Electricité photovoltaïque : halte à la bulle financière
La stratégie française doit être totalement revue
« Sauvons le Climat », 10 février 2011
La France s’oblige à payer 580 € par mégawatt heure (€/MWh) l’électricité solaire produite par de petites installations domestiques alors qu’elle n’est payée que 287 € en Allemagne (-50%) et 298 € en Espagne (-48%).
La France s’oblige à payer 276 € par mégawatt heure (€/MWh) l’électricité solaire produite par de grandes installations à terre de moins de 250 kW alors qu’elle n’est payée que 212 € en Allemagne (-23%) et 138 € (-50%) en Espagne.
Y a t-il de bonnes raisons, faisons nous les bons choix ?
Le coût actuel moyen de production de l’électricité en France est inférieur à 50 €/MWh tous moyens de production confondus (et moins de 35 € pour l’électricité nucléaire), bien inférieur à celui de l’Allemagne et de l’Espagne.
L’essentiel de nos centrales électriques, soit 89 % de notre production en 2010, ne fait pas appel aux combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz), et ne pèse pas sur le risque de réchauffement climatique car n’émettant pas de gaz carbonique. Allemagne et Espagne brûlent massivement du charbon pour produire leur électricité.
Les panneaux photovoltaïques sont presque totalement importés (d’Allemagne et de Chine en particulier, avec une fabrication fortement émettrice de CO2).
Le prix de l’électricité française était un atout pour notre compétitivité et pour l’économie domestique : il va s’envoler comme déjà constaté en Allemagne et en Espagne qui ont fait le choix de l’éolien et du solaire parce qu’ils s’étaient contraints à conserver pour longtemps leur charbon national comme combustible principal pour produire leur électricité. Il suffit d’analyser nos factures pour constater une augmentation de 15 % environ depuis mi 2009 alors que 3% supplémentaires sont annoncés et que la CSPE (contribution au service public de l’électricité) va s’envoler.
Le surcoût généré par l’achat de l’électricité photovoltaïque va peser sur les consommateurs domestiques alors que les bénéfices seront captés par les citoyens aisés, propriétaires de leurs villas, et par les financiers et investisseurs (il suffit de consulter les publicités scandaleuses des installateurs pour s’en convaincre).
La France privilégie les installations reliées au réseau, un foisonnement de très petites installations domestiques, quand la logique économique devrait favoriser de grandes installations dans des zones isolées et non agricoles du sud de la France. L’autoconsommation n’est pas encouragée alors que vertueuse.
Alors même qu’Espagne et Allemagne, pourtant bien moins généreux que nous, se lancent aujourd’hui dans une révision d’une politique de soutien au solaire qu’ils découvrent ruineuses [1], nous pouvons craindre que la France, après un gel de trois mois et un rapport imminent (rapport Charpin), s’enferme dans ses erreurs et se contente de mesurettes.
« Sauvons le Climat » estime que ce scandale financier et économique doit cesser. La nation devrait s’attacher à limiter au mieux le développement du photovoltaïque, avec une progressivité permettant de limiter la casse sociale (car la spéculation financière autour de cette manne a malheureusement entrainé un foisonnement d’entreprises fragiles depuis deux ans) :
réduire fortement au départ le prix d’achat de l’électricité photovoltaïque (de 40 à 50 %), en ne privilégiant que l’autoconsommation,
le rendre ensuite dégressif,
limiter les puissances installées annuellement aux 500 MW prévus.
ne pas privilégier inutilement de trop petites installations reliées au réseau, coûteuses en investissement et gestion.
Porter notre effort sur la recherche et le développement de technologies solaires compétitives.
Réorienter les priorités environnementales du pays vers l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables véritablement créatrices d’emplois utiles en France.
Ce sont des surcoûts se chiffrant à des milliards d’euros annuels [2] que nous risquons d’imposer aux générations futures, sans réel bénéfice environnemental et sans contribution à la compétitivité de notre économie.