Une situation politique inédite… Enregistrer au format PDF

Mardi 20 décembre 2016

Chacun sent que nous vivons une période de grand chambardement, au plan mondial avec les relations USA-Russie-chine, les transformations aux USA, le brexit, la rupture italienne… et au plan national avec la fin d’une époque, Sarkozy, Juppé, Hollande, Le Pen père… Alors avant les fêtes de Noel et en attendant les voeux, une réflexion inquiète sur l’état des choses…

Oui, c’est le grand chambardement… Et il est inquiétant… comme la comparaison des discours de Sarkozy en 2007, se présentant comme l’homme de la rupture avec son slogan du « travailler plus pour gagner plus », et de Fillon dix ans plus tard, se présentant toujours comme l’homme de la rupture, mais dans le cynisme du « travailler plus pour gagner moins » !

On ne sait plus qui est qui désormais entre gauche et droite. Le parti socialiste de la métropole a rejoint le centre Macroniste, qui tente de renouveler l’opération ni gauche ni droite de l’ancienne droite Giscardienne devenu l’ailleurs de Bayrou, soutien au final de Hollande, avant de parier sur Juppé… décidément, c’est dur d’être ailleurs. Le PS Vénissian lance en appel aux électeurs de droite, « ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous sépare »… Et avec Fillon qui drague tous les conservatismes religieux et moraux, on ne sait plus si l’extrême-droite est vraiment à droite de la droite…

Rien ne semble stable, Le Pen fille poussée par sa nièce, se retrouve à faire l’équilibriste entre la surenchère contre les musulmans, les pauvres, les femmes et la tentation de prendre Fillon de gauche en défendant, comble de l’ironie, la sécurité sociale créée par le ministre communiste Ambroise Croizat !

Qui peut y comprendre quelque chose ? Qui peut avoir un espoir de "changer la vie" par une élection ? Depuis des années, on nous parle de l’horrible dette et de la mondialisation heureuse, de l’innovation créatrice d’emploi et de l’Europe sociale, de la privatisation pour retrouver la croissance… Comme le chante Alain Souchon se moquant de la publicité, quand on écoute les débats politiques télévisés « on voit le vide à travers les planches ».

Les idées ne sont que des joutes médiatiques, inutiles pour s’attaquer au chômage, à la précarité, aux violences. Elles ne servent qu’à opposer, diviser, pour tenter d’apparaitre porteur des intérêts de certains contre d’autres, quitte à faire grandir les tensions pour espérer en retirer des bénéfices politiciens.

Oui, personne n’y comprend plus rien parce qu’aucune force politique présente médiatiquement n’a de projet pour sortir la France de la pauvreté, de la précarité, de la violence, aucune n’a de projet pour un monde de paix et de développement "harmonieux" comme disent les chinois…

Et toute les métamorphoses de l’UMP en républicains ou du PS en « marche » n’y changeront rien. Les changements de logos et de visages ne sont là que pour que le même système continue. Il suffit de regarder les nominations de Trump, celui qui se présentait aux ouvriers déclassés de la ceinture de rouille des grands lacs comme l’homme de la rupture avec le système et qui nomme le patron de MacDo ministre du travail et le patron de Exon, ministre des affaires étrangères… ! Tout un symbole des oligarchies qui prennent en main directement les affaires parce qu’elles constatent que le système politico-financier de la mondialisation est en échec.

Cette impression de grand chambardement vient au fonds de l’échec de plus en plus visible de l’histoire qu’on a cherché à nous raconter depuis l’effondrement des pays socialistes… en gros depuis 30 ans… On nous avait promis un monde désormais sous contrôle occidental, une mondialisation qui allait apporter le message démocratique partout, et allait "unifier" le monde… On a vite compris que c’était sous la direction des banques, qu’il fallait payer pour les sortir de leur dette, et que c’était le retour des guerres… Et cette grande histoire qui faisait dire à l’Union Européenne qu’elle allait devenir "l’économie de la connaissance la plus compétitive du monde" se révèle une histoire dramatique de guerres et de réfugiés…

Il faut le dire, le cadre institutionnel dans lequel la métropole est né, celui de la mondialisation, de la concurrence des grandes villes dans le démontage européen des nations, celui de l’organisation unipolaire du monde, celui de la domination mondiale des USA, est en crise. La violence et l’arrogance de Trump le révèle, sans le résoudre d’ailleurs. Le pire est devant nous.

Que se passera-t-il dans 6 mois si la crise bancaire italienne éclate ? Que se passera-t-il après 2017 en France ? Combien de milliards en moins pour les collectivités et les services publics ? Combien d’emplois supprimés dans des services essentiels pour nos habitants ?

Oui, ce qui est de plus en plus clair, c’est que nous manquons d’un vrai projet de changement de société, une rupture qui ne soit pas de logo ou de personne, mais de système. Tant que nous restons prisonniers du discours économique commun aux forces gouvernementales de gauche et de droite, nous restons prisonniers du système qui organise la dette au service de ses privilèges.

Alors, peut-être une situation politique inédite ? Le réveil des peuples ?

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