Pas de droit à la mobilité sans la paix et le développement… Enregistrer au format PDF

Lundi 10 septembre 2018 — Dernier ajout mercredi 12 septembre 2018

La question des migrants a pris une place dominante dans les médias et la vie politique dès qu’on parle d’europe et du monde. Macron veut apparaitre comme un « progressiste » en europe avec Merkel, face aux « nationalistes et populistes » divers en Autriche, Italie, Pologne… Merkel progressiste ? On pourrait en rire quand on connait la réalité massive des travailleurs pauvres en Allemagne, et le traitement des réfugiés que l’Allemagne n’a pas décidé de garder ! Macron progressiste ? lui qui détruit les dernier droits sociaux et fait la chasse aux mineurs étrangers isolés dans toutes les grands agglomérations ! tout le monde comprend qu’il tente de retrouver la configuration politique qui lui a réussi en 2017… seul candidat « démocratique » face à l’extrême-droite.

Cela pourrait n’être qu’une tactique politique sans plus d’importance que la dégradation de la démocratie qu’elle révèle si les questions des migrants n’étaient pas des questions de vie ou de mort, de situations terribles pour des millions de personnes, de familles, d’enfants contraints par la misère ou la guerre à fuir leur pays sur des routes pavées de trafiquants, passeurs pourris, milices violentes…

Trop souvent, le débat médiatique et malheureusement aussi le débat citoyen animé par les associations d’aide aux migrants, se limite à la question de l’accueil, au droit des migrants, à la politique d’asile. Le résultat est que les peuples sont tiraillés entre les solidarités populaires traditionnelles, bien réelles, et le rejet d’une mondialisation que ces migrants symbolisent et qui met en concurrence les peuples entre eux et dans chaque pays, rejet bien réel lui aussi.

Car le premier drame des migrants ne se passe pas à nos portes, mais au loin, dans les pays où les grandes puissances s’affrontent pour le (re)partage permanent du monde et de ses ressources. C’est bien la guerre et la misère qui provoque l’exode, et on ne peut parler de « droit à la mobilité » de « droit à choisir son pays de résidence » dans une réalité où ce sont les armes et la faim qui font les décisions des familles !

Il y a 40 ans, il y avait une émigration chinoise qui était à la fois celle d’un pays pauvre et celle des conflits politiques, mais aujourd’hui, sur toute la planète, les chinois sont… des touristes ! C’est le vieux débat des droits formels et réels, comment parler de droit quand on n’a pas de quoi manger, quand on se cache pour éviter les balles, quand on est pleure ses proches morts sous une bombe dont on a réchappé ?

La question syrienne est illustrative de cette situation et malheureusement, quand on parle des migrants syriens ou afghans, on ne met que trop peu en avant la terrible responsabilité historique de la France [1] d’avoir alimenté la guerre pour des intérêts géostratégiques liées aux ressources énergétiques et au projet US de « nouveau moyen orient ». Car la crise des migrants syriens ne provient pas d’abord de l’histoire syrienne et d’un pouvoir nationaliste autoritaire, mais bien de l’instrumentalisation par les grandes puissances de l’OTAN des conflits internes de ce pays, en acceptant le pire, l’alliance de fait avec les groupes terroristes. Tout le monde le sait désormais, ce sont des groupes liés à Al-Quaïda qui domine les « rebelles » désormais regroupés à Idlib et ce sont eux que notre diplomatie veut « sauver » quitte à alimenter la guerre.

S’il y a une urgence pour les migrants de cette région, ce serait que la France rompe avec cette politique militariste, cesse de soutenir militairement les groupes rebelles liés aux terroristes, et fasse enfin le choix de la paix, et que la France accepte de parler avec la Russie, la Turquie et l’Iran pour une solution politique à Idilb, comme cela a été fait dans plusieurs régions de Syrie. L’urgence deviendrait alors un accord pour la reconstruction de la Syrie rendant possible le retour des réfugiés, ce qui suppose une garantie politique sur les conditions de retour, car tout le monde comprend bien le risque des règlements de compte, dans un contexte ou Daech et Al Quaïda feront tout pour empêcher la paix.

C’est uniquement sur cette base que nous pouvons, ici, sortir de la contradiction apparente entre la solidarité avec les migrants et le rejet de la mondialisation. Nous ne défendons pas les droits des migrants au nom de la mondialisation et des guerres, mais au contraire pour sortir de cette mondialisation de la concurrence et de la destruction des états et des services publics !

Nous ne défendons pas les migrants au nom d’un « droit à la mobilité » absolu et indépendant des conditions sociales et économiques, mais au nom de leur droit réel au retour, leur droit de « vivre et travailler au pays » dans la paix et le développement.

Nous affirmons leur droit parce-qu’ils ont fuit nos guerres, nos bombes, parce-qu’ils ont fuit la misère dont profite nos multinationales dans le pillage de leur ressources, et parce-qu’ils sont une force vive pour sortir leur pays de cette domination occidentale et qu’ils sont très nombreux à avoir toute leur place dans la reconstruction et le développement de leur pays. C’est d’autant plus vrai que les plus qualifiés et les plus en lien avec l’occident sont souvent partis les premiers, parce-qu’ils en avaient plus la possibilité.

Nous affirmons leur droit parceque nous refusons la concurrence des bas salaires dont le patronat profite avec les migrants. Nous réclamons non seulement un accueil digne, mais un accueil tourné vers la formation des migrants pour leur donner le droit réel à agir dans la vie économique, ici, chez eux ou ailleurs. Au passage, ce serait l’intérêt de la France de permettre aux migrants la capacité à développer une activité en Francais, devenir en quelque sorte un vecteur de la place de la France dans la mondialisation, une mondialisation qui ne serait pas celle de la « concurrence libre et non faussée », donc celle de la guerre, mais une mondialisation de la paix, de la coopération et du développement.

C’est pourquoi nous refusons le titre de « progressiste » ou de « démocrate » à Macron, Merkel et à tous ceux qui dénoncent les « populistes » au nom d’une union européenne qui serait vertueuse alors qu’elle est l’arme de la concurrence. Non, ils sont les dirigeants de vieilles puissances coloniales qui cherchent désespérément à freiner l’évolution vers un monde multipolaire de développement partagé, ils ne défendent que les intérêts d’oligarchies mondialisées qui n’utilisent les états que comme force répressive à la fois contre les couches populaires et contre les migrants.

Et c’est ainsi que nous comprenons le message de Maduro à ses compatriotes émigrés « Je dis aux Vénézuéliens (…) qui souhaitent échapper à l’esclavage économique : arrêtez de laver les toilettes à l’étranger et venez vivre dans votre patrie ».

La solidarité avec les migrants ne peut pas être l’accompagnement de l’exploitation capitaliste de la guerre et des bas salaires. Elle doit reposer sur l’affirmation de leur droit sociaux et nationaux !

[1avec les USA et l’Angleterre certes, mais cela ne limite en rien notre responsabilité

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