Kyoto, on oublie ?
Version modifiée le 19/10 de cette brève publiée initialement le 17. Un intervenant de l’ALE m’a fait remarquer qu’elle comportait deux erreurs, l’année de référence des objectifs de Kyoto est 1990 [1], et les données qui ne concernaient que les émissions de CO2 et non les émissions totales incluant les autres gaz à effet de serre. J’ai donc corrigé le texte avec les données complètes. Si l’évolution totale est meilleure, le constat du grand écart entre la forte baisse de l’industrie et de l’agriculture dans un contexte de forte hausse des émissions du transport et des bâtiments est totalement confirmé.Je ferai le point prochainement sur les évaluations existantes du respect ou non des objectifs de Kyoto. La conclusion sur les priorités politiques me semble confortée...
La lecture d’un rapport de l’organisme COE-REXECODE sur l’évolution des émissions de gaz à effet de serre en France entre 1999 et 2006 confirme les inquiétudes qu’on peut avoir sur les efforts faits réellement pour atteindre les objectifs officiels de réduction des émissions.
Le protocole de Kyoto était la première grande réussite internationale d’action contre le changement climatique. Il reposait sur des mécanismes complètement économiques, instaurant des règles (quotas, droits...) qui étaient censés poussé les acteurs économiques à être vertueux. Mais il avait le mérite d’afficher un objectif précis pour les différents pays en fonction de leur situation.
Les objectifs étaient fixés pour l’année 2012 par comparaison avec l’année 1990. Il est donc utile de regarder où les différents pays en sont par rapport à leurs objectifs. La France est plutôt un bon élève, mais la classe est de très très bas niveau ! En fait, les objectifs ne seront pas atteints du tout, et au contraire, les tendances dans de nombreux pays sont restés à la hausse des émissions [2].
Les chiffres donnés pour la France en 2008 sont les suivants, comparés avec 1999.
secteurs | emissions 1999 | emissions 2006 | tendance |
Transports | 118.0 | 142.8 | +20.2% |
Batiments | 89.0 | 101 | +13.5% |
Industrie | 142.8 | 107.8 | -24.5% |
Energie | 79 | 72 | -8.8% |
Agriculture | 117.9 | 104.1 | -11.7% |
Déchets | 15.8 | 13.4 | -14.7% |
total | 563.3 | 541.3 | -3.9% |
On voit ainsi que la France n’a baissé ses émissions pour l’essentiel que grace à la très forte baisse de l’industrie, pendant que des secteurs continuent à augmenter très fortement leurs émissions.
Cela devrait conduire à réorienter totalement les politiques publiques !
Ce n’est ni l’industrie, ni l’énergie, ni l’agriculture qui sont principalement en cause. Mais ce sont d’abord les transports qui devraient faire l’objet d’un plan d’urgence pour investir massivement au profit du rail et des transports collectifs !
Quand à l’industrie, on sait tous que la baisse cache en fait la désindustrialisation des activités les plus émettrices en France. Qui s’intéresse à ce que cache cette baisse qui arrange bien les promoteurs du Grenelle ?
Mais qui s’intéresse encore aux objectifs de Kyoto ?
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