Rencontre sur les antennes relais Enregistrer au format PDF

0,6 V/m ? 1nW/m2 ? Cancer, SMS, GHz ?
Vendredi 15 mai 2009

La démarche du conseil citoyen du développement humain durable peut prendre diverses formes, dont celles de rencontres sur un sujet qui fait débat, pour lequel il est nécessaire de chercher des connaissances, des expériences, et les partager pour décider d’actions au niveau de la ville.

C’est le cas des antennes-relais qui ont fait l’objet de plusieurs questions dans les assemblées générales de conseil de quartier en Janvier..

Ce 13 mai se tenait donc une rencontre en mairie sur ce sujet…

Plus de 80 personnes présentes et un débat animé qu’il a fallu interrompre compte tenu de l’heure montrent que cette rencontre répondait à une véritable attente.

J’ai en introduction rapidement résumé les raisons qui ont conduit à organiser cette rencontre et que j’avais présenté dans un premier article sur les antennes relais.

Il s’agit d’abord des questions posées dans trois conseils de quartier sur un projet d’antennes en construction (route de Corbas) ou sur la connaissance des risques.

Bien sûr, ni la loi, ni la règlementation ne se décide au niveau de la commune, mais, comme sur de nombreux sujets, c’est le niveau ou la citoyenneté peut le mieux se confronter aux débats, et c’est aussi un espace de vie commune où on peut rechercher des règles à défendre auprès de tous les acteurs.

C’est pourquoi l’accent était mis dans l’introduction sur une présentation de vulgarisation scientifique des mots et sigles divers que l’on entend à propos des antennes relais

  • le DAS ne soit pas dépasser 2mW ?
  • il faut obtenir une norme de puissance reçue inférieure à 0,6v/m ?
  • les hautes fréquences hachées sont les plus dangereuses… ?

Le premier intervenant avait donc comme mission difficile de présenter le vocabulaire scientifique des « Champs électromagnétique », souvent appelés les « CEM », et il faut dire qu’il l’a fait très brillamment.

Certes, tout le monde n’a pas tout mémorisé, mais chacun a pu se saisir d’une comparaison utile pour mieux comprendre ensuite ce dont on parle

  • devant mon micro-onde, surtout s’il est un peu vieux, j’ai probablement plus de 3 ou 4 V/m
  • une CEM, c’est un peu comme une mer… plus les vagues sont rapprochées, plus le baigneur est bousculé.. autrement dit, plus les fréquences sont élevées, plus il y a de l’énergie !

La présentation a été très appréciée de tous, et elle a permis une petite expérience « en direct », avec une mesure du champ électromagnétique dans la salle du conseil ou se tenait la réunion. Cette salle est en effet équipé en WIFI, et le champ présent était bien visible sur l’écran de mesure

On a pu vérifier que la puissance reçue était toujours inférieure à 1nW, ce qui est très en dessous des normes demandées par les associations

De même, en réponse à la question d’une jeune fille s’interrogeant sur les émissions depuis l’ordinateur portable, on a pu vérifier que le démarrage ou l’arrêt du WIFI sur l’ordinateur ne changeait rien à la puissance reçue. De fait, c’est bien l’antenne WIFI qui émet dans la salle et pas les ordinateurs

Par contre dira l’orateur avec humour, plus les ordinateurs portables sont légers, plus ils chauffent et il y a de vrais risques de se bruler quand on le met longtemps sur ses genoux !

La deuxième intervention était celle d’une association engagée dans la défense de riverains d’antennes relais, PRIARTEM, et qui milite pour « une réglementation des implantations d’antennes relais de téléphonie mobile ».

La présentation a évoqué les nombreuses études qui signalent un risque sanitaire, avec notamment des études scientifiques sur l’interaction entre une onde électromagnétique et le corps humain, des études sur les personnes « électro-sensibles », d’autres sur l’augmentation de certains maladies dans des habitations à proximité d’antennes.

L’oratrice a insisté pour dire que les témoignages devaient être pris au sérieux, qu’il ne s’agissait pas que de « peurs », mais de « maux » bien réels qu’il fallait prendre en compte.

La présentation listait de très nombreuses références scientifiques allant toutes dans le même sens, ce qui peut se comprendre de la part d’un acteur engagé, bien que des études contradictoires existent. En tout cas, on ne peut que regretter avec l’association qu’aucune étude épidémiologique internationale ne soit encore publique pour donner des bases claires aux constats que font des riverains.

L’intervenante était très affirmative et a insisté très fortement sur les risques, sur des maladies graves gliome, cancer…

J’ai trouvé pour ma part dommage que la présentation ne laisse aucune place à la moindre contradiction, au moindre doute. Certains intervenants de la discussion le diront d’ailleurs.

