Les témoignages vont tous dans le même sens, comme ce directeur d’un office local qui résume la situation « les annonces de baisse de loyer du gouvernement représenterait pour notre office une perte de recettes de 7 millions d’euros, ce qui représente la totalité de notre autofinancement, autrement dit, nous ne construirons plus rien, nous ne rénoverons plus rien… ».
L’union sociale de l’habitat est une ancienne et grande organisation plutôt consensuelle avec historiquement des offices présidés par la droite et dautres présidés par la gauche, des liens forts avec de grands organismes d’état, avec le marché de l’immobilier, promoteurs, constructeurs, fournisseurs, avec les acteurs de l’énergie ou des déchets, et les partenaires du système financier, car tout le logement social repose historiquement sur le livret A et les facilités de financement organisées par la caisse des dépôts. ..
Bref, c’est une organisation « sérieuse », et si elle a toujours fait passer des messages aux gouvernements, elle a toujours plutôt mis en valeur les politiques annoncées. J’ai le souvenir de François Hollande venant annoncer le doublement de l’aide à la pierre. .. promesse qui me faisait sourire, mais les organisateurs n’avaient pas mis en doute cet engagement [2]…
Cette année pourtant, le débat organisé avant l’allocution du ministre met franchement les questions sur la table. L’animateur interpelle les présidents des fédérations de baileurs sociaux avec les arguments même du gouvernement, ce qui leur permet de les démonter un par un. Non, les bailleurs ne vivent pas sur un tas d’or, non, les bailleurs ne pourront contribuer à un « choc de l’offre en zone tendue » sans une véritable aide à la pierre d’état…
Résultat, la salle est chauffée pour l’accueil du ministre qui monte sur scène sous les huées et peine à faire son discours interrompu à de multiples reprises par les slogans, notamment de la CNL ’HLM pour tous’, « pas touche à l’argent des locataires », ou encore l’excellent « Macron Robin des bois des riches »…
Le ministre reste stoïque, il en a vu d’autres dira-t-il, mais surtout déterminé à confirmer les annonces gouvernementales, tout en répétant qu’il est pour le dialogue. De toute façon l’essentiel sera fait avant 2018… Autant dire que le choc voulu par le président Macron sera brutal… contre les locataires et le logement social.
Depuis plus d’un siècle, l’argent public puis de plus en plus l’argent des salariés à travers le 1% logement [3], et malheureusement de plus en plus l’argent des locataires, puisque les bailleurs doivent générer des marges locatives pour financer eux-mêmes leurs investissements, donc argent public, du travail et des locataires a construit un patrimoine public de 5 millions de logements, patrimoine trop souvent vieilli, qui a besoin de rénovation, mais un patrimoine que les requins de la finance lorgnent de plus en plus directement. C’est sans doute la mesure la plus violente des annonces de Macron, imposer le départ des locataires dont les revenus ont augmenté ou qui se retrouvent en sous occupation, et pousser à la vente des logements. Faire partir des locataires, vendre des logements… voilà le fonds brutal du projet en marche.
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