Barre Monmousseau, quelques secondes pour créer l’avenir d’une ville… Enregistrer au format PDF

Le plus impressionnant de cette démolition, c’est ce qu’elle permettra !
Samedi 3 avril 2021

Impressionnant ! D’abord par la rapidité. Le centre de la barre s’effondre et semble entrainer les deux cotés. Cinq secondes à peine et le nuage de poussière grossit et s’étend dans ce rayon des 200 mètres dont on s’aperçoit qu’il était vraiment nécessaire de l’évacuer. Puis il bouge lentement vers le sud et s’étiole, dix minutes après, c’est l’espace vide et chacun cherche ce qu’on voit qu’on ne voyait pas et commence à se demander, mais où exactement était cette immense barre ? Quelques minutes plus tard, les grandes bâches qui protégeaient la petite barre et la première tour sont enlevées. Les habitants évacués vont pouvoir rentrer chez eux, les spectateurs partout, dans les rues, aux balcons, et parfois même sur quelques toits en parlent encore.

Je l’observe depuis les nouveaux locaux du SITIV, mais après l’explosion, les arbres nous cachent le sol. C’est en remontant la rue Monmousseau dans l’après-midi que je vois l’énorme masse des 25 000 tonnes de béton et débris accumulés. Visiblement, la rue a été immédiatement nettoyée, le « tas » qui devait surement déborder sur la chaussée a été remonté et aligné comme on le ferait d’un tas de sable. L’évacuation va pouvoir commencer. Les débris deviendront des remblais dans un chantier quelque part. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme comme disent les physiciens, il n’y a pas de déchets, seulement des matières transformées et utilisées autrement, et la revalorisation des déchets de la construction est un enjeu environnemental trop peu discuté.

Si l’évènement est présenté d’abord comme une réussite technique symbolisé par cet effondrement impressionnant, je sais bien que le plus impressionnant est l’organisation de tout ce qu’il y avait autour, 500 familles évacuées temporairement et accueillies dans des gymnases, avec, contexte sanitaire oblige, un gymnase dédié aux personnes positives au covid, une organisation capable de prendre en charge les personnes avec handicap. Et plusieurs centaines de personnes autour qui devaient être confinées. Et des milliers de Vénissians qui cherchaient où et comment voir l’évènement au mieux et donc des centaines d’agents des polices nationales et municipales, de divers prestataires, pour sécuriser les circulations… Et toute l’équipe technique mobilisée par le bailleur pour l’opération elle-même, sa préparation depuis des semaines et ses suites qui prendront du temps, et tous les moyens de la ville avec son maire préparant cet évènement depuis des semaines et qui, émue, donne le top du décompte, 10,9,8…. et appuie sur le bouton !

Mais ce qui doit être encore plus impressionnant, mais qui reste à construire, c’est ce que deviendra ce site. Car et évènement n’est pas du tout tourné vers le passé. Si tout le monde connaissait les difficultés de vie de cette barre, la pression qui exercait les dealers, les demandes insistantes de ses locataires pour une mutation, il faut redire que cette barre n’a pas été détruite pour des raisons sociales, mais bien pour des raisons urbaines. Ceux qui avaient conçu les minguettes n’avaient pas du tout pensé l’intégration urbaine des minguettes dans la ville. Ils ont posé une « ZUP » avec son périmètre, et une approche concentrique qui fait qu’on entre à l’Est depuis la mairie et à l’ouest depuis St-Fons, et que pour le reste, en résumé, on en fait le tour !

Cette grande barre visible de très loin symbolisait la coupure entre les minguettes et le cœur de ville, ses habitants surplombant le quartier ancien des balmes et sa rue billon qu’il faut monter à pied pour comprendre ce défi urbain du lien. Car au milieu de cette rue, par beau temps, on monte sous le soleil comme dans un petit village du sud construit sur une colline, avec des maisons dans la verdure, des haies envahissantes et des arbres, des terrasses, de grands murs de pisée pour tenir la pente, on dit bonjour de la main aux copains dans leur jardin et, au détour du dernier virage, ayant rejoint la rue gaspard-picard, c’est l’immense place du marché des minguettes et les barres ICF à gauche…

Cette cassure historique entre le plateau devenu ZUP et le cœur de l’ancien village est la vraie raison de cette démolition. Comment faire un lien qui préserve le cadre de vie de ces anciennes rues des balmes et qui associe le quartier à la ville, qui transformer cette cassure en « agrafe » comme disent les urbanistes.

C’est tout l’enjeu de la ZAC « Monousseau balmes » et j’espère que dans quelques années, nous serons nombreux à nous exclamer « impressionnant » ! en visitant le futur quartier qui sera à la fois au cœur ancien de Vénissieux et au cœur futur des minguettes !

Allez, tchao la barre des cheminots !

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