Arpès ces deux interventions, les questions ont fusées, celles de personnes déja mobilisées sur ces sujets, celles apportant des témoignages personnels, et celle découvrant plutôt les arguments et s’interrogeant.

  • faut-il vraiment être aussi catastrophique, alors qu’il y a des informpations contradictoires ?
  • pourquoi le maire n’interdit pas la construction de l’antenne de Corbas ?
  • quel est le plus dangereux, la ligne à haute tension ou le téléphone ?
  • certes les antennes relais sont directionnelles et émettent horizontalement, mais dans mon immeuble, il y a des rebonds sur des murs armés et des mesures ont montré des valeurs significatives en dessous de l’antenne
  • s’il est déconseillé de garder longtemps le téléphone près de l’oreille, est-ce qu’il n’est pas aussi dangereux de le garder dans la poche ?

Un compte-rendu plus complet fera sans doute le tour des principales questions et réponses, mais pour ma part, j’ai trouvé la discsussion très intéressante, et je remercie notamment les nombreux délégués de quartier quii ont participé activement.

Il faudra sans doute une suite, mais j’ai tenté en conclusion de pointer quelques sujets pour agir..

  • Il serait évidemment utile de relancer la bataille pour l’enfouissement de la ligne à haute tension. Celà fait des décennnies qu’on en parle. Il était prévu dans les années 1990 ce qui a justifié la localisation du gymnase sur le stage Laurent Gerin, mais elle n’a pas été réalisée ce qui a obligé à une opération compliquée pour enterrer partiellement le gymnase. Après la dernière tempête dans le Sud-Ouest, le gouvernement a fait des annonces sur l’enfouissement de 80% des lignes. Alors, chiche, avec un nouveau plan de relance pour financer ces millers de projet d’intérêt public en attente !
  • il y a beaucoup d’expertise scientifiuqe, et chacun a tendance a citer les experts qui vont dans son sens. On peut bien entendu s’inquiéter que les experts mis en avant par les opérateurs soient « non indépendants ». Mais la science n’est pas une affaire de croyance, et beaucoup d’experts "indépendants’ ne publient que leurs résultats, sans publier les données de leurs expériences. On ne peut ainsi pas vérifier leurs conclusions et souvent, il y a un e bataille d’expert. Or, ce n’est pas un conflit en justice ! Ce dont ont besoin les citoyens, c’est de connaissances partagées pour prendre des décisions en fonction de l’intérêt général et non pas d’un intérêt particulier. Et pour savoir si les expertises scientifiques aident à déterminer l’intérêt général, il faut qu’elles soient publiques, contradictoires, que les sources, les données, les calculs puissent être refaits par d’autres, vérifier, critiquer… pour que la communauté scientifique propose une connaissance qui sera peut-être modifié un jour, mais qui représente ce que les citoyens peuvent utiliser pour prendre une décision politique.
  • il nous faut donc une véritable enquête épidémiologique publique, internationale. C’était le but du projet « Interphone » qui devait rendre ses résultats depuis plusieurs années. Pourquoi sont-ils repoussés ? Espérons que le Grenelle des antennes répondra !
  • nous pouvons travailler pour influer sur le cadre réglementaire et les moyens de la ville pour agir avec les habitants. Nous avons besoin de mieux connaitre la situation, en faisant plus de mesures, avec une carte à jour des antennes et des résultats de mesure disponible pour les habitants. Ainsi, nos pourrons discuter avec les opérarteurs avec des connaissances précises de la situation. Nous demandons à être informé de leur projet, des besoins de couverture et des alternatives possibles, des solutions de mutualisation pour regrouper des antennes de différents opérateurs. Nous devons obtenir le droit d’organiser une phase de concertation, qui sera peut-être rendue obligatoire par les résultats du Grenelle des antennes…
  • Enfin, il me semble que ce sujet est révélateur des risques que créent la déreglementation et la concurrence dans la téléphonie. L’association PRIATERM notait que tout avait commencé avec la décision en 1996 de sortir la téléphonie mobile du service public en donnant des fréquences à des opérateurs privés. Le résultat ? L’explosion des dépenses de téléphonie mobile pour les familles, les grands-parents payant le mobile de leurs petits-enfants, et des usages parfois discutables, le célèbre sketche « t’es où ? », mais aussi carrément dangereuses, comme le téléphone pour petits enfants que certains cherchent à vendre et qui a été heureusement interdit.

