Logement

Ce mardi 18 juin, la CGT organisait un rassemblement contre la casse de SNCF Fret, la filiale du groupe SNCF que les réformes successives ont fragilisé et que l’Union Européenne attaque en considérant que la privatisation n’est pas allé assez vite…

350 personnes, principalement cheminote, mobilisées pour le fret ferroviaire et le service public, mais bien sûr aussi pour ce nouveau Front Populaire dont le programme propose de « revenir sur la privatisation du fret SNCF » et de « Mettre en place un plan rail et fret ». Certes, ce ne sont pour l’instant que des principes, mais c’est une des raisons qui pousse la CGT a appelé cette fois à voter pour ce nouveau Front Populaire.

D’ailleurs ce nouveau front n’est pas réservé aux partis politiques et aux élections, mais doit faire émerger un véritable mouvement social avec les syndicats, les associations…

Le ministre du logement, Guillaume Kasbarian, confirme son attaque brutale contre les acteurs et les usagers du logement social. Ses premières déclarations avaient choquées, mais son projet de loi confirme ses objectifs comme le mépris des locataires et des bailleurs. Sa brutalité fait penser au président d’argentine fascisant taillant à la hache dans les dépenses publiques. Il s’en donne à cœur joie… surloyer dès le premier euro, 200 000 locataires à faire sortir, et bien sûr, pas un euro de l’état pour le logement social !

Une des urgences pourtant dans laquelle la responsabilité de l’état est directement engagée demanderait tout autre chose. Les préfectures sont dans l’impossibilité de respecter la loi DALO, un droit dit « opposable » qui conduit à l’état de plus en plus souvent à être condamné à payer des indemnités !

La préfecture ne sait plus quoi faire, devant le nombre de DALO et l’insuffisance criante de logements.

Le ministre du logement n’aime pas le logement social. Face à la crise du mal logement dont le dernier rapport de la fondation Abbé Pierre a montré l’accélération brutale, Guillaume Kasbarian veut faire la chasse aux locataires en interdisant le « logement social à vie », autrement dit, pour être clair remettre en cause le « droit au logement ».

Lors de l’assemblée générale du conseil de quartier Anatole-France Paul Langevin, une habitante a évoqué les mineurs qui tiennent les points de deal en disant qu’il ne fallait pas les considérer comme dangereux. Je lui ai répondu car comme beaucoup d’habitants des minguettes, j’ai une expérience concrète de ces points de deals et je constate au contraire qu’ils pourrissent la vie des habitants au point que beaucoup cherchent à déménager [1]. Dans le parc social, cela se traduit par de nombreuses demandes de mutations dont la première motivation est de s’éloigner des points de deal. J’ai dit un peu vite que cela représentait la moitié des 2000 demandes de mutation à Vénissieux, donc de l’ordre d’un millier.

La journaliste du Progrès a repris ce chiffre qui est devenu le titre de son article… Les médias ont toujours besoin de chiffres chocs pour attirer le lecteur, mais qu’en est-il vraiment ? J’ai pris le temps d’une étude précise des demandes de logement [2].

D’abord, il faut faire la différence entre les demandes de logement des Vénissians, qui habitent déjà dans un HLM à Vénissieux et qui peuvent demander une mutation à Vénissieux ou dans une autre commune, et les demandes de logement social à Vénissieux, qui peuvent être faites par des Vénissians qui viennent du parc privé, mais aussi par des habitants d’ailleurs… Voilà les chiffres :

Il y a 2773 demandes de mutation de Vénissians qui ont déja un logement dans le parc social, donc 1409 qui veulent rester à Vénissieux. Et il y a 3310 demandes de logements de Vénissians qui ne sont pas dans le parc social, dont 1529 cherchent à Vénissieux. Au total donc, 6083 demandes de logement de Vénissians, dont 2938 demandent à rester à Vénissieux. La moitié des demandeurs Vénissians demandent Vénissieux en premier choix. L’autre moitié demande une autre commune, dont 353 hors du département, 392 à Lyon, 198 à Saint-Fons, 92 à Villeurbanne, 75 à Saint-Priest, 66 à Vaulx-en-Velin, 61 à Bron, 54 à Givors, 42 à Feyzin. Les 588 autres se répartissant sur 59 autres communes de tout le département. Le travail et la vie familiale conduisent à une forte mobilité des ménages, notamment en zone urbaine. Les Vénissians comme les autres ont des raisons personnelles de déménager pour se rapprocher d’un emploi trouvé, suite à un évènement de famille… ce que montre la diversité des communes demandées.

