Je représentais Michèle Picard à ce rassemblement et les organisateurs m’ont donné la parole, en rappellant le soutien permanent des élus communistes aux luttes des cheminots et de toutes les entreprises du secteur.
J’ai rappelé d’abord l’importance que les élus communistes attachent au développement du rail en général et du fret en particulier. Nous avons besoin d’une vraie rupture avec les politiques de mobilité actuelles et c’est vrai pour la 4e voie SNCF de Saint-Fons à Grenay qui passe à Vénissieux, bien sûr, le contournement fret de l’agglomération lyonnaise, du nord au sud dans le tracé le long de la TGV, avec le Lyon Turin dont le secrétaire général de la CGT des cheminots rappellera l’importance, la désaturation du noveau ferroviaire lyonnais, essentielle pour pouvoir enfin développer un véritable RER métropolitain.
Nous avons à Vénissieux des raisons complémentaires de défendre le fret ferroviaire, notamment dans ce quartier qu longe la voie ferrée et… les multiples activités logistiques qui exploitent d’abord la route et imposent des poids-lourds aux riverains. Mais aussi avec l’entreprise TOKAI qui veut réactiver la liaisons fret avec son site de La léchère en Savoie.. Ce sont des centaines de camions par an qui pourraient passer sur le rail…
Et nous sommes donc bien placés pour savoir que les gouvernements successifs ont menti sur le fret, affirmant le défendre, ou vouloir le « relancer », alors qu’ils ont tous depuis 20 ans organisé son délitement, dans le cadre plus général de la casse de l’entreprise intégrée qu’était la SNCF. Pourtant, tout le monde connait les qualités du fret du point de vue environnemental, autant pour la consommation d’espace que pour la décarbonation des transports, que du point de vue social et économique.
Laurent Brun, le Vénissian devenu dirigeant de la CGT nationale éclairera avec de nombreux chiffres la réalité de cette casse du rail menée depuis des années.
Mais bien sûr, tous les intervenants syndicaux me précédant ayant évoqué le soutien aux candidats du Front Populaire, je ne pouvais que parler de ces deux semaines qui restent avant le 30 juin, et… des mois qui suivront.
Car si la réaction au coup du président Macron qui a ouvert la porte au Rassemblement National, fait évènement à gauche avec l’accord du nouveau Front Populaire, ce n’est pas joué, et si à Vénissieux, nous sommes confiants dans la réélection du député sortant Idir Boumertit, nous savons qu’ailleurs c’est différent et que nationalement, le risque d’une majorité à droite toute existe.
C’est pourquoi j’ai dit que j’étais très heureux de cette mobilisation, car s’il faut se mobiliser pour battre le RN le 7 Juillet, il faudra aussi se mobiliser ensuite pour imposer les mesures proposées dans le programme du nouveau Front Populaire, et leur donner le contenu le plus fort possible. Les conquêtes sociales de 1936, elles sont autant dues à la victoire de la gauche et donc à l’union des forces politiques de gauche [1], qu’aux grèves ouvrières massives avec occupation d’usines dans toute la France.
Le Front Populaire en 1936, comme la gauche unie de 1981 se sont heurtés au « mur de l’argent » du pouvoir des banques et de la finance, et aussi à ce « capitalisme qui porte en lui la guerre comme la nuée l’orage », avec l’incapacité du Front populaire en 36 à mobiliser contre le fascisme.
C’est pourquoi j’ai appelé les syndicalistes à débattre des conditions de mobilisation dans les entreprises, de la capacité à organiser des grèves qui permettent à la fois de créer un rapport de forces en faveur des réformes sociales, et aussi de travailler à l’unité populaire.
Car notre peuple est profondément divisé, et les idées d’extrême-droite sont massivement présentes dans le monde du travail. Il ne faut pas considérer que c’est une question de « valeurs », que le racisme serait une question uniquement idéologique ou même culturelle. Ce que vivent des millions de travailleurs, c’est la mise en concurrence pour le logement, l’emploi, les revenus. D’ailleurs, si la néofasciste italienne Méloni a régularisé plus de travailleurs sans-papiers que Macron, elle a par contre été encore plus dure contre le droit du travail et les droits sociaux. En Italie, on peut travailler pour 4 ou 5€ de l’heure ! Ce gouvernement d’extrême-droite en Iralie, c’est le choix du patronat !
De fait, les idées d’extrême-droite progressent quand le chacun pour soi s’impose dans la concurrence de tous contre tous, dans cette guerre dans le peuple qui nous divise et empêche les victoires sociales. Pour faire reculer les idées d’extrême-droite, il faut démontrer la capacité de la solidarité et de l’unité à faire reculer la concurrence dans le peuple, malgré l’agressivité du capitalisme.
Donc, oui deux semaines décisives contre le RN au pouvoir, mais des mois de mobilisations et de luttes ensuite, quelque soit le résultat des élections.