L’actualité internationale nous montre des enjeux numériques déterminants. Les 7 premières capitalisations de la bourse US concernent les technologies numériques et elles portent 100% de la croissance boursière US ces dernières années, alors même qu’on nous dit chaque jour que l’Europe est en panne face à la dynamique économique US. Alors on peut se dire qu’il faut faire un numérique à la Elon Musk, plus de règles, plus de droits, le laissez-faire, la « liberté » comme il dit, liberté de la jungle bien sûr, liberté du far-west et de l’extermination des peuples indigènes. Mais vous savez bien que dans cette liberté, il n’y a aucune place pour un numérique français, un numérique qui respecte les services publics, qui soit attentif à son impact carbone, à ses déchets, qui contribue à une économie circulaire, à la réduction des fractures numériques, qui soit attentif aux questions éthiques dont la protection des données personnelles.
Vous voyez que cette stratégie d’un numérique responsable est bien une délibération hautement politique et permettez-moi de l’illustrer sur un enjeu très actuel, dans les gesticulations trumpistes comme dans notre quotidien, l’impact de l’intelligence artificielle.
Je vous ai évoqué en introduction l’ampleur de la révolution du calcul en cours en évoquant la puissance presque infinie à notre échelle de l’informatique quantique capable de traiter des problèmes d’une taille plus grande que l’univers, mais vous en connaissez de multiples impacts. Le terme de révolution du calcul est beaucoup plus pertinent que celui d’intelligence artificielle, qui est très mensonger. Car elle n’a rien d’artificielle, des millions d’humains ont travaillé pour produire les données et organiser l’apprentissage ! elle n’a rien d’intelligent, ne nous dit rien de neuf, juste ce qui est vraisemblable par rapport à tout ce qui a été déjà produit ! C’est donc un incroyable outil pour fabriquer… des mensonges crédibles ! Mais c’est un fantastique outil pour écrire plus vite, résumer, traduire, transcrire, présenter, imager, ordonner, classer.
Et les usages dans la presse, les services publics, les entreprises sont déjà là, sans qu’on ne les voie vraiment ! Un film récent a jugé nécessaire d’ajouter au générique une mention « pas d’usage de moteur d’IA », parce-qu’on ne sait plus si les visages, les voix, les corps, sans compter bien sûr les paysages d’un film apparemment réaliste, sont filmés ou calculés. Sans doute que la majorité des images diffusées dans les médias sont aujourd’hui issues d’IA.
Une anecdote. Une jeune apprentie en communication numérique me raconte qu’elle est utilisatrice quotidienne de chatgpt pour organiser ses activités et par exemple, décider de ce qu’elle va faire en manger le soir en lui disant ce qu’elle a dans son frigo. Comment savons-nous ce que des centaines de fonctionnaires font déjà avec ces outils ?
Je change complètement d’exemple mais toujours pour illustrer les enjeux pratiques du numérique. De nombreux anciens sont en difficulté avec leur téléphone et ses codes, à tel point que les opérateurs font payer un service pour pouvoir prendre la main sur le téléphone. Mais à quelle condition de protection de la personne ? Comment pouvons-nous prendre en compte cette question dans nos politiques de vieillissement ?
Le document proposé illustre les nombreuses actions menées regroupées en trois thèmes, sobriété, solidarité, liberté. Certaines sont déjà connus comme la maîtrise des durées d’usage des équipements, la mutualisation, d’autres restent de véritables défis comme la sobriété des données, à l’heure au contraire des immenses masses de données nécessaires aux IA. Il y a sans doute encore beaucoup à imaginer, mais nous savons bien que la question essentielle est celle de l’appropriation par les agents de ces enjeux et le fait que notre conseil donne toute sa légitimité à la stratégie proposée en est un étape nécessaire, entre autre pour permettre le renforcement des actions de formation et d’accompagnement à ce numérique resposnable.
Le numérique diffuse partout, à des échelles toujours plus larges. Nous devons nous donner une stratégie politique numérique qui permette à nos collectivités de ne pas être dépendante, ne pas être débordé par des usages non souhaités, discriminants, injustes, inefficaces pour le service public, ne pas laisser un entrisme technologique s’imposer contre notre ambition de maîtrise des impacts environnementaux, sociaux, sociétaux.
Ce sont évidemment des sujets qui demandent un travail partenarial avec toutes les collectivités du territoire comme de nos partenaires. Nous souhaitons que cette stratégie d’un numérique responsable devienne un bien commun de tout le conseil et de toutes nos collectivités.