Il y a aussi 1569 demandes de non Vénissians pour venir s’installer à Vénissieux, ce qui fait en tout 4507 demandes pour chercher un logement social à Vénissieux. C’est le chiffre qu’on utilise le plus souvent pour parler de la pression de la demande à Vénissieux, puisque ce sont les demandes auxquelles il faut trouver une solution à Vénissieux…

J’ai tenté une représentation graphique de toutes ces demandes, de vénissians, à Vénissieux…

Les demandes de logement de Vénissians et pour Vénissieux

En résumé, les demandes de mutation représentent 40% de l’ensemble des demandes dans la métropole, 50% dans la ville de Vénissieux. Les demandes de logement viennent ensuite de locataires du parc privé (20% pour la métropole, 15% pour Vénissieux), puis des jeunes sortant de chez leurs parents (10%), puis des personnes hébergées (7%) ou en sous-location (6%) en résidence sociale ou foyer (5%)…

Les fédérations de locataires unies organisent le 28 octobre prochain une manifestation pour le logement social autour d’un slogan simple « gel des loyers ».

Rendez-Vous place guichard, le 28 octobre à 14h

L’inflation a un terrible impact pour des millions de familles qui se trouvent confrontées à des situations ingérables, manger ou se loger, se soigner ou s’habiller.

Je sais qu’il faut poser aussi la question de "qui paie ?" car si le gel des loyers se fait sans financement de l’état, ce seront les bailleurs encore une fois qui se retrouveront dans le rouge, devant réduire leurs investissement dans de nouvelles constructions, les réhabilitations, l’entretien courant, la gestion des incivilités, de la tranquillité…

On peut s’étonner que le gouvernement continue de se cacher derrière de beaux discours, comme il l’a fait au congrès HLM à Nantes… Les élus communistes lui ont rappelé leurs revendications :

Dans ce contexte dramatique, nous demandons que l’élaboration du projet de loi de finances 2024 intègre une loi de programmation pluriannuelle en faveur du logement public incluant :
  • la production de 200 000 logements sociaux par an - soit le doublement du rythme actuel - avec une TVA à 5,5% en faveur de la construction sociale, la suppression de la RLS, un abondement conséquent du fonds national d’aides à la pierre (FNAP), une aide financière et une fiscalité incitative pour les « Maires bâtisseurs »
  • la fixation dans toute opération d’aménagement d’un taux minimum de 30% de logements sociaux, jusqu’à 50% pour les communes qui ne respectent pas les objectifs de la loi SRU
  • un programme national d’accession social à la propriété ouvert aux locataires du parc HLM favorisant les parcours résidentiels
  • l’engagement d’une véritable stratégie nationale de neutralité carbone du parc HLM à horizon 2050 avec un plan d’investissement national pour la rénovation énergétique et l’éradication des passoires thermiques en priorisant, les premières années, la rénovation des logements aux étiquettes E,F et G. Au-delà de ces priorités qui visent à réduire les gaz à effet de serre et à maitriser la facture énergétique des locataires, la réponse aux urgences climatiques nécessite une généralisation des plans climat dans les résidences HLM (« débitumisation », végétalisation, ilots de fraicheur, énergies renouvelables, matériaux de construction décarbonnés et réemploi…).

Je vous invite à noter cette date dans vos agendas. Retrouvons-nous nombreux pour le droit au logement !

relisant le rapport de la fondation Abbé Pierre sur le mal logement en 2023, je m’aperçois que je l’avais pas repris sur ce blog… Si vous ne l’avez pas lu, prenez un moment pour lire la synthèse, ou plus… C’est un état des lieux incontestable du mal logement qui devrait pousser tous les responsables publics à reconnaitre qu’il faut changer de politique logement….

