La révolution scientifique et technique du 19e a produit l’industrialisation, les énergies fossiles, un capitalisme mondialisé qui a connu deux grandes guerres entre empires se partageant le monde, provoquant des révolutions. Elle a aussi eu un impact climatique qui nous bouscule désormais, comme l’affrontement autour du dollar qui fait craquer un monde plein de guerres et de dérives fascistes.
Pourtant l’humanité continue de créer, d’inventer, d’échanger à plus grande échelle que jamais ! Des milliards d’être humains se parlent, désormais à travers des outils qui traduisent en temps réels des centaines de langues. Elle continue à domestiquer l’énergie, du soleil à la fusion, à inventer des matériaux, à réduire les pollutions.

Dans ce 21e siècle, la révolution est dans l’immatériel, l’intelligence artificielle, l’informatique quantique, et même en mathématique, où un théorème fondamental d’unification historique vient d’être démontré [1]. L’informatique devenant quantique ne repose plus sur des 1 et des 0 bien séparés, mais peut en une seule fois traiter toutes les possibilités, qui sont à la fois des 1 et des 0. Si on est capable de construire un ordinateur quantique de 300 éléments [2], alors il peut traiter en une seule fois plus de possibilités qu’il y a d’atomes dans l’univers, ce qui prendrait plus que des millénaires à un ordinateur classique [3].
C’est la pointe avancée de cette révolution scientifique du calcul qui va massivement automatiser ce qui nous semblait le propre de l’humain… Cela peut faire peur. Comment faire confiance à une image, à une vidéo, qui ont peut-être été fabriquées par une IA. La guerre peut être conduite par des robots et qui maîtrisera Hal, l’ordinateur fou de l’odyssée de l’espace ?
Pourtant, la première révolution scientifique a automatisé les efforts physiques, mais il n’y a jamais eu autant de sportifs ! Et on bat chaque année des records sportifs, des millions de pratiquants font des Triathlons qui feraient peur à leurs arrières-grands-parents, sans compter les développement des sports de combats ou la beauté dansante de l’escalade olympique…
L’informatique devait tuer le livre, mais ils ont remplacé les CD et les DVD dans les supermarchés culturels ! et la musique est partout, pas seulement avec sa fête, mais avec toujours plus d’intermittents [4], de groupes, de musiciens, et des millions d’amateurs en France… un record de 32 millions d’entrée dans les festivals et concerts, après la chute du confinement…
Le terme intelligence artificielle est mensonger. Rien d’artificiel, il y a derrière des millions d’humains qui ont travaillé ! et rien d’intelligent, elle ne nous dit que ce qui a déjà été produit, plus précisément, ce qui est vraisemblable par rapport à tout ce qui a été déjà produit ! C’est un incroyable outil pour fabriquer… des mensonges crédibles ! Mais c’est un fantastique outil pour écrire plus vite, résumer, traduire, transcrire, présenter, imager, ordonner, classer.
L’humanité en s’est pas atrophiée en confiant l’énergie aux machines, pourquoi devrait-elle s’abêtir en leur confiant le calcul ? Ce qui est sûr, c’est que le travail industriel ou agricole a été largement libéré de l’esclavage physique, même si beaucoup reste à faire. L’enjeu premier du siècle, c’est la formation de tous pour un travail libéré du répétitif et du formulaire. Peut-on imaginer un travail concentré sur la créativité, le sens et les relations entre humains ?
Tout dépend de qui décide, ceux qui possèdent ou ceux qui travaillent ? Et dans quel but. Continuer à concentrer les richesses sur un tout petit nombre, ou construire une société de coopérations et d’égalités, une société du temps retrouvé avec la semaine de 4 fois 7 heures et la retraite à 60 ans, une démocratie libérée de la médiatisation marchande ?
Mais en urgence, il faut pour cela éviter la prochaine guerre mondiale, et commencer à reconnaître la transformation rapide d’un monde qui n’est plus sous domination occidentale. Première étape, comme le dirait le grand poète Maïakovski, il faudrait demander des comptes aux puissants !

Rendre des comptes !
Le tambour de la guerre gronde et gronde.
Il appelle : enfonce le fer dans les vivants.
De chaque pays,
esclave après esclave,
on jette des baïonnettes.
Pour quoi ?
La terre tremble
de faim
et de dénuement.
L’humanité est vaporisée dans un bain de sang
uniquement pour que
quelqu’un,
quelque part,
puisse s’emparer de l’Albanie.
Des bandes humaines liées par la malveillance,
frappent le monde coup après coup
uniquement pour que
les navires de quelqu’un
puissent passer sans charge
à travers le Bosphore.
Bientôt,
le monde
n’aura plus une côte intacte.
Et son âme sera arrachée.
Et piétinée
uniquement pour que quelqu’un
pose
ses mains sur
la Mésopotamie.
Pourquoi
une botte
écrase-t-elle la Terre - fissurée et rugueuse ?
Qu’y a-t-il au-dessus du ciel des batailles -
la liberté ?
Dieu ?
L’argent !
Quand te lèveras-tu de toute ta hauteur,
toi
qui leur donnes ta vie ?
Quand leur lanceras-tu une question au visage :
Pourquoi nous battons-nous ?
Vladimir Maïakovski (1917)
et un peu d’humour pour l’année qui vient, le poète revient d’un voyage aux états-unis…
Mon passeport soviétiqueSoudain, comme léchée par le feu,la bouche du monsieur se tord.Monsieur le fonctionnairea touché la pourpre de mon passeportIl le touche comme une bombe,il le touche comme un hérisson,comme un rasoir à deux tranchants,il le touche comme un serpent à sonnettes,à vingt dards, à deux mètres de longueur et plus.Complice a cligné le regard du porteur,qui est prêt à porter vos bagages pour rien.Le gendarme contemple le flic,le flic le gendarme.Avec quelle volupté la caste policièrem’aurait fouetté, crucifié,parce que j’ai dans mes mains,porteur de faucille,porteur de marteau,le passeport soviétique.Je dévorerais la bureaucratie comme un loup,je n’ai pas le respect des mandats,et j’envoie à tous les diables paîtretous les « papiers », mais celui-là…Je tirerai de mes poches profondesl’attestation d’un vaste viatique.Lisez bien, enviez-- je suisun citoyende l’Union Soviétique.-* 1929 -