Et s’il y a sur-équipement d’antennes pour multiplier les réseaux mobiles en agglomération (le gouvernement parle d’accorder une quatrième licence !), et la campagne est souvent sous-équipée… la téléphonie mobile a été conçue en concurrence avec le filaire, au lieu de la construire de manière complémentaire… Un grand service public des télécommunications pourrait inventer de manière transparente des solutions complètement différentes, sans refuser la possibilité de communiquer beaucoup plus facilement qu’avant, mais en prenant le temps de tenir compte des enjeux environnementaux et de santé…

Bref, sur ce sujet comme souvent, il y a un lien direct avec les actions concrètes et le choix de société.

Vos commentaires

  • Le 21 mai 2009 à 18:22, par gerard En réponse à : Rencontre sur les antennes relais

    Bonjour PAM,

    Je viens de lire avec attention l’article d’Expressions ainsi que ton commentaire relatifs aux antennes relais.Et je m’interroge quant au fait qu’à aucun moment il n’est fait référence à l’arrêté municipal,pris il y a quelques années,qui réglemente l’installation d’antennes au pourtour des équipements publics.

    C’est peut-être hors sujet ?Mais celà prouve qu’au titre du principe de précaution la municipalité a agi…

  • Le 25 mai 2009 à 20:16, par Pierre-Alain En réponse à : Rencontre sur les antennes relais

    merci gérard de cette lecture attentive…

    tu as raison, la ville avait pris un arrêté le 20 Novembre 2001 pour se donner la possibilité d’autoriser ou non une installation d’antenne. Car la seule autorisation qui existait était l’autorisation de travaux ne relevant que des règles d’urbanisme.

    Deux antennes ont été installées dans le cadre de cet arrêté en 2001/2002.

    Mais un décret gouvernemental est paru le 3 Mai 2002 qui a conduit à l’abrogation du décret municipal. Les maires n’ont alors plus la possibiltié de s’opposer à une implantation.

    Depuis, nous demandons aux opérateurs de financer des mesures de champs faites par un laboratoire indépendant et nous avons toujours obtenu des mesures très faibles, inférieures à 1V/m pour un seuil réglementaire de 41V/M et une demande des associations d’un seuil de 0,6V/m

    Sur la base de notre rencontre en mairie et des conclusions du Grenelle des antennes (qui n’apportent rien de décisif à priori…), nous allons travailler pour tenter d’obtenir une « charte » avec les opérateurs permettant d’organiser la concertation localement.

    Pour le reste, il est sûr qu’un service public serait une bonne chose pour organiser de manière efficace, transparente et respectueuse de la santé le réseau d’antennes, au lieu d’annoncer un quatrième opérateur privé qui va encore venir compliquer le sujet, en ajoutant encore des antennes… pour chercher toujours plus de profits !

    amitiés

  • Le 31 août 2009 à 08:50, par Pierre-Alain En réponse à : l’étude Interphone ne répondra pas clairement… !

    Beaucoup d’études partielles ont fait parlé d’elles. Certains montrant des risques, d’autres au contraire leur absence… Difficile de faire le choix entre les scientifiques ! L’étude internationale « Interphone » devait enfin apporter une réponse scientifique globale, après une étude large sur des milliers de malades dont on cherchait à mesurer s’ils avaient été des gros utilisateurs de téléphone… Mais les équipes internationales n’arrivent pas à se mettre d’accord sur les résultats ! Et là encore, certains annoncent l’absence de risques, et d’autre au contraire un certain risque… !

    en fait, difficile de savoir. Car quand on interroge les habitants, les non utilisateurs de téléphone ont tendance à ne pas répondre (ce qui fait baisser les statistiques de risques en pourcentage), et les malades ont tendance à augmenter leur temps d’utilisation de téléphone (ce qui fait monter les statistiques de risques…).

    Il faudra encore du temps, et du recul pour avoir des certitudes scientifiques !

    En attendant, il est facile de se donner des règles de sécurité, et des moyens de controle. Dans le quartier Komarov, un habitant s’inquiète des antennes placées sur la tour en face de lui. Le technicien du service environnement est allé faire des mesures dans son appartement. Depuis son salon, il reçoit beaucoup plus d’ondes électromagnétiques de sa télévision que de l’antenne qui se situe sur la tour voisine. Donc, dans son cas, ce n’est pas l’antenne qui peut être en cause dans des maux de têtes.

    De manière générale, la ville s’organise pour pouvoir répondre de manière souple aux demandes de mesures de champ électromagnétiques, et pour obtenir des opérateurs une règle simple. Pas d’antennes à moins de 100m d’une école, crèche, centre social…

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