Le ministre Olivier Klein a réussi une opération séduction au congrès HLM affirmant sans rougir « Je crois au logement social. Je sais qu’il est une chance pour ce pays. »

Le mouvement HLM lui a longuement exposé la situation plus que difficile des bailleurs, des locataires, les effets du « choc de l’offre » décidé par Macron en 2019 et qui s’est traduit par un coup de frein sur les investissements, l’aggravation du ratio offre/demande et les urgences sociales de la proximité… Le mouvement demandait un moratoire sur la réduction de loyer de solidarité appliquée aux locataires en compensation de la baisse des APL, et une annulation de la hausse de la TVA appliquée à la construction… C’était deux mesures symboliques qui auraient donné un peu d’air au secteur HLM…

Mais le ministre a finalement confirmé qu’il défendra le modèle « Macron » du logement social considéré comme une jambe de bois temporaire pour les plus pauvres… regrettant que « Le locataire du parc social reste dans son logement plus de quinze ans en moyenne », autrement dit confirmant que le gouvernement continuera à remettre en cause le droit au logement pour tous et le modèle du logement social « universel » auquel plus de 70% des français ont droit…

Malheureusement, le congrès HLM s’est conclu par une résolution qui veut travailler à un « pacte de confiance » proposé par le gouvernement au mouvement HLM. 

Comment parler de pacte de confiance quand le gouvernement a systématiquement fragilisé le modèle du logement social à la française que le mouvement HLM dit vouloir défendre ?

Franchement, les dirigeants du mouvement HLM ne sont pas à la hauteur de la situation du mal logement que connait notre pays et que la crise énergétique et l’inflation va accélérer.

Il ne suffit pas d’affirmer qu’il faut réhabiliter, il faut créer les conditions d’un plan d’investissement massif partout. Pour ramener tout le parc social au niveau « BBC rénovation », il faudrait multiplier par 4 ou 5 les investissements. Les bailleurs en sont incapables sans financement de l’état !

Les locataires et les salariés ont tout intérêt à se mobiliser pour pousser le mouvement HLM à s’exprimer clairement contre la politique gouvernementale et faire des revendications des HLM une vraie bataille nationale pour le droit au logement !

Encore une situation de crise sur un logement.

Il y a quelques jours, les agents de la SACOVIV sont allés faire un état des lieux entrants avec une personne qui avait bénéficié d’une attribution. C’était une demande prioritaire d’une personne avec un emploi mais qui vivait dans sa voiture.

Surprise en arrivant, l’appartement est occupée par une jeune femme avec enfants. Elle a forcé la porte, apparemment avec la bienveillance voire l’aide d’un voisin, et elle s’est installée.

Elle aussi est une demande de logement prioritaire. Elle vient de Paris et a du fuir son logement pour cause de violences intrafamiliales. Elle devait avoir des connaissances à Vénissieux.

La conférence intercommunale du logement, organisée par la préfecture et la métropole, réunit la plupart des acteurs du logement, bailleurs, collectivités, associations… 81 participants en tout pour de nombreux sujets :

  • le bilan de la politique d’attribution
  • la programme de gestion de la demande et d’information des demandeurs
  • les chantiers de la gestion de la demande et des attributions (location choisie, gestion en flux)
  • la territorialisation des instances locales de l’habitat et du logement

Des débats animés tellement la réalité du mal logement pèse sur tout le monde, les demandeurs bien sûr, mais aussi les services sociaux, les associations, les bailleurs, les services communaux…

La crise sanitaire n’a pas permis d’organiser des présentations locales du rapport annuel de la fondation Abbé Pierre, mais ce rapport est toujours aussi percutant et j’invite tout le monde à le découvrir

Le bilan tiré par la fondation du mandat 2017-2022 du président Macron est sans appel « Le logement, parent pauvre du quinquennat ». Et les quelques sous-titres qui suivent montrent la force du jugement

  • Un secteur de l’hébergement complètement engorgé,
  • Une réduction durable de l’offre de logements abordables,
  • Malgré un contexte sanitaire encore fragile, les expulsions sans solution ont repris,
  • Dématérialisation, services publics engorgés, guichets inaccessibles… : l’accès aux droits entravé,
  • L’intensification de la pauvreté, Au sortir de la crise sanitaire : de « nouveaux vulnérables »,
  • Des décisions politiques qui creusent les inégalités
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