la soulever !

Le résultat est qu’on peut répondre à des slogans par d’autres slogans et que la confusion est reine !

Encore un exemple, la mortalité liée à la canicule. J’ai entendu à plusieurs reprises l’idée qu’il y avait plus de morts chaque année de la canicule (3600) que de la route (3300)… Idée reprise par des journalistes « sérieux » comme le vrai ou faux de France Inter. Mais c’est une comparaison entre des torchons et des serviettes comme on disait… Car un mort de la route, c’est un mort du totalement à un accident de la route. Le calcul des « morts du climat » est un calcul statistique qui compare le niveau de décès selon le niveau de canicule, mais ce sont des morts de maladies diverses qui ont été « aggravées » par la chaleur, parce qu’elle a affaibli les personnes qui ont moins bien résisté à ces maladies. Il peut y avoir quelques morts de déshydratation, mais ils sont autant mort de non accès à l’eau que de canicule.

C’est donc une comparaison mensongère qui au passage, laisse penser que la violence de la route n’est pas si grave. C’est d’ailleurs la même chose pour les décès liées à la pollution de l’air.

En conclusion, s’il y a une critique radicale des politiques climatiques menées en France, comme dans toute l’Union Européenne, ce n’est pas de les accuser d’inactions, il ne cessent au contraire de multiplier les plans, les annonces d’investissements, et le sujet envahit tous les discours. Mais c’est de remettre en cause leurs CHOIX politiques, et le premier d’entre eux est le choix de la guerre pour défendre les intérêts des oligarchies occidentales au moment où le monde entier devrait se mobiliser pour la décarbonation de toutes les économies. Voilà l’urgence climatique première, la PAIX !

[1comme d’ailleurs sur la guerre..

[2de service militaire !

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