Pour l’instant, si nous voyons des masques un peu partout, y compris avec des pratiques commerciales parfois scandaleuses, nous ne voyons pas vraiment comment sont organisés les tests, la recherche des « contacts » et leur suivi, jusqu’à l’organisation si nécessaire de leur « quarantaine » [1].
C’est pourtant la clé de la maîtrise de l’épidémie, et si nous savions avec certitude que l’état et le système de santé a organisé les moyens nécessaires pour tester rapidement et autant de monde que nécessaire, alors nous serions collectivement beaucoup plus rassurés.
Depuis six semaines, nous avons accepté les contraintes du confinement, parceque c’était l’intérêt général, et nous avons donc « laissé faire » le gouvernement. Je crois qu’il faut être beaucoup plus exigeant sur les moyens de l’action publique pour gérer cette épidémie. Car nous ne pouvons pas accepter de vivre au rabais parceque nous avons peur de ne pas être protégé comme ce serait possible. Pendant ce temps, les plus riches, eux, se protègent. On sait que des personnalités se font tester sans signes qui justifieraient une ordonnance ! Un militant m’a fait remarquer
pendant ce temps, les Iles désertes ont vu leurs achats bondir de plus de 30%, les bunkers, les jets privés, l’accès VIP aux urgences, les yachts isolés, permettent d’échapper aux contraintes du confinement. De toutes manières, on nous explique que ces privilégiés de la fortune peuvent recourir aux masques de la marque suédoise Airinum, un masque anti pollution à cinq couches de filtres offrant un « toucher ultra doux et agréable pour la peau » vendu entre 69 et 99 dollars pièce. Bientôt les milliardaires dont le nombre au niveau mondial s’est sensiblement accru pour passer en 2019 à 2159 se feront fabriquer des masques Vuitton et Gucci.
Ce serait quand même un comble que ceux qui nous expliquent depuis des décennies qu’il faut fermer des lits et réduire les dépenses de santé, profitent de cette crise sanitaire pour renforcer les inégalités croissantes de cette société où tout leur est permis !
C’est pourquoi il faut combattre nos peurs et nous organiser pour exiger les moyens de sortir vraiment du déconfinement, d’accueillir nos enfants à l’école, de travailler en sécurité, et de battre réellement ce virus par la prévention et la qualité d’un système de santé de proximité.
Pour cela, il me parait utile de faire connaitre l’étude sur la mortalité réalisée par le site que j’avais utilisé pour un premier graphique comparant la mortalité par mois et par année. L’auteur de cette étude a fait un énorme travail à partir des données des décès publiés par l’INSEE, et nous permet de suivre la « surmortalité » pouvant être liée au coronavirus,y compris au niveau de chaque commune.
Le premier résultat est que la courbe de mortalité 2020 suit pour le moment les courbes des années précédentes, un peu plus élevé en mars.
Ses graphiques permettent de mieux cerner la « surmortalité », c’est à dire le nombre de décès « en plus » que la moyenne des décès des dernières années. Il publie les chiffres par jour et par commune. C’est très instructif pour comprendre deux choses essentielles :
- nous pouvons maîtriser le risque sanitaire, qui pour les enfants, est beaucoup plus faible que le risque d’accidents sur la route, ou avec les stupéfiants, les addictions…
- cette épidémie se combat dans la proximité, en détectant les porteurs pour les isoler et bloquer la propagation du virus pour éviter la constitution de « foyers » épidémiques, ceux nous avons tous entendu parler, le rassemblement évangélique en alsace au début, des entreprises plus récemment…
Mieux nous connaissons notre ennemi, mieux nous pouvons nous organiser !
L’age médian des décès par jour comparé sur les dernières années montre bien que ce sont les plus vieux qui sont touchés, avec un age médian autour de 80 ans depuis avril.
La carte des surmortalités par département comme la carte des communes de l’agglomération lyonnaise montrent que l’épidémie ne se diffuse pas du tout de manière homogène partout. Elle se développe par foyer local, ce que les médecins appellent un « cluster ». C’est toute l’importance de détecter au plus tôt un porteur et de tester au plus vite tous ces contacts .
Au passage, on note que Vénissieux a connu une très légère surmortalité en mars (1 décès de plus que la moyenne des dernières années) et aucune en avril… Cela ne nous rassure évidement pas de savoir qu’on s’en sort mieux que d’autres, car tout dépend bien sûr de la circulation du virus, mais cela confirme aussi que cette épidémie est toujours localisée et donc qu’on doit pouvoir adapter les moyens publics dans la proximité.
Enfin, on constate que le mois de mars n’a pas vu de surmortalité significative, alors que le mois d’avril connait un pic, qui est de l’ordre de grandeur de la canicule de 2003. Mais pour l’instant, cela ne fait pas une mortalité 2020 exceptionnelle.
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