Poussières, emplois et besoins humains… Enregistrer au format PDF

Vers un réseau de chaleur exemplaire…
Samedi 24 avril 2010 — Dernier ajout lundi 26 avril 2010

Ce 21 avril, à 2h du matin, des habitants du Sud de Lyon ont été réveillé par un bruit marquant… Ceux qui ont l’oreille réalisent assez vite que la torchère de la raffinerie brule avec force… ce que confirme tout de suite le regard…

Il s’est passé quelque chose… On apprendra plus tard qu’un accident dans l’installation technique a stoppé le raffinage et que le pétrole a été brulé jusqu’au milieu de journée, en rejetant tout dans l’atmosphère…

Tous les riverains savent qu’une installation classée comme la raffinerie représente des risques de ce type, et beaucoup connaissent les organismes et les procédures de contrôle qui jouent un rôle important pour connaitre et surveiller les pollutions générées par cette activité industrielle.

Bien sûr, certains peuvent penser que le plus simple serait de supprimer cette raffinerie, et d’ailleurs toute cette vallée de la chimie, ce qui par ailleurs attirerait de nombreux affairistes et spéculateurs fonciers, mais la grande majorité des habitants savent au contraire que l’agglomération a besoin de son activité industrielle !

Certes, il faudra réduire progressivement la production de carburants automobiles à base de pétrole, mais pour de nombreux autres usages, le pétrole est irremplaçable, et c’est même pour cela qu’il faut cesser de le bruler en essence ! Le raffinage restera donc longtemps une activité industrielle vitale, et les salariés ont bien raison de faire grève contre une direction qui est prête à verser des millions pour délocaliser ses raffineries, au seul profit de ses actionnaires… Ça commence à Dunkerque, mais tout le monde sait que ca se poursuivra, entre autres à Feyzin.

Cet exemple montre à quel point les enjeux environnementaux et sociaux sont liés étroitement. Ce serait évidemment un mauvais coup contre l’environnement que de fermer une raffinerie en France pour en ouvrir une autre en Thaïlande ou au Arabie, en sachant qu’elles seront moins contrôlée là-bas ! Et ce serait un drame social et économique, pour les salariés, les sous-traitants, les riverains, l’agglomération !

Au contraire, plus les intérêts des salariés et des habitants sont défendus ensemble, plus il faut trouver des solutions qui répondent à la fois aux enjeux environnementaux et sociaux.

Je ne sais pas combien de kilos de poussières on été rejetés par la torchère ce 21 avril pendant plus de 10h, et il est bien sûr très important que les habitants, leurs élus, soient pleinement informé des causes et des conséquences de cet accident, mais je suis sûr qu’il faut en conclure qu’il faut plus d’investissements dans l’outil de production, la formation des salariés qui le font vivre, les moyens de contrôle et d’information des habitants.

C’est d’ailleurs exactement le même problème pour la chaufferie urbaine de Vénissieux. Avec le remplacement du fuel par du CHV il y a 10 ans, la ville avait permis de réduire fortement les émissions de souffre tout en réduisant le prix de la chaleur. C’est aussi ce qu’elle avait décidé en 2002 en lançant une chaufferie bois. Chacun sait que des malfaçons et défauts ont obligé à reconstruire les chaudières, ce qui sera fait d’ici octobre 2010. Le résultat est là aussi environnemental, en améliorant fortement le bilan carbone du réseau de chaleur, mais aussi social en sortant encore plus le réseau de chaleur de la dépendance aux spéculateurs du pétrole.

La ville veut continuer dans cette voie en construisant une chaudière gaz qui permettra de se passer presque totalement des combustibles issus du pétrole, et en étudiant aussi la réalisation d’une nouvelle chaufferie biomasse qui permettrait au réseau de devenir un réseau exemplaire avec 60% de biomasse et plus du tout de pétrole !

Mais cela prend du temps, et pour l’hiver 2010-2011, si les émissions de poussière passeront de 16 à 12 tonnes au total, elles resteront supérieures de 1 tonne à la réglementation. La ville va présenter ce jeudi 29 avril dans une commission départementale son plan d’action jusqu’en 2014 pour le réseau de chaleur.

Là aussi, certains peuvent considérer que les questions environnementales et sociales sont indépendantes. Or, dans ce cas, précis, la seule alternative à ce dépassement de une tonne de poussière, c’est l’utilisation de fuel domestique à la place du CHV, c’est à dire un surcoût de près de 3 Millions d’Euros sur l’année pour des habitants de quartiers populaires ! Et pourtant, malgré son dépassement de la règlementation, le réseau de chaleur est beaucoup plus performant que des chaudières individuelles ! Si on le remplaçait par des chaudières à bois d’immeubles, qui sont elles non soumises à autorisation d’exploitation, et donc beaucoup moins contrôlées, on émettrait de l’ordre de 4 fois plus de poussières ! Et si on le remplace par des chaudières gaz, on émettrait 2 fois plus de gaz à effet de serre, le bilan carbone de la chaufferie bois étant nul, au contraire du gaz…

Bref, la ville fait le choix de la meilleure solution environnementale pour le réseau de chaleur qui est aussi la meilleure solution sociale pour aller vers un réseau à dominante bois. Il faut que l’état et les autres collectivités concernées aident la ville dans ce sens, tout comme d’ailleurs il est urgent de concrétiser le projet d’Opération Programmée d’Amélioration Thermique des Bâtiments (OPATB), démarche qui traine en longueur en l’absence de financement pour le logement social…

Dossier à suivre attentivement…

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