Et bien, non seulement je ne crois pas un seul instant à cette histoire « officielle » occidentale, mais je sais que la révolution d’octobre est d’abord une immense révolution de millions de paysans et ouvriers qui refusent un régime tsariste profondément marqué par des siècles de servage, par un capitalisme déjà mondialisé d’une violence terrible, là-bas comme en Angleterre, en France ou en Allemagne, et dont ceux qui sont soldats refusent de plus en plus une guerre meurtrière et sans issue qui ne se fait que pour le partage économique du monde entre colonialisme…
Les bolchéviques ont bien pris le pouvoir militairement à Saint-Pétersbourg mais s’ils ont pu vaincre les armées blanches que toute l’Europe avait armé contre eux, c’est bien qu’ils ont donné le pouvoir aux « soviets », ces « conseils » en russe, conseils d’atelier, de villages, de régiments, et que ces soviets ont été portés par la masse d’un peuple qui ne voulait plus de la société telle qu’elle était !
Il faut lire « les 10 jours qui ébranlèrent le monde » du journaliste américain John Reed, pour constater la profondeur de la révolution dans la peuple russe, pour mesurer l’incapacité des élites de l’aristocratie, de la bourgeoisie ou des réformistes à lui répondre, et pour réaliser donc que les bolchéviques ont réussi l’incroyable, transformer une révolution populaire en un état nouveau, totalement différent des institutions politiciennes classiques.
Il faut lire aussi « la Russie nouvelle » d’un maire de Lyon célèbre, Édouard Herriot, écrit après un long voyage dans la Russie soviétique de 1922, livre qui commence par cette affirmation « essayons de dégager ce qui nous permettra de saisir l’évènement formidable que fut la révolution d’octobre… laissons de coté toute idée préconçue, ouvrons les yeux et cherchons à comprendre », et qui se termine par ce choix éclairé « il faut travailler à réconcilier la république russe et la république française… ». .
D’ailleurs, dès qu’on s’intéresse à l’histoire de l’URSS, ce discours dominant sur un coup d’état qui produit un immense échec est incohérent… Comment une dictature inefficace et inégale a-t-elle pu résister à la guerre des armées blanches organisées par tous les pays occidentaux ? Comment a-t-elle pu faire d’une Russie paysanne une grande puissance technologique et industrielle ? Comment a-t-elle pu construire cette armée rouge capable de résister puis de battre la puissance allemande ?
Et si on se souvient encore des réussites technologiques spatiales, Spoutnik en 1957, le premier satellite artificiel, Gagarine en 1961, le premier homme dans l’espace, Saliout en 1971, la première station spatiale, nous découvrons régulièrement des « réussites » soviétiques incroyables dont aucun média ne parle et qui montre au minimum la richesse et la complexité d’une histoire…
- Celle du botaniste Vavilov qui crée le premier institut de protection de la biodiversité à l’heure ou au contraire l’occident développe une agriculture intensive sans biodiversité, institut dans lequel les occidentaux vont désormais chercher des espèces perdues chez eux.
- Celle de la méthode TRIZ, élaboré après 1945 par l’ingénieur soviétique Altshuller, reposant sur une loi du progrès technologique par l’analyse des contradictions dans un système, le sigle étant un acronyme russe de la théorie de résolution des problèmes, méthode qui s’est diffusé dans des laboratoires occidentaux depuis les années 90…
- Celle du plan qui fixait dès 1971 l’objectif d’un réseau informatique national qui relierait les organisations à travers le pays, jamais été mis en œuvre. Internet aurait pu naitre russe… Si la qualité de l’école mathématique russe a toujours été reconnue, on sait moins qu’elle avait permis dans les années 60 de fortes avancées en informatique naissante sur des technologies russes, parfois en avance sur l’occident, mais peu industrialisées, même si au final l’état soviétique a choisi de tenter de copier les technologies occidentales, aggravant son retard industriel.
- Et que dire de l’incroyable richesse culturelle libérée par l’explosion révolutionnaire de 1917… en musique, en littérature, en peinture, les noms célèbres sont innombrables !
- Il faut aussi lire ce que la sociologue Danielle Bleitrach ramène de ces voyages avec la linguiste Marianne Dunlop en Europe de l’Est, ces innombrables témoignages de cette citoyenneté soviétique que des millions de gens regrettent, une citoyenneté construite dans un immense pays multi-national, pluri-ethnique, pluri-religieux, qui ne s’est jamais confondue avec quelque nationalisme que ce soit, qui s’est toujours développée dans la diversité des nations, des républiques fédérées, associées, autonomes… Une leçon pour ces promoteurs d’une Union européenne incapable de se penser comme un espace de citoyenneté sans renier ses nations !
- Et n’oublions pas qu’il a fallu un accord entre les présidents de la Biélorussie, de l’Ukraine et de la Russie, « trois ivrognes », comme le dénoncent de nombreux ex-soviétiques aujourd’hui, pour dissoudre l’URSS en décembre 1991, alors que les soviétiques avaient voté en mars 1991 à 77,85% des 80% de votants pour son maintien !
Résumer l’URSS à un terrible goulag, c’est un mensonge total, méprisant pour un peuple et son histoire. Je ne suis pas historien, et j’ai plus de questions que de réponses simples sur cette histoire soviétique, ses réussites, ses drames et son effondrement final, mais il est clair que ce discours dominant est un énorme mensonge, construit d’abord pour imposer l’idée qu’une révolution est toujours un drame, un mensonge, une horreur… pour pousser les peuples à accepter ce qui leur parait inacceptable, une société toujours plus inégale et violente, injuste…
D’ailleurs, il est frappant de voir à quel point les discours diabolisant la révolution russe finissent toujours par diaboliser aussi la révolution Française… C’est pour cela que je suis heureux d’aller avec une délégation de communistes Français à Moscou ce 7 novembre 2017, que je serai fier de participer à un défilé avec plus de 150 délégations de toute la planète, sans doute des dizaines de milliers de manifestants de toute l’ex URSS.
Pour ceux qui cherchent les chemins d’une autre société, le voyage de Moscou, comme beaucoup d’autres, est une étape indispensable…
Pour découvrir une autre histoire soviétique,
- Le siècle soviétique, Moshe Lewin, Fayard,2003
- URSS vingt ans après, Danielle Bleitrach et Marianne Dunlop
- 1917-2017, Staline, un tyran sanguinaire ou une héros national, Danielle Bleitrach et Marianne Dunlop, Editions Delga - Novembre 2017
Vos commentaires
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
Suivre les commentaires : |