Sécurité, les ministres parlent, mais nous manquons toujours d’effectifs de police ! Enregistrer au format PDF

Jeudi 10 juillet 2025

J’ai répondu ce 9 juillet avec mon collègue en charge de la sécurité, Jean-Maurice Gautin, à une journaliste du Progrès sur la situation des points de deal du boulevard Croizat. Tout le monde les connaît, coté impair comme coté pair, de Zola jusqu’au 83, ils sont installés depuis des années et si tout le monde voit les interventions nombreuses de police, nationale comme municipale, force est de constater que cela ne les fait pas disparaître.

Ce n’est pas un phénomène vénissian, tout le monde le voit le long des lignes de transport et notamment du T4… Quand je le prenais pour aller travailler à La Doua, j’ai vu le deal s’installer au Tonkin, dans un quartier qui pouvait paraître plutôt aisé, mais devenu un des points durs de l’agglomération, faisant la une des médias après des morts, une école devant être protégée…

J’ai d’ailleurs exprimé mon étonnement à la journaliste après la lecture d’un article du Progrès titré Déja cinq points de deal démantelés : pour les policiers dédiés au Tonkin, « l’action commence ». L’article cite le nouveau préfet à la sécurité qui affirme « on va mettre un terme au trafic dans ce quartier » se félicitant de la création d’une « Brigade Spécialisée de Terrain » ou BST. L’article parle de 250 interpellations ces derniers mois, de 13 policiers affectés en permanence dans le quartier…

Très bonne nouvelle pour les habitants du Tonkin, mais pourquoi ce qui semble possible là-bas ne l’est pas à Croizat ? Pourquoi la BST de Vénissieux, créé bien avant celle de Villeurbanne, n’a pas les mêmes effectifs pour assurer une présence continue comme au Tonkin et contraindre le deal à s’organiser autrement en libérant les allées et les parties communes de nos immeubles ?

Depuis des années, la SACOVIV est engagé dans un travail tenace pour sécuriser le quotidien de ses locataires en résidentialisant les sites, avec des clôtures, des portillons avec contrôle d’accès et quand c’est nécessaire un portail pour les véhicules. Malgré mes demandes auprès du préfet, nous n’avons aucune aide pour ces travaux qui au total atteignent bientôt le million d’euros.

Nous avons commencé par le 56 Croizat, travail difficile, mais la coordination avec la police nationale, la police municipale, les entreprises, a permis de tenir et les habitants ont retrouvé la tranquillité. Nous avons fait la même chose à Duclos, à Komarov. A chaque fois, il faut surveiller, réparer très vite pour imposer le respect de ces résidentialisations.

Il y a 6 mois, nous avons résidentialisé un nouveau bâtiment sur Croizat, et là aussi, il a fallu réparer la clôture plusieurs fois les premiers jours. Mais nous avons réussi à l’imposer et les allées concernées ont retrouvé leur calme. Mais le deal restait à l’arrière du bâtiment et dans l’entrée du parking. Nous avons donc décidé de prolonger la résidentialisation en fermant l’entrée entre les bâtiments, et en bloquant le passage à l’arrière permettant de rejoindre à pied le centre ville. Cette fois, le deal a mis les gros moyens en incendiant le boîtier de commande du portail, malgré la surveillance qui était organisée en coopération avec la police nationale.

J’ai depuis rencontré le commissaire et la police municipale pour préparer la mise en place d’un nouveau système « durci ». Nous sommes déterminés et nous allons tout faire pour imposer le respect de cet espace qui appartient à nos locataires et que le deal doit abandonner.

Mais quand je lis ce que dit le préfet à propos du Tonkin, je me dis voilà ce qui nous manque ! . Car pour l’instant, la police nationale ne fait que des interventions ponctuelles. Elle interpelle beaucoup, interroge, et dès que possible soumet au procureur. Trop souvent, l’interpellé est simplement relâché. Quand il y a un dossier complet avec des preuves, il y a poursuite judiciaire et condamnation, mais alors le dealer est remplacé immédiatement par un autre et ça continue.

Ces interventions nombreuses, mais courtes, ne dérangent pas suffisamment le trafic pour contraindre ses patrons à l’organiser autrement. Il faudrait une présence quasi-permanente dans le quartier pour bousculer le trafic suffisamment jusqu’à ce que le point de deal ne soit plus rentable ! L’article dit que c’est ce qui s’est fait au Tonkin, avec la présence en statique de cars de CRS en renfort d’équipages de BST affectés au quartier.

C’est ce que je demande depuis longtemps au commissaire. J’ai écrit au préfet et au procureur le 26 Mai dernier. Je vais renouveler mes demandes. Et j’avoue que les discours des ministres sont inaudibles quand il y a urgence pour assurer la protection des biens et des personnes, sur le boulevard Croizat notamment. Il faut plus d’effectifs de police, dédiés à ce quartier jusqu’à, comme le dit le préfet à la sécurité dans l’article « mettre un terme à tous les points de deal encore présents dans le quartier